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dimanche, 11 octobre 2020

La géoculture, empreinte des nations durables

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La géoculture, empreinte des nations durables

Article rédigé par Thomas Flichy de La Neuville et Olivier Hanne
 
Ex: http://www.libertepolitique.com

Confrontée aux secousses erratiques de la mondialisation, la France qui ne s'aime plus guère elle-même, est ébranlée. L’application mécanique des recettes produites par l’idéologie libérale et techniciste lui fait perdre pied. Pourtant le génie français a toujours su dans l’histoire conjuguer la perspicacité politique avec la finesse culturelle pour comprendre et maîtriser le monde. Pour retrouver cette intelligence, un livre nous aide à découvrir la « géoculture », et comment les civilisations durables s'appuient nécessairement sur une culture assumée.

Dans leur nouvel essai, Géoculture, plaidoyer pour des civilisations durables (Lavauzelle), les géopoliticiens Olivier Hanne et Thomas Flichy de La Neuville montrent qu’au rebours des approches superficielles, limitées au flux et au reflux passager de la puissance, notamment économique, l’approche géoculturelle sonde le principe vital des civilisations. Avec elle, nous pouvons ne pas nous condamner à des succès provisoires. En mesurant la capacité des nations à transmettre la vie sous toutes ses formes, l’analyse géoculturelle touche au coeur de l'âme des peuples et des civilisations.

Liberté politique est heureuse de publier les bonnes feuilles de cet essai, avec le texte de son introduction :

Au commencement était la culture 

TOUT EST ECONOMIQUE. Affirmé, images à l’appui, puis ébruité à l’infini au coeur des cascades de l’information, ce slogan, amplifié par son propre écho, a fini par prétendre incarner une réalité, tant il est vrai qu’il n’est pas nécessaire de démontrer pour convaincre.

À première vue, les institutions supranationales, les regroupements d’États, les sommets internationaux, les nominations gouvernementales, tout ce qui faisait le cœur de l’action politique est aujourd’hui devenu un simple appendice de la décision économique. Quoique le mot « décision » semble lui-même trop fort : les raisons des crises économiques nous échappant la plupart du temps, nous nous sommes convaincus qu’une bonne décision aujourd’hui (une dévaluation, une baisse des taux d’intérêts) peut être catastrophique demain.

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Dans ces circonstances, à quoi bon décider ? La croyance en la primauté de l’économique rejoint finalement l’affirmation de Staline, selon laquelle, « la technique décide de tout ». Ce qui était vrai pour le socialisme l’est encore plus dans le libéralisme mondialisé. Certes, l’humain n’est pas négligé, mais il se présente comme la variable d’ajustement en attendant la stabilisation du système économique qui deviendra social tôt ou tard… ou jamais. 

Le primat de l’économie, une illusion d’optique

9782856524282-xs.jpgEn réalité, ce primat de l’économie se révèle une illusion d’optique. Il est d’ailleurs contesté par les mouvements altermondialistes et écologiques, les chiffres de l’abstention électorale et le retour de la rhétorique patriotique. Partout, des appels à une autre « gouvernance » se font entendre. Un nouvel avenir est annoncé, celui du renversement des échanges de marchandises au profit des solidarités sociales. Mais, paradoxalement, la contestation altermondialiste ne remet pas fondamentalement en cause le primat de l’économie : la décroissance, l’inversion des profits et la taxation des bénéfices financiers ne servent qu’à promouvoir une nouvelle révolution matérielle mondiale. Bref, même chez ceux qui souhaitent abolir le capitalisme marchand, tout ne reste qu’économique. Or les données chiffrées ne nous offrent qu’une idée imparfaite des risques à venir. De plus, ces indicateurs complexes se manipulent aisément. La réduction du monde au simple jeu des forces économiques fait finalement obstacle à l’intelligence car elle passe deux dimensions essentielles sous silence : l’affirmation des cultures et la volonté de puissance.

Le monde artificiel fabriqué par l’appareil médiatique a relégué la culture à un objet de musée : les hommes sont présentés comme interchangeables. Notre système économique, sentant bien que les cultures représentent un obstacle à l’échange des biens finit par nier l’altérité. Il cautionne ainsi l’idée selon laquelle le développement de l’islamisme reposerait exclusivement sur une frustration économique, en oubliant les causes religieuses de ce renouveau. Or l’enracinement dans une culture est loin d’être une illusion. Tout culture fixe en effet les normes d’intégration dans le groupe. Sans culture, l’être humain est un individu, avec elle il gagne le statut de personne. Elle lui fournit ses repères, ses modes d’action et sa pérennité. Disons-le : sa durabilité :

La culture est ce qui permet l’orientation dans le monde. L’orientation n’est pas un simple repérage, car si le repérage nous permet de savoir où nous sommes, l’orientation nous aide à décider où nous devons aller. Le culturel porte sur tout ce pour quoi il y a une bonne façon de procéder. Avec la culture, on introduit donc la notion de valeur [1].
 
Le facteur éthique

La culture implique la morale. C’est elle qui donne la notion du bien, du beau, du juste et du vrai, même si ces notions ne recouvrent pas le même sens sous toutes les latitudes. Aussi simplifions à l’extrême : la culture définit l’humain.

Aujourd’hui, la négation du facteur culturel a déjà débouché sur des échecs spectaculaires pour l’Occident.

Ceci est vrai pour les armées, qui s’exercent à faire la guerre sur des scenarii virtuels, comme si l’on pouvait conduire des combats indépendamment des civilisations dans lesquels ils s’inscrivent. Cette manie du jeu de rôle dans les grands états-majors débouche mécaniquement sur des désastres sur les théâtres d’opérations : de l’Afghanistan à la Libye en passant par la Syrie et l’Irak. Or, pour la plupart des pays non-occidentaux, la culture a une importance capitale. Il n’est que de regarder le taux de perte parmi les interprètes américains en Irak : les insurgés ont ciblé les passeurs de cultures autant que les chefs de section. C’était le meilleur moyen pour eux de réduire à néant leur adversaire.

Ces mêmes réflexions s’appliquent aux entreprises internationales où triomphent les procédures standardisées de négociation, utilisées de la même manière que l’on soit au Vénézuéla ou en Iran. Si on y ajoute la mobilité des cadres, qui restent deux ou trois ans en poste et leur confinement géographique dans des centres d’affaires où ils ne sont nullement en contact avec le pays réel, il s’en suit une perte nette d’influence. Qu’on le veuille ou non, la culture est une réalité. Elle n’est rien de moins que la sève des civilisations. Or, ces civilisations ont pour vocation de perpétuer la vie. C’est pour cette raison que la négation du facteur culturel se présente comme le premier pas vers la barbarie.

L’impact de l’« estime de soi »

D’autre part, la fascination pour l’économie nous fait oublier la volonté de puissance. Par exemple l’appropriation massive des terres ou Landgrabbing est analysée exclusivement en termes de placements économiques. Or la plupart des États, à moins qu’ils soient trop faibles pour exercer la puissance ou parce qu’il y ont renoncé, ont des stratégies politiques. Celles-ci peuvent être examinées au prisme de l’histoire. La stratégie chinoise actuelle fait étrangement penser à celle adoptée par la dynastie Tang dans les premiers siècles de notre ère lorsque la Chine centrale lança une formidable poussée vers la Caspienne et le Golfe persique.

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L’exercice de la puissance repose sur des critères objectifs qui ne sont nullement caducs. On peut en déterminer trois. En premier lieu, l’estime collective de soi, ou la force des valeurs culturelles et religieuses qui propulsent les collectivités émotives vers le martyre ou le djihâd. En second lieu, le dynamisme en matière d’innovation et de travail : la recherche et la créativité des minorités actives se présentent comme le fer de lance du développement économique. En troisième lieu, le dynamisme démographique prolongé sur des générations entières. Les Français actuels descendent génétiquement de 25 % des Français de 1789. Là encore, seule une minorité a la capacité de se projeter dans l’avenir par une démographie responsable, c'est-à-dire riche d’enfants. L’addition de l’estime de soi, des capacités d’innovation et de se projeter dans l’avenir a longtemps été le privilège de l’Europe. Mais les temps ont changé.

Les puissances durables sont d’abord culturelles

Chacune à leur manière, l’anthropologie et la géopolitique ont tenté de combattre une vision du monde réduite au choc des intérêts financiers. Toutefois, ces vues alternatives n’ont pas réussi à se conjuguer l’une à l’autre tout en intégrant le facteur économique afin de restaurer une véritable intelligence du monde auprès d’élites désorientées. La thèse que nous développerons dans cet ouvrage est la suivante : les civilisations durables s'appuient nécessairement sur une culture assumée. Il convient d’opposer aux nations géoculturelles qui puisent leur puissance et leur rayonnement dans leur identité profonde, des constructions techno-abstraites qui tâchent de compenser l’artificialité de leurs origines par le recours à la violence et à l’oubli. Les premières sont capables d’influence dans la longue durée et même au-delà de leur mort politique comme ce fut le cas pour l’empire romain.

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Même submergées par les invasions, les nations géoculturelles sont capables d’influence durable. Ainsi la Perse put irriguer le monde musulman pendant des siècles malgré son impuissance manifeste. Forte de sa démographie et de la préservation de ses élites, l’Inde contemporaine s’inscrit dans ce cadre. Elle s’oppose à ce titre aux constructions abstraites des clercs et des théoriciens, telles que les empires de Charles Quint, de Napoléon Ier, ou des Etats-Unis contemporains, dans lesquels l’absence d’unité culturelle se révèle le premier facteur de fragilité, et ce au-delà des tentatives factices d’homogénéisation.

9782940632367-200x303-1.jpgOr ce qui est vrai pour les empires ne l’est pas moins pour les entreprises, dont la durée de vie et la santé financière sont menacées par leur croyance au mythe techniciste. Ainsi en est-il au dernier stade pour les familles qui se perpétuent dans la longue durée lorsqu’elles adhèrent à des valeurs spirituelles forçant leurs membres à se dépasser ou à l’inverse s’atomisent en une multitude d’individus rivaux, attirés, tels des lucioles, vers le profit qui les calcinera. Les nations durables s’enracinent par conséquent dans des cultures qui peuvent être d’une variété inouïe, mais qui pour perpétuer la vie, doivent pouvoir se renouveler sans pour autant se renier.

La culture comme transmission de la vie

La stratégie géoculturelle consiste à puiser ses forces, y compris économiques, au sein de sa culture millénaire. La géoculture se révèle, par là-même plus qu’une nouvelle approche géopolitique ou historique, elle se présente comme la reconquête intellectuelle du vieux concept de civilisation, débarrassé de ses scories dominatrices, car seule la culture perdure lorsque les crises financières balaient les puissances économiques. Cette approche du monde dévoile des paradigmes que les économistes ne peuvent plus voir au travers des bilans chiffrés.

Avec ce prisme, les hiérarchies se recomposent, tant il est vrai que scruter les empires à l’aune de leur empreinte géoculturelle, c’est contempler l’âme du monde. Enfin, notre analyse veut contourner le matérialisme de Marx, figé dans son mécanisme brut[2], mais aussi le capitalisme mondialisé en bout de course, pour voir de nouvelles hiérarchies, plus discrètes, mais plus identitaires et donc pérennes. Fondement de la civilisation durable, l’approche géoculturelle fixe aux nations un objectif qui dépasse la domination économique, l’influence culturelle ou la puissance politique : il s’agit tout simplement de la transmission de la vie.

geoculture.jpgOlivier Hanne, Thomas Flichy de la Neuville

Géoculture, plaidoyer pour des civilisations durables
Lavauzelle, février 2015
116 pages, 17 €

_______________________________

[1] R. Brague, Modérément moderne, Flammarion, p. 201. En son temps, Abram Kardiner ne disait pas autre chose, The Individual and his Society, Columbia Univ. Press, 1939.
[2] « L’histoire n’est pas autre chose que la succession des différentes générations dont chacune exploite les matériaux, les capitaux, les forces productives qui lui sont transmises par toutes les générations précédentes », K. Marx, F. Engels, L’idéologie allemande, 1845. L’histoire ne serait donc que cela ?

 

Aux éditions Bios, le nouveau livre de Thomas Flichy de la Neuville:

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Pour toute commande: https://editionsbios.fr/

Une émission de Thomas Flichy de la Neuville

sur RT:

 

 

Hendrik de Man, The Right, & Ethical Socialism

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Hendrik de Man, The Right, & Ethical Socialism

“Socialism” is intrinsic to the “Right.” When journalists and academics refer in one breath to “liberalism, neoliberalism, and the Right-wing,” that attests to their ignorance, not to the accuracy of any such bastardization. Even at its most basic level of understanding, it seems to have been forgotten that in Britain there were Tories and Whigs in opposition. Now, Toryism has become so detached from its origins that there is indeed no distinction between British Conservativism, in the parliamentary sense at least, and Whig-liberalism. The same can be said for much of what is called often called “Right” across the world, but especially in the Anglophone states whose philosophy has been dominated by utilitarianism.

henrikdeman-233x300.jpgThe “Right” has a rich but obscured legacy that revolts against capitalism. The “Right” is restorative, and arises when a culture-organism begins to decay. The works of Thomas Carlyle, an essay, Chartism (1840), and the book Past & Present (1843) could be the ideological basis of a true British Right, in which Carlyle condemns free trade from a conservative position. In these, he considered the supposed panacea of universal franchise and decried the debased state of the Aristocracy, which should be replaced with an “aristocracy of merit.” Carlyle stated that free trade would be a harbinger of “social revolution.” (When Karl Marx later said the same, he meant it, contrary to Carlyle, in a positive sense.) Carlyle condemned “Mammon,” materialism, and the “money nexus” of the bourgeoisie, and stated that the problems of the British were fundamentally spiritual and moral, from whence a repudiation of the money-ethos that dominated Britain should proceed. Carlyle did not write in the same stream as the British utilitarian philosophers from whom liberalism arose. He wrote in a more Occidental sense in repudiating the trade and commercial mentality that had long pervaded British thinking, politics, and foreign policy; bourgeois and Whig, as Spengler and Werner Sombart pointed out. Yockey classified Carlyle among the few British philosophers writing from an “organic” perspective of history.

Marx, so far from repudiating that mentality, was intellectually in thrall to it, as Sombart and Spengler explained, and this identity of Marxism with British utilitarian and materialist philosophy resulted in a crisis of the Left during the close of the 19th century when socialist thinkers realized the inadequacy of Marx in truly rejecting capitalism and the bourgeois spirit.

Carlyle set the tone of his condemnation of capitalist Britain with the opening paragraph of Past & Present in a far more eloquent sense than that of Marx; although the Whigs masquerading as “conservatives” then and now regard such words as rabid socialism:

The condition of England, on which many pamphlets are now in the course of publication, and many thoughts unpublished are going on in every reflective head, is justly regarded as one of the most ominous, and withal one of the strangest, ever seen in this world. England is full of wealth, of multifarious produce, supply for human want in every kind; yet England is dying of inanition. With unabated bounty the land of England blooms and grows; waving with yellow harvests; thick-studded with workshops, industrial implements, with fifteen millions of workers, understood to be the strongest, the cunningest and the willingest our Earth ever had; these men are here; the work they have done, the fruit they have realized is here, abundant, exuberant on every hand of us: and behold, some baleful fiat as of Enchantment has gone forth, saying, “Touch it not, ye workers, ye master-workers, ye master-idlers; none of you can touch it, no man of you shall be the better for it; this is enchanted fruit!” On the poor workers such fiat falls first, in its rudest shape; but on the rich masterworkers too it falls; neither can the rich master-idlers, nor any richest or highest man escape, but all are like to be brought low with it, and made “poor” enough, in the money-sense or a far fataller one. [1] [1]

P1030768.jpgPreviously, in his essay Chartism, Carlyle had appealed not to class war but to class unity among fellow Britons, high-born and low, pointing out that the ruling classes did not even realize there was a problem to be solved, much to their own danger:

How an Aristocracy, in these present times and circumstances, could, if never so well disposed, set about governing the Under Class? What they should do; endeavor or attempt to do? That is even the question of questions: — the question which they have to solve; which it is our utmost function at present to tell them, lies there for solving, and must and will be solved.

Insoluble we cannot fancy it. One select class Society has furnished with wealth, intelligence, leisure, means outward and inward for governing; another huge class, furnished by Society with none of those things, declares that it must be governed: Negative stands fronting Positive; if Negative and Positive cannot unite, — it will be worse for both! Let the faculty and earnest constant effort of England combine round this matter; let it once be recognized as a vital matter. Innumerable things our Upper Classes and Lawgivers might ‘do;’ but the preliminary of all things, we must repeat, is to know that a thing must need be done.

Alas, in regard to so very many things. Laissez-faire ought partly to endeavor to cease! But in regard to poor Sanspotatoe [Irish] peasants, Trades-Union craftsmen. Chartist cotton-spinners, the time has come when it must either cease or a worse thing straightway begin, — a thing of tinder-boxes, vitriol-bottles, second-hand pistols, a visibly insupportable thing in the eyes of all. [2] [2]

In the early 20th century, Anthony Ludovici and others attempted to return the Tory Party to its origins, and his works, like those of Carlyle, remain as timeless foundations on which the Anglophone Right can return to its actual premises. The U.S. Right has its foundation in Federalism, the Hamiltonian concept of North American as a people-nation-state — as Yockey recognized — but often insists on looking to its opposite, the Jeffersonian-style Jacobinism that was enthralled by the French Revolution and would have thwarted the American states from ever becoming a nation.

Occidental Synthesis

The German economist Friedrich List, in contrast to the British philosophers, was condemning free trade from a conservative position at around the same time as Carlyle. He espoused autarchy, which he called the “national system.” This was anathema to Marx, who saw such ideologies as antithetical to the dialectical march toward communism.

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List critiqued free trade precisely on the grounds that Marx praised it; for its materialism, class divisiveness, and national dissolution. List wrote in his magnum opus:

The system of the school suffers, as we have already shown in the preceding chapters, from three main defects: firstly, from boundless cosmopolitanism, which neither recognizes the principle of nationality, nor takes into consideration the satisfaction of its interests; secondly, from a dead materialism, which everywhere regards chiefly the mere exchangeable value of things without taking into consideration the mental and political, the present and the future interests, and the productive powers of the nation; thirdly, from a disorganizing particularism and individualism, which, ignoring the nature and character of social labor and the operation of the union of powers in their higher consequences, considers private industry only as it would develop itself under a state of free interchange with society (i.e. with the whole human race) were that race not divided into separate national societies.

Between each individual and entire humanity, however, stands THE NATION, with its special language and literature, with its peculiar origin and history, with its special manners and customs, laws and institutions, with the claims of all these for existence, independence, perfection, and continuance for the future, and with its separate territory; a society which, united by a thousand ties of mind and of interests, combines itself into one independent whole, which recognizes the law of right for and within itself, and in its united character is still opposed to other societies of a similar kind in their national liberty, and consequently can only under the existing conditions of the world maintain self-existence and independence by its own power and resources. As the individual chiefly obtains by means of the nation and in the national mental culture, power of production, security, and prosperity, so is the civilization of the human race only conceivable and possible by means of the civilization and development of the individual nations. [3] [4]

This is the actual legacy of the Right. Not Locke, Mill, Spencer, Hobbes, van Mises, Hayek, or Rand.

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But such was the paradigm shift in politics during the Cold War, with disaffected Marxists entering en masse the ranks of the Cold Warriors against the USSR, that by the time the eminent American scholar Christopher Lasch had rejected neo-Marxism he could not find “genuine conservativism” in the USA. He could only find advocates of free trade, which he considered as destructive to tradition and the organic community as the Left. [4] [5]

What Lasch perceived in the early 1970s Oswald Spengler had seen in the aftermath of World War I: that the “scientific socialism” of Marx et al did not transcend capitalism, but reflected it, because both arose within the same Zeitgeist of British materialism and industrialism. [5] [6] As Lasch saw decades later, capitalism shares with the Left a common outlook against the traditional social order, which is the organic community. Carlyle had perceived this in 1840. After World War I, Spengler spoke of “Prussian Socialism,” and Otto Strasser of “German Socialism,” based on pre-capitalist German — and wider European — ethos. To Strasser, “socialism” is synonymous with “conservativism” because it harkens back to the pre-capitalist organic community. Marxism is within the same historical stream as liberalism, Marxism being “a doctrine whose liberal factors necessarily unfit it for the upbuilding of the socialist (i.e. conservative) future, and one whose program cannot but involve it in the decline of liberalism.” As Spengler had stated, Strasser reiterated that “this was simply due to the fact that the longing for socialism began to find expression at a time when the ego idea, liberalism, that is to say, was in the ascendant.” [6] [7]

The fundamental premise of the Right is the dichotomy described by German sociology, of Gemeinschaft versus Gesellschaft; the traditional organic community, or the “modern” doctrine of society as a contract between individuals for their material benefit. Sombart came to regard Marxism as rooted in the latter along with liberalism, as its only goal is to unite individuals for selfish material gain in the name of the proletariat, as liberalism does in the name of the bourgeoisie, which he regarded as the abysmal gulf between British bourgeois philosophy (including Marx) and that of the German (including Carlyle), which he delineated as a difference between the heroic spirit and the commercial or trader’s spirit. [7] [8]

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May 1940, de Man with Queen Elizabeth.

Corradini, head of the Italian Nationalist Association, stated at its first congress in 1910, nine years prior to the founding of Mussolini’s fascio, that Italy is a “proletarian nation,” and that “socialism” so far from serving the interests of the “proletarian nations” creates with its internationalism and class struggle a civil war within the social organism. [8] [9] Nine years later, at the Nationalist convention in Rome, Corradini described syndicalism as the means by which the organic social community (Gemeinschaft) can be established; creating “real collaboration, organic, unifying, and complete.” [9] [10]

When a synthesis began to arise from the late 19th century between the elements of the Right and Left, this was a process of the Left turning Right, while elements of the Right were returning to their actual — pre-capitalist — origins. The synthesis became the major “third force” in the world competing against communism and capitalism, and drawing many of the Left’s best thinkers who had already been realizing the limitations of “scientific socialism.”

Even if we consider the terms Left and Right at their most basic level — the seating arrangements of the French Assembly — it might seem odd today, when ideological terms have become obfuscated and origins forgotten, that those on the Right represented the maintenance of tradition, representing the monarchical and Catholic regime that retained a few vestiges of the traditional epoch; those on the Left stood for a bourgeois new order of laissez-faire trade. This bourgeois revolution is a primary part of the Left’s legacy, being considered as a necessary element of the dialectical process of what Marx called the “wheel of history.” [10] [11] It should be kept in mind that Marx, according to this dialectical outlook, stated that socialism could not proceed until capitalism and the bourgeoisie had replaced the vestiges of the traditional order, causing the ruination of peasants, artisans, burghers, and aristocrats. These ideas are expressed most clearly in The Communist Manifesto.

Advocacy of a return to the pre-capitalist order was vehemently denounced by Marx as “reactionism.” [11] [12] To the Rightist this is not regressive, but restorative, as the Right states that there are fundamentals that are timeless, and one might say emanating from an axis; while the “progress” of liberalism and “scientific socialism” is destructive fallacy. [12] [13] Hence, the Right is literally a conservative revolution insofar as “revolution” implies a return to origins. It also means that the liberal-capitalist order requires a complete overturn to restore those origins.

Role of the Bourgeoisie

The French Revolution of 1789 was pivotal and its impact has only increased over the world. From the French Revolution arose both liberal capitalism and the Left. The Revolution abolished the vestiges of the Medieval guilds in France under the Chapelier Law of 1791. These forefathers of “scientific socialism” enacted the free market, standards of production markedly declined, and there was widespread dissatisfaction with such “liberty.” Such was the concern at this destruction of the guilds that the National Assembly in 1795 reiterated they would not be revived, and the prohibition became Article 355 of the Constitution, which meant that a constitutional amendment would be required to reverse the law. In Revolutionary France, the guild era was recalled as one of happiness and plenty. No longer with stability, fraternity (despite the ironic slogan of the Revolution: “Liberty, Equality, Fraternity”), and a higher purpose that the guilds had offered, worker unrest was widespread. The supposed peoples’ representatives expressed concern at mounting worker “insubordination.” There was prolonged debate on the reconstitution of the guilds under Napoleon Bonaparte, but ultimately the laissez-faire radicals won. [13] [14] What replaced the organic community, however debased it had become by that time, was “civil society,” and the “social contract” between individuals, or what the Declaration on the Rights of Man & of the Citizen referred to as the “general will,” enforceable in the name of freedom by death. Joseph de Maistre criticized the Enlightenment notion that a nation could be built on such legalistic artifices that fail to reflect the spirit of a nationality. Of written constitutions as nation-building instruments, he wrote:

There never has existed a free nation which had not, in its natural constitution, germs of liberty as old as itself; and no nation has ever successfully attempted to develop, by its fundamental written laws, other rights than those which existed in its natural constitution. . . . No assembly of men can give existence to a nation. An attempt of this kind ought even to be ranked among the most memorable acts of folly exceeding in folly what all the Bedlams of the world might produce most absurd and extravagant. [14] [15]

Again, with de Maistre, the contrast is between the society that is organic and that which is contractual. Today, “civil society” is regarded as the desirable norm for the entire world.

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Crisis of the Left

There were Leftists who regarded the Marxist and other such forms of socialism as inadequate and historical analyses based on nothing more than economic relations as insufficient. Leftist thinkers, Sombart being notable among these, began to see “scientific socialism” — as Marx called it — as an appropriation of the bourgeois capitalist spirit for the proletariat rather than as a transcendence. World War I was the catalyst for the eruption of a discontent that had been growing within the Left. The war had proved that the patria readily transcended class conflict; that as Corradini had stated, the national struggle supplants sectionalism whether of the liberal-bourgeois or “socialist” varieties.

Professor Alfredo Rocco, Italian Minister of Justice (1925-1932), the primary architect of the future corporatist state, began politically as a socialist before joining Corradini’s Nationalist Association. He saw the strengthening of the proletariat as necessary for social cohesion. In his 1920 address to the University of Padua, inaugurating the academic year, he referred to history as one of organic social cycles of birth and decay. Within this, he develops the concept of “unceasing struggle” within every “social body” “between the principle of organization represented by the state and the principle of disintegration, represented by individuals and groups, which tend to disrupt it and lead to its decline and fall.” While the concept is Spenglerian, Rocco was drawing on the Italian philosopher Giovanni Battista Vico, who preempted Spengler by about 180 years — and here we have in Vico another forgotten philosopher of the Right.

211400.jpgRocco traced the disintegrative impact of liberalism and the role of the bourgeoisie in undermining the social organism — “an amorphous and disorganized mass” in an “individualistic reaction.” The doctrine was provided by the Salon intelligentsia espousing an imaginary “natural law” and by the Encyclopaedists, “and it came to a head politically in the explosion of the French Revolution.” Faced with the reality of governing and of foreign wars, the French revolutionary regime soon had to reimpose the authority of the state, culminating in the genius of Napoleon. Following this epoch there arose again bourgeois liberalism with its atomistic “liberty.” Rocco cogently defines the liberal regime in describing the situation that arose from the tumults of the 19th century:

[ind]From that time onwards, the claims of individualism knew no bounds. The masses of individuals wanted to govern the state and govern it in accordance with their own individual interests. The state, a living organism with a continuous existence over the centuries that extends beyond successive generations and as such the guardian of the imminent historical interests of the species, was turned into a monopoly to serve the individual interests of each separate generation. [15] [16]

To restore the social organism against the atomization of liberalism, Rocco urged the integration of the syndicates, or corporations as they were known in Italy since Classical Rome, as integral organs of the social body. Rocco pointed out that liberalism in the name of individual liberty had “destroyed those ancient and venerable organizations, the guilds and corporations of arts and crafts,” which were decreed as abolished on the night of August 4th, 1789 by the French National Assembly, and in the subsequent law of August 14th — 17th 1791. In Italy, the ban was soon lifted, but the corporations did not regain their standing. “Yet professional organization or syndicalism, as it is normally known, or corporatism, to use the more traditional Italian word, is a natural and irrepressible phenomenon to be found in every age. It existed in Greece as well as in Rome, and in the Middle Ages as in modern times.” The disjunction and indeed animosity that had emerged between artisan and owner under modern capitalism could be reconciled within corporatism.

Many Leftists, just as much within the victor states as the defeated, saw the war as a “defeat of socialism.” Lanzillo, a syndicalist on the staff of Mussolini’s socialist newspaper Popolo d’Italia from 1914, wrote in his book The Defeat of Socialism that contrary to socialist expectations, the proletariat of every nation eagerly fought for their national, not international, class interests. “Socialism based its arguments on the dialectical opposition of interests within individual countries, and war showed the possibility of reconciling those interests in the will to defend by force of arms a common heritage and common ideals.” [16] [17] This echoes Sombart’s 1915 work; although Sombart insisted that the “spirit” was uniquely “German,” after the war, it became universal among those who yearned for something more than a return to the decaying pre-war order.

Hendrik de Man and Socialism 

Hendrik de Man, leader of the Belgian Workers Party, went so far as to initially cooperate with the German occupation during World War II, seeing it as a blow at the bourgeois spirit of the prior century. Despite this, de Man is still regarded as an important theorist of socialism. His “neosocialism,” also known as “planism,” [17] [19] is a significant ideological development among the Francophone Left. De Man was among the leading Socialists of Europe, having worked with Rosa Luxemburg [20], Karl Liebnecht, Karl Kautsky, and Leon Trotsky [21]. After service in World War I he visited the Soviet Union, lived in Washington, and worked as a professor of economics at the University of Frankfurt.

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Marxism, de Man stated, reduces man “to the level of a mere object among the objects of his environment, and these external historical ‘relationships’ are held to determine his volitions and to decide his objectives.” Like many socialists who rejected Marx, World War I was a seminal event for de Man. He wrote in The Psychology of Marxian Socialism:

The war, in which I participated as a Belgian volunteer, shook my Marxist faith to its foundations. It is war-time experience which entitles me to say that my book has been written with blood, though I cannot myself be certain that I have been able to transform that blood into spirit. The conflict of motives whose upshot was that I, an ardent antimilitarist and internationalist, felt it my duty to take up arms against Germany; my disillusionment at the collapse of the International; the daily demonstration of the instinctive nature of mass impulses thanks to which even socialist members of the working class had their minds poisoned with the virus of nationalist hatred; my growing estrangement from most of my sometime Marxist associates, who went over to the bolshevik camp — thanks to all these influences conjoined, I was racked with doubts and scruples whose echoes will be heard in this book. [18] [22]

After the First World War, he withdrew from politics for several years to reflect on his thoughts and life. He conceded that what was required was not merely to “revise” or “adapt” Marxism, but to liquidate it. [19] [23]

In France, Socialist Party leader Marcel Déat, whose “neosocialism” was significantly influenced by de Man, anarcho-syndicalist Georges Valois, and Communist Party eminence Jacques Doriot came to such conclusions. The “British Fascism” of Sir Oswald Mosley had its programmatic origins in his days as a Labour Minister, and the fundamentals remained. Of this post-war situation for socialists, de Man stated:

It is not surprising that socialism is in the throes of a spiritual crisis. The world war has led to so many social and political transformations that all parties and all ideological movements have had to undergo modification in one direction or another, in order to adapt themselves to the new situation. Such changes cannot be effected without internal frictions; they are always attended by growing pains; they denote a doctrinal crisis. [20] [24]

cms_visual_1073992.jpg_1535106009000_293x450.jpgMarxism remained “rooted in the philosophical theories that were dominant during the middle decades of the nineteenth century, theories which may provisionally be summarised in the catchwords determinism, causal mechanism, historicism, rationalism, and economic hedonism.” [21] [25] So far from the bourgeoisie being increasingly proletarianized due to the crisis of capitalism, as Marx had predicted in The Communist Manifesto, de Man saw that “the working class is tending to accept bourgeois standards and to adopt a bourgeois culture.” [22] [26] “In the last analysis, the reason why the bourgeoisie is the upper class to-day, is that everyone would like to be a bourgeois.” [23] [27] Today more than ever it is apparent that the historical dialectic has not unfolded in the manner Marx predicted. The “cult of the masses” was an invention of bourgeois intellectuals including Marx, who were remote from the masses; [24] [28] a “relapse into the naivety of the outworn primitive democratic adoration of the crowd.” [25] [29]

In comparing the pre-capitalist guild era of the Medieval epoch with the capitalist era of production, de Man pointed out that

The essence of the charge brought by Marxism against capitalism is that the capitalist method of production has divorced the producers from the means of production. In actual fact, capitalism has done something much more serious; it has divorced the producer from production, the worker from the work. In this way, it has engendered a distaste for work which is often increased rather than diminished by an improvement in the material circumstances of life, and cannot be cured by any mere change in property relationships.

Especially conspicuous is the contrast between the industrial worker of to-day and the Medieval artisan as a guildsman. The handicraftsman of the Middle Ages might or might not be the owner of his house, his workshop, or his booth; his position might be a good one, financially speaking, or the reverse. But at least he was master of his own work. . .

The craftsman of the Middle Ages took delight in his work; he lived in his work; for him, his work was a means of self-expression. [26] [30]

De Man dealt directly with the workers, and often through his own lack of understanding was taught many lessons on the workers’ ethos that would be regarded as “reactionism” (as Marx puts it in The Communist Manifesto) by those on the Left too imbued with the bourgeois outlook to understand. At one such point, de Man alludes to the personal attachment tradesmen have to their own old toolboxes, an ethos that goes beyond the comprehension of Marxist doctrine (and an attitude that one can still observe among tradesmen and apprentices). [27] [31] He stated that Marxist theories about working-class solidarity lacked an ethos, and were mechanistic. They sought to build something merely on the basis of modes of production. This is the “economic man,” the “hedonist” and “egoist.” [28] [32] It is the same spirit of the merchant referred to by Sombart. The desire for solidarity was born not from this bourgeois outlook, but from the instinct that had existed during the Medieval era; of Christian ethos; that of “craft fraternity” defended by the guilds. [29] [33] Socialism, said de Man, should aim to revive a social ethos that was instinctive [organic], not mechanistic. [30] [34] He alluded to two postulants that serve as an ethical basis for this “new socialism”: “1. Vital values are higher than material values; and of vital values, spiritual values are the highest. 2. The motives of community sentiment are higher than the motives of personal power and personal acquisition.” [31] [35] Again, Sombart had said the same in his wartime appeal.

51zxhJ8I5JL._SX324_BO1,204,203,200_.jpgAn additional factor in the fallacy of Marxism was that especially since the First World War the proletariat had become more national and less international. [32] [36] Machinery and modes of production might indeed be international and what is today called globalization shows that capital is an internationalizing tendency, as Marx approvingly predicted. But people are more than their modes of production. [33] [37]

De Man saw the socialist movement as intrinsically national and the proletariat as more than a globule of putty to be molded for the purposes of production, whether by liberalism or Marxism:

The French revolution, which was the supreme struggle on the continent of Europe for the realization of the political demands of the bourgeoisie, was (so thought the revolutionists) to culminate in a universal rising of the peoples against the despots, and to make the Declaration of the Rights of Man the constitution of the whole human race. The Goddess of Reason, in whose honor the revolution set up its altars, was to become the deity of all mankind. [34] [38]

National sentiment is an integral part of the emotional content of the socialism of each country. It grows in strength in proportion as the lot of the working masses of any country is more closely connected with the lot of that country itself; in proportion too as the masses have won for themselves a larger place in the community of national civilization. At bottom, this partial absorption of socialist sentiment by national sentiment need not surprise us. We have merely to recognize that it is the return of a sentiment to its source. [Emphasis added]. Socialism itself is the product of the interaction between a given moral sentiment and a given social environment. It is not only the social environment which has a national character. The other factor, likewise, the moral sentiment, has primarily, in different peoples, a peculiar tinge, derived from a peculiar national past. [35] [39]

Hence, de Man recognized that socialism and tradition (that is “the Right”) are, so far from being antithetical, intrinsic each to the other.

Hendrik de Man was condemned as a “collaborator” after World War II and settled in exile in Switzerland. Like others condemned “traitors” and “collaborators,” he had remained in his country during the occupation to try and make something positive from the situation. When the German military occupied Belgium in June 1940, de Man issued a manifesto to the Belgian Workers Party stating that “For the working classes and for socialism, this collapse of a decrepit world, far from being a disaster, is a deliverance.” He had been Minister of Public Works (1934-1935) and of Finance (1936-1938). The failure to see his “Plan” implemented is reminiscent of a similar situation faced by Sir Oswald Mosley with his “Mosley Memorandum” to the Labour Government on the unemployment problem. Like Mosley, he saw that plutocracy could only be defeated by strong government action.

o4yw5i7LVt2nWwPOCyhdQLECBbk.jpgWhile other Belgian politicians fled the country and formed a government-in-exile, de Man served as de facto Prime Minister for over a year. In 1941, he co-founded with other trade union leaders the Union des Travailleurs Manuels et Intellectuels, which was intended as the basis of a corporatist state above party politics. However, German occupation prevented this from becoming a truly effective organization.

De Man soon fell out with the occupation authorities. Although remaining the primary adviser to King Leopold III and the Queen Mother, he left Belgium in 1941 after talks with the Reich failed to reach a satisfactory conclusion for Belgian sovereignty and he was banned by the occupation authorities from public speaking. He first lived in France, then Switzerland until his death in 1953.

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Notes

[1] [43] Thomas Carlyle, Past & Present (1843), Book I: “Proem,” Chapter I: “Midas.”

[2] [44] Thomas Carlyle, Chartism (1840), Chapter VII: “Not Laissez-Faire.”

[3] [45] Friedrich List, The National System of Political Economy (1841), Chapter XV: “Nationality and the Economy of the Nation.”

[4] [46] Christopher Lasch, “What’s Wrong with the Right? [47]Tikkun, No. 1, 1987.

[5] [48] Spengler in The Decline of the West, The Hour of Decision, and Prussianism and Socialism. See for the latter Spengler: Prussianism Socialism and Other Essays (London: Black House Publishing, 2018).

[6] [49] Otto Strasser, Germany Tomorrow (London: Jonathan Cape, 1940), Part III: “The Structure of German Socialism” (4) Marxism, 126.

[7] [50] Werner Sombart, Händler und Helden (Merchants and Heroes, 1915). It seems likely that Spengler was influenced by this book, and Yockey, whether directly or via Spengler. But not all Germans have the “heroic spirit,” and not all British that of the “trader.” In this dichotomy, Marx reflected the “British,” Carlyle the “German”; insofar as each state represented a rival Zeitgeist which conflicted in two world wars. It seems reasonable to conclude that the “trader” spirit, in defeating the “heroic,” was taken over from Britain by the USA after World War II.

[8] [51] Enrico Corradini, The Principles of Nationalism, Report to the First Nationalist Congress, Florence, December 3, 1910.

[9] [52] Corradini, Nationalism and the Syndicates, Rome, March 16, 1919.

[10] [53] Marx’s “wheel of history,” so far from being in the traditional sense, where a culture revolves metaphorically on an axis, in the Evolian sense, proceeds in a straight line called “progress,” until falling into the abyss.

[11] [54] Karl Marx, The Communist Manifesto (1848), “Bourgeois and Proletarians.”

[12] [55] Evola referred to the axial basis of civilization in Revolt Against the Modern World; Yeats rendered the idea poetically in “The Second Coming” (1920).

[13] [56] See Michael P. Fitzsimmons, “The Debate on Guilds under Napoleon,” The Proceedings of the Western Society for French History, Vol. 36, 2008.

[14] [57] Joseph de Maistre, Essay on the Generative Principle of Constitutions (1847), Preface.

[15] [58] Alfredo Rocco, The Syndicates & the Crisis within the State, Padua, November 15, 1920.

[ [43]16] [59] Agostino Lanzillo, The Defeat of Socialism (Rome, 1918), Preface.

[17] [60] Named after H. de Man’s “Labor Plan” of 1933 to deal with unemployment.

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[18] [61] Hendrik de Man, The Psychology of Marxian Socialism (New Brunswick, New Jersey: Transaction Books, 1988 (1928)), 12.

[19] [62] Ibid., 14.

[20] [63] Ibid., 19.

[21] [64] Ibid., 23.

[22] [65] Ibid., 25.

[23] [66] Ibid., 103.

[24] [67] Ibid., 35.

[25] [68] Ibid., 36.

[26] [69] Ibid., 65-67.

[27] [70] Ibid., 75.

[28] [71] Ibid., 127.

[29] [72] Ibid.

[30] [73] Ibid., 131.

[31] [74] Ibid., 189.

[32] [75] Ibid., 303.

[33] [76] Ibid., 313.

[34] [77] Ibid., 321. This cult of the Goddess of Reason was intended as a literal civic religion in Jacobin France to replace Catholicism.

[35] [78] Ibid., 325-326.

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[20] Rosa Luxemburg: https://www.encyclopedia.com/people/history/german-history-biographies/rosa-luxemburg

[21] Leon Trotsky: https://www.encyclopedia.com/people/history/russian-soviet-and-cis-history-biographies/leon-trotsky

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[23] [19]: http://k

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[47] What’s Wrong with the Right?: https://web.archive.org/web/20040317084407/http://thor.clark.edu/sengland/previous%20features/a_dialogue_with_christopher_lasc.htm

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mercredi, 07 octobre 2020

Michel Maffesoli : La Nostalgie du sacré (conférence)

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Michel Maffesoli :

La Nostalgie du sacré (conférence)

 
 
Le 21 septembre 2020, le Cercle Aristote avait l'honneur de recevoir Michel Maffesoli pour une conférence autout de son dernier ouvrage "La Nostalgie du passé" paru aux éditions du cerf.
 
 
2020-04-maffesoli-nostalgie-du-sacre-5-5ec4edea1b69f.jpgPour aller plus loin :
➡️l'ouvrage de note invité : https://www.editionsducerf.fr/librair...
➡️ ABONNE-TOI CAMARADE
 

samedi, 03 octobre 2020

Por un Bloque nacional-popular.

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Por un Bloque nacional-popular.

Carlos X. Blanco.

Apuntes de un aprendiz de Diego Fusaro.

La lucha de clases no ha concluido. El sistema neoliberal turbocapitalista nos quiere convencer del fin de la historia, esto es, del fin de la guerra de clases, desde 1989. Pero no se sostiene tal mentira. Como ha escrito una y mil veces Diego Fusaro, la guerra de clases ha mutado en “masacre de clases”. El mundo experimenta hoy una gestión unipolar de la lucha clasista, una gestión desde arriba, desde el polo dominante. Una clase dominante sumamente reducida en términos demográficos, pero omnímoda, gestiona la corriente general de la Historia, cual es la lucha entre dominantes y dominados. No se puede paralizar la lucha clasista mientras el modo de producción dominante sea el capitalismo, pero lo que sí ha terminado por ocurrir es que esta lucha se gestiona ahora por parte de la clase ultracapitalista en su beneficio.

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En el fondo, es la misma lógica neoliberal a la que ya se nos viene acostumbrando. No se puede acabar con el terrorismo mahometano, pues bien, “convivamos con ello”. No se puede acabar con la pandemia del coronavirus, “aprendamos a vivir con ello” e incluso, “acostumbrémonos a la Nueva Normalidad, pues van a venir nuevas olas y nuevas pandemias”. El mundo del riesgo y de la crisis es el fatum al que “hay que adaptarse” como si el riesgo y la crisis fueran realidades naturales, ciegas, involuntarias y sin culpables,

Pero la gestión de la masacre de clases, como Fusaro explica muy bien, ya nos salpica a la cara a una gran masa de los dominados. Nunca estuvieron tan juntos, compartiendo el destino en un Titanic planetario, la clase media y la clase trabajadora. Nunca hubo un asalto tan violento y decidido a las clases productivas de la sociedad, sustento de los estados-nación, columna vertebral de la comunidad. El polo dominante, que ya no es la clásica y marxiana “burguesía”, está formado por un “Señor” (en lenguaje más hegeliano). El “Señor” es señor del dinero y amo neo-esclavista, en parte. El “Señor” ha ido adquiriendo hegemonía absoluta, reclutando de entre las clases medias y capitalistas el consenso necesario para tener de su parte el circo mediático, el control de la educación, las élites empresariales y funcionariales, etc., pero toda esta gente lacayuna no son el “Señor” en sí mismo. Sus propios privilegios peligran ante la omnímoda realidad del poder “Señor” en el sentido fusariano que, cual agujero negro, acabará tragándoselos a todos.

714AZ1ZMRGL.jpgOmnímoda porque la economía productiva y la explotación del trabajador sólo son una parte vivificante de su propia dinámica especulativa. Hace ya tiempo que se ha desconectado la economía especulativa de la economía productiva, y al desconectarse, las plusvalías obtenidas de la explotación directa del trabajador no constituyen ningún “reloj” o indicador regulativo del ritmo especulador de acumulación de beneficios. El poder omnímodo del “Señor”, se asemeja a un polo o, quizá mejor, a un agujero negro: hacia allí converge toda materia y toda energía. El agujero la devora de manera insaciable, y, además, cuanto más devora, más rápida y extensamente se traga la materia y la energía restante, potencial, hasta llegar a caer por ese sumidero la totalidad del cosmos. Así, el “Señor” en el sentido fusariano se tragará al empresario mismo, lo rebajará a la categoría de plebe parasitaria junto con las demás clases. El filósofo italiano a quien sigo aquí, muestra con claridad la idea ya contenida in nuce en el marxismo: el capitalismo cava su propia tumba, se convierte en un turbocapitalismo, se impone un ultra-liberalismo que mina las propias bases genéticas de su existencia. No obstante, falla en el clásico esquema del marxismo el otro “polo”, para que ese socavamiento tenga lugar: el proletariado.

El proletariado, más que liquidarse, se ha “licuado”, retirándose de la arena combativa, ingresando en una amplia masa pauperizada junto con el aluvión de las clases medias arruinadas. Ese antiguo proletariado y las clases medias proletarizadas conforman lo que Fusaro denomina “precariado”. En un contexto mundial de vida bajo riesgo permanente y gobernanza por medio de la crisis, el precariado carece de representatividad política en la izquierda, y asiste atónito a unos discursos “progresistas” que no van con él. Los líderes de la izquierda ya no invocan al proletariado, porque saben que no existe.. funcionalmente hablando. Pero, por el contrario, hablan como “almas hermosas” que se duelen de los desheredados del mundo. Precisan yacimientos de caridad (refugiados, trans, mujeres sin empoderar, animales con derechos humanos). A su lado –no obstante- hay un pueblo que gime por las nuevas formas de explotación laboral (falsos autónomos, teletrabajo, deslocación…) pero los líderes de la izquierda van tornándose más y más glamurosos en su carrera loca por ser “almas hermosas”. Ya no se distingue apenas el discurso del Papa Francisco y el de los “filósofos” de Podemos y su galaxia cercana (Santiago Alba, Fernández Liria…). Desde su pureza inmaculada de almas hermosas, desde su cátara condición condenan cualquier avance del nuevo Saurón, que ellos suelen llamar fascismo, aunque no ven fascismo en la OTAN, en las go-gos de Obama o Soros, en el bombardeo de Serbia, en las mafias africanizadoras que trafican con gente. Hay que condolerse de la etnia más ignota, promover el veganismo, condenar a los causantes del cambio climático o llamar terroristas a los violentos en el ámbito doméstico, promover la neolingua “inclusiva” o pintar los bancos de la plaza con los colores de arco iris… pero de lo explotada y muy vapuleada que está la clase media y la clase trabajadora, raza vez se acuerdan.

31CLW7ijpAL.jpgRecargar de energía el polo del “Siervo” frente al polo del “Señor” consiste en volver a iluminar un espacio de lucha, llevar la guerra de clases al primer término de la geopolítica mundial y del interés nacional. Dotar de armas, empezando por las armas críticas, al polo de los “Siervos” consiste, en primer lugar, en desenmascarar a toda esa izquierda glamurosa de “almas bellas” que lloran como cocodrilos o damiselas hipersensibles antes los males oficiales que los “trending topics” de sus sagradas cuentas de Twitter marcan como Males malísimos.

Es un mal oficial de las “tendencias” que millones de africanos salgan de sus países empujados por unas abstractas y nunca analizadas guerras, persecuciones, sequías y neocolonialismos, pero nunca será un mal oficial que existan pandemias de violaciones, robos, altercados o se acumulen “MENAS” bien creciditos y poco amigables para con el barrio. El polo del “Siervo” se apartó ya de esa izquierda glamurosa, de caviar y chalet, de poltrona universitaria y currículum hinchado en forma de burbuja, sin sustancia ni saber. El polo del “Siervo” se acerca al peligroso “populismo” que, cuanto más condenado resulta, más próximo se halla al bando nacional-popular: un Estado que vela por la justicia social, que defiende al débil, que protege a la propiedad (especialmente a la pequeña propiedad, que es la más débil también), que trabaja por la estabilidad del empleo y la garantía en el ahorro, por las pensiones, la educación rigurosa y de calidad, la asistencia sanitaria gratuita y avanzada).

Fusaro reconoce con exactitud las condiciones objetivas en las que se puede reactivar un polo del “Siervo” que pueda dar dolores de cabeza al “Señor”. La defensa de ese ya añorado “Estado del Bienestar”, la intervención estatal en aquellos sectores de la economía directamente implicados con la igualdad de oportunidades, la redistribución de la riqueza, la soberanía nacional. También, hemos de contar con la formación de una nueva clase contra-hegemónica, una super-clase opositora a los depredadores “Señores” del dinero, en la que figuran no sólo los sindicatos verdaderamente combativos, las agrupaciones vecinales, comités de autodefensa de los pueblos y barrios, hogares sociales solidarios, círculos parroquiales, asociaciones de damnificados…sino los propios empresarios. La propia empresa “patriótica” sabe lo que significa para ella la cantinela de la globalización: su ruina, su desaparición. Por pura supervivencia, los sectores productivos, los autónomos, las pymes, deben reaccionar para poder seguir inyectando savia a la sociedad, para vivir de una forma no-dependiente.

imagesDFchisiamo.jpgLa conversión del “Estado del Bienestar” en un supuesto “Estado Asistencial” responde a la lógica malévola del “Señor”. Los señores mundialistas del dinero, en su despiadada avaricia, no dudan en convertir a capas cada vez más amplias de la sociedad en “dependientes”. Gente sana y fuerte, cerebros bien preparados y dispuestos, manos libres y aptas para ganarse la vida, todos, son reducidos a la peor condición posible: plebe, masa sostenida por un ingreso mínimo social facilitado por el Estado. El Estado se despoja de su cometido ético, garantizar a los ciudadanos el Bien Común, y se disfraza de Buen Samaritano. Pero no es la generosidad la que le mueve a distribuir ayudas, sino su lacayuna naturaleza de Siervo subsidiario del verdadero Señor globocrático. La universalización del rentista (peligro que siempre anida en un comunismo mal entendido) se traduce, en la práctica, en la universalización del mendigo. El Estado asistencial, lacayo de los Señores mundiales de la especulación, cumple con la sucia labor de gestionar la “masacre de clases”. Los Señores liquidan a los productores (clase obrera, campesina, clase media) y a los restos y despojos hay que suministrarles un “mínimo vital” para que el caos, los saqueos, la guerra urbana, etc. no se apoderen de las calles y no se adelante la catástrofe, que, de todas las maneras, es inevitable a medio plazo.

Gestionar la miseria, reprimir selectivamente, adoctrinar y censurar, exterminar a la sociedad civil antes de que el propio Estado se extinga, esas son las funciones asignadas a esta institución, médula y cerebro de un Pueblo en otros tiempos: el Estado-nación. En la actualidad el Estado-nación no es sencillamente “un comité de empleados al servicio del Capital” (Marx). En la actualidad es, más bien, un instrumento del “Señor” apátrida, trasnacional, mundialista, instrumento que se va auto-liquidando por haberse plegado a los intereses de los fondos especulativos globócratas que constituyen el verdadero “Señor”. Potencialmente, el Estado-nación podría ser un baluarte para la defensa de los pueblos ante las acometidas neoliberales, pero ya no lo es. Cuando intenta serlo, ese Estado nacional-popular queda encuadrado dentro de un “Eje del mal”, calificado como “Estado canalla” y sometido a todo género de presiones.

La emancipación de los pueblos pasa por a) recuperar para sí al Estado-nacional, reapropiarse del instrumento, arrebatárselo de las manos del “Señor” globócrata, lo que se da en llamar soberanismo, b) crear un nuevo bloque contra-hegemónico, esto es, una alianza de clases actualmente perdedoras, entre las que figuran los restos del proletariado urbano-industrial, el campesinado, los jóvenes “sin estrenar” en el mercado laboral, los autónomos y pequeños y medianos empresarios y hasta el empresariado grande pero no deslocalizado, comprometido aún con la productividad in situ. Finalmente, c) esa nueva alianza de clases que crea una nueva hegemonía rival y dialécticamente enfrentada a la hegemonía globalista, deberá emprender nuevas alianzas y alineamientos geoestraégicos en la arena mundial, pues ya ningún Estado nacional-popular puede resistir por sí solo a los manejos y enredos de la Globocracia.

En la línea más gramsciana, Fusaro destaca en papel de los intelectuales. Frente a los actuales intelectuales orgánicos, que recogen las migas del festín globalista y hacen de perritos falderos del “Señor”, con nula creatividad y cacumen, debería darse una gran alianza de nuevos intelectuales que, saliendo de su actual marginalidad, posean la visión orgánica, esto es, la visión de la totalidad y actúen en conformidad con los nuevos bloques contra-hegemónicos que las clases masacradas tendrán que constituir para sobrevivir. Los intelectuales en el sentido orgánico deben volver a erizar y afilar sus armas con vistas a arrinconar al “Señor” y a sus pretensiones omnímodas. La lucha de clases siempre existe, pero frente al Capital globalista, se hace preciso volver a polarizar el campo. De manera análoga a como en la Geopolítica, la multipolaridad es en sí misma un hecho, y un desafío a la unipolaridad imperialista (de la Globocracia que hoy se sirve de los EEUU como guardián y recadero principal), en el seno del Estado-nación, la reactivación de un polo de disidencia vuelve a “cargar” el campo y vuelve a actualizarse el conflicto.

Ese despojo de la izquierda que se llama Podemos en España, sumado al cadáver poco fragante que es Izquierda Unida (arrejuntados con el ridículo nombre de “Unidas Podemos”) no ha sabido ser un verdadero populismo ni ha sido fiel a las tradiciones de lucha nacional-popular. Desde el principio, han sido un obstáculo para una verdadera alianza de clases y para una conformación del bloque contra-hegemónico nacional-popular. Hay que comenzar a soldar ese Bloque ya.

dimanche, 20 septembre 2020

Alexander Dugin: La Contrahegemonía

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La Contrahegemonía

Traducción de Juan Gabriel Caro Rivera

Ex: https://www.geopolitica.ru

1. El gramscismo en las Relaciones Internacionales

Antes de comenzar a hablar de la contrahegemonía, en primer lugar, debemos dirigirnos a Antonio Gramsci, quien introdujo el concepto de hegemonía en el amplio discurso científico de la ciencia política. En sus enseñanzas, Gramsci dice que en el marco de la tradición marxista-leninista, hay tres zonas de dominación: 

  • La dominación económica tradicional para el marxismo, que viene determinada por la propiedad de los medios de producción, que predetermina la esencia del capitalismo. Según Marx, este es el dominio económico en la esfera de la infraestructura.
     
  • La dominación política, que Gramsci asocia con el leninismo y considera como la autonomía relativa de la superestructura en el ámbito de la política. Cuando la voluntad política de determinadas fuerzas proletarias sea capaz de cambiar la situación política, aunque no esté del todo preparada la infraestructura para ello. Gramsci interpreta esto como la autonomía de un determinado segmento de la superestructura. Estamos hablando de poder político, expresado en los partidos, en el Estado, en los atributos clásicos del sistema político.
     
  • La dominación en el tercer sector es la estructura de la superestructura, que Gramsci relaciona con la sociedad civil, al tiempo que enfatiza la figura del intelectual.

Gramsci cree que la hegemonía es el dominio de las actitudes de desigualdad y dominación, pero no en el ámbito de la economía y la política, sino en el ámbito de la cultura, la comunidad intelectual y de los profesionales, el arte y la ciencia. Este tercer sector tiene el mismo grado de autonomía relativa que el leninismo en la política. Una revolución, en este caso, desde el punto de vista de Gramsci, tiene tres vertientes: en la esfera económica (marxismo clásico), en la esfera política (leninismo) y en la esfera de la sociedad civil, que es la esfera de la libertad, y el intelectual puede elegir entre el conformismo y el inconformismo, una elección entre hegemonía y contrahegemonía, entre servir al status quo o elegir una revolución. La elección que hace un intelectual no depende de su posición económica, es decir su relación con la propiedad de los medios de producción, ni con su afiliación política a un partido en particular.

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Gramsci ve el mundo occidental como un mundo de hegemonía establecida, en el que se ha establecido un sistema capitalista en la esfera económica, las fuerzas políticas burguesas dominan la política, los intelectuales sirven a los intereses de las fuerzas políticas burguesas y sirven al capital en un entorno inteligente. Todo esto en su conjunto en las relaciones internacionales crea un cierto contexto, en el centro del cual está el polo de la hegemonía establecida. Gramsci invita a los intelectuales inconformistas y revolucionarios a crear un bloque histórico que se oponga a esta hegemonía. Regresaremos a este punto un poco más tarde, pero ahora consideraremos un aspecto ligeramente diferente del pensamiento gramsciano. Desde el punto de vista de Gramsci, hay situaciones en las que surgen relaciones entre un sistema capitalista desarrollado y aquellas sociedades que aún no están completamente integradas en el núcleo de la hegemonía. Estos tipos modernos de sociedades, en las que la hegemonía no ha ganado por completo, los describe Gramsci como el modelo del cesarismo. Sugiere que, en tales Estados intermedios, la élite política aún no está realmente incluida en el mundo occidental capitalista, donde el capital, la hegemonía y los partidos políticos burgueses representan los intereses de la clase media que establecen la agenda a seguir.

Charles Kapchen, en su libro No Man's World, propone este modelo, que Gramsci denomina cesarismo, desglosado en tres tipos:

  • La autocracia corrupta moderna rusa y otros modelos similares en el espacio postsoviético, que representan la élite de los clanes corruptos.
     
  • El sistema del totalitarismo chino, que conserva el poder totalitario a nivel estatal.
     
  • El sistema de las petromonarquías de Oriente Medio, que incluyen en la estructura de su dominación, en su cesarismo, también aspectos religiosos o dinásticos, como los sultanatos sauditas. Irán puede clasificarse como una forma intermedia, entre el modelo de monarquía del Golfo y la autocracia rusa.

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El cesarismo se encuentra en condiciones muy interesantes: por un lado, se encuntra bajo la presión de una clase media en crecimiento, por otro lado, proviene de un Occidente más desarrollado. La hegemonía desde fuera y desde dentro obliga al cesarismo a hacer concesiones, desoberanizarse, entrar en un proceso global común en aras de la hegemonía global. Desde el punto de vista de Gramsci, el cesarismo no puede simplemente insistir por sí solo, ignorando estos procesos, por lo que sigue el camino que en la ciencia política moderna se llama transformismo.

El término transformismo, nos remite al gramscismo y al neogramscismo en la teoría de las relaciones internacionales, donde esto significa el juego del cesarismo con los desafíos de la hegemonía, es decir, la modernización parcial, movimiento parcial hacia la hegemonía, pero de manera que se mantenga el control político. Así, el transformismo es lo que viene haciendo China desde 1980, lo que ha estado haciendo la Rusia de Putin, sobre todo en la época de Medvedev, lo que han estado haciendo los Estados islámicos últimamente. Absorben algunos elementos de Occidente, capitalismo, democracia, instituciones políticas para la separación de los poderes, ayudan a que se produzca la clase media, siguen el ejemplo de la burguesía nacional, la hegemonía interna y la hegemonía externa internacional, pero no lo hacen del todo, no realmente, al nivel de una fachada para mantener un monopolio del poder político que no es estrictamente hegemónico. 

El análisis básico de los términos gramaticales hegemonía, cesarismo y transformismo que hemos realizado era necesario como preludio al desarrollo de una teoría contrahegemónica. 

2. Pacto histórico

Dado que todas las personas tienen derechos políticos y los delegan en partidos a través de la participación en las elecciones, y la posesión de los derechos económicos está diferenciada en el ámbito económico, Gramsci cree que en el tercer sector hay exactamente el mismo proceso de delegación de sus derechos. Los representantes de la sociedad civil empoderan a los intelectuales para representarse a sí mismos en el campo de la inteligencia en una especie de parlamento condicional de la sociedad civil.

Según la teoría del neogramscismo, existe el concepto de pacto histórico, y como estamos hablando de sociedad civil, este puede tener dos vectores fundamentalmente diferentes: o el pacto histórico se dirige hacia la hegemonía, o se puede implementar un pacto histórico en interés de la revolución.

La hegemonía desde el punto de vista de Gramsci no es un destino, sino una elección, lo mismo que la elección de los partidos políticos. Stephen Gill, un neogramscista, describe la Comisión Trilateral como un pacto histórico de intelectuales conformistas a favor de la hegemonía. Estos son los únicos estudiosos de esta clase de organizaciones donde los propios miembros de esta organización no se consideran una forma paranoica de teoría de la conspiración y reconocen su estatus académico.

91158048.jpgEn última instancia, toda persona, según Gramsci, es libre de estar a favor del capitalismo o del comunismo, e incluso si una persona no pertenece a la clase proletaria, puede ser miembro del partido comunista de su país y participar en batallas políticas siguiendo a los socialistas o comunistas. La afiliación de clase proletaria no es necesaria para la inclusión en un partido político. De la misma manera, a nivel del intelectualismo, no es necesario para nada estar en desventaja, no es necesario ser expulsado del sistema de la sociedad para ponerse del lado de la contrahegemonía que, y este es el principal fundamento gramscista, cualquier intelectual puede elegir y adherirse al pacto histórico de la revolución.

En los años 60, y especialmente en los 70, cuando el gramscismo se generalizó en Europa, se desarrolló una situación única. Entonces la esfera intelectual estaba completamente ocupada por izquierdistas y era simplemente indecente no ser comunista. Se identificaron comunismo y moral en el ámbito de la sociedad civil, a pesar de que los partidos comunistas no dominaban en el ámbito político, y las relaciones burguesas continuaron persistiendo en el ámbito económico. Fue con esto, en gran medida, que los acontecimientos de 1968 y la llegada al poder de Mitterrand estaban relacionados. El giro a la izquierda en Francia no comenzó con la victoria de las fuerzas de izquierda en el parlamento y no con el propio gobierno, sino con la creación por parte de los intelectuales franceses de un bloque histórico contrahegemónico, en ese momento marxista. Hicieron su elección, sin que nadie los echara de los periódicos burgueses, que seguían siendo financiados por diversos círculos burgueses. 

Este grado de libertad nos lleva al tema del constructivismo de la realidad social, que no es un dato fatal. El proceso de construcción de la realidad social se encuentra en la libertad del intelectual para hacer su elección fundamental a favor de un pacto histórico: hegemónico o contrahegemónico.

3. Contrahegemonía/contrasociedad 

s-l400.jpgEl concepto de contrahegemonía es introducido por el especialista en relaciones internacionales Robert W. Cox como una generalización del gramscismo y su aplicación a la situación global. Dice que hoy todo el sistema de relaciones internacionales se construye al servicio de la hegemonía. Todo lo que se nos dice sobre las relaciones entre Estados, sobre el significado de la historia, sobre guerras e invasiones es pura propaganda de la hegemonía de la élite oligárquica mundial. En gran medida, este constructo se apoya en el eje de la intelectualidad que opta por la hegemonía.

R. Cox plantea la cuestión de crear una construcción intelectual de una realidad revolucionaria alternativa global y para ello introduce el término contrahegemonía, dándole una justificación fundamental. Habla de la necesidad de un bloque histórico global de intelectuales mundiales que eligen la revolución, eligen la crítica del status quo y, lo que es más importante, no necesariamente sobre una base marxista, porque el marxismo presupone algún tipo de programa económico fatalista de los procesos históricos. R. Cox cree que el proceso histórico es abierto y en este sentido la dominación del capital es una construcción. En esto se diferencia mucho de los neomarxistas, incluido Wallerstein.

Esta idea pospositivista, constructivista, posmodernista de R. Cox, cuya esencia es que en condiciones de globalización es necesario plantear la cuestión de la contrahegemonía con la misma globalidad, ya que la hegemonía burguesa-liberal, llevando a cabo el transformismo, ya que tarde o temprano este transformismo romperá el cesarismo. 

El segundo principio que introduce Cox es el de contrasociedad, ya que la sociedad global actual se basa en la dominación de principios burgueses-liberales, es decir, es una sociedad de la hegemonía. Esta es una sociedad de la hegemonía por medio del lenguaje, en las imágenes, en la tecnología, en la política, en las costumbres, en el arte, en la moda, en todo.

En consecuencia, es necesario construir una contra-sociedad. Todo lo que es bueno en una sociedad global debe ser destruido, y se debe construir una nueva sociedad en su lugar, si se quiere, una sociedad con signo contrario. En lugar del dominio de los principios universales, se deben construir comunas locales; en lugar de un monólogo liberal, debemos construir un polílogo de culturas orgánicas. Así, la contasociedad será una alternativa a la sociedad que existe hoy, en todos sus principios básicos.

Los términos de Robert Cox son contrahegemonía y contrasociedad.

4. Pensando en la contrahegemonía

51zpJutKyyL._SX328_BO1,204,203,200_.jpgJohn M. Hobson, estudioso de las relaciones internacionales, autor de La concepción eurocéntrica de la política mundial, en la que critica el racismo occidental y afirma la brillante idea de construir las relaciones internacionales en un nuevo modelo de contrahegemonía basado en los trabajos de Cox, Gill y los neogramscistas es una bendición. La crítica es maravillosa, pero qué hacer, qué contrahegemonía debería crearse, no la encontraremos en sus obras, salvo en dos o tres páginas. Por tanto, es necesario contemplar la contrahegemonía.

Para concebir la contrahegemonía, primero hay que concebir la hegemonía. Volvemos de nuevo a este tema para comprender adecuadamente en qué estamos pensando.

Entonces, ¿qué es la hegemonía? 

La hegemonía es la universalización del liberalismo, entendido como único contexto de un monólogo. El liberalismo es un engaño absoluto, hablando de contrahegemonía y contrasociedad, nos referimos a un desmantelamiento total del liberalismo. Así, contemplar la contrahegemonía es contemplar el no liberalismo, contemplar una sociedad que se opondría radicalmente al liberalismo. Cabe señalar aquí que el no liberalismo en el que tenemos que pensar a la hora de construir la contrahegemonía debe ser el no liberalismo del mañana. Este tiene que ser un no liberalismo hacia adelante, no un no liberalismo hacia atrás.

¿Qué es el no liberalismo hacia atrás? Este es el conservadurismo que ha desaparecido hace mucho y más allá del horizonte de la historia, el fascismo y el nacionalsocialismo que desapareció hace menos, y el comunismo, el sovietismo y el socialismo que han desaparecido recientemente. Todo esto no fue superado por el liberalismo por casualidad, no fue por casualidad que la hegemonía se disolvió, se desintegró, estalló y envió al basurero histórico, al olvido ahistórico, esas ideologías no liberales que se han enumerado. Abordarlos, con toda la facilidad de tal movimiento, no nos acercará a resolver el problema de la creación de la contrahegemonía. Seremos los portadores de un discurso arcaico, marxista, nazi, fascista o conservador-monárquico, que por sí mismos ya han demostrado que no pueden resistir la batalla histórica con la hegemonía. En consecuencia, este es un control de la realidad ineficaz para oponerse al liberalismo.

La principal victoria del liberalismo radica en el hecho de que en el centro de su discurso está el principio: libertad versus no libertad. Esta simple dialéctica resultó muy eficaz, como lo demostró claramente el siglo XX. Para derrotar a sus enemigos ideológicos, el liberalismo utilizó la idea del totalitarismo como concepto. Por tanto, en cuanto el liberalismo buscó a tientas este aspecto totalitario en ideologías que ofrecían su alternativa no liberal, inmediatamente incluyó la parte más fuerte de su ideología, que se llama libertad, liberty.

Para considerar estos procesos con más detalle, es necesario recordar el contenido de la libertad de John Stuart Mil. La libertad es “libertad de”, libertad negativa, y para que la libertad negativa funcione, debe haber una no libertad positiva, es decir, la tesis del totalitarismo. Cuando hay una sociedad basada, por ejemplo, en una identidad racial fascista, pero usted no se ajusta específicamente a ella, entonces su libertad estará dirigida contra esta identidad. Lo mismo ocurre con el comunismo. Si no compartes esta ideología, entonces aplicas la tesis negativa de la libertad a esta tesis positiva de una sociedad totalitaria, y como resultado, tarde o temprano ganarás. La libertad negativa funciona porque la "libertad de" adquiere contenido a través de la negación dialéctica.

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Hoy el liberalismo ha conquistado todo lo que pudo conquistar y se ha propuesto esa tarea. La "libertad de" ahora se nos da por definición, como un hecho. Hoy vivimos en un mundo liberal donde, en principio, no hay nada de qué liberarnos, es decir, La “libertad de” ha desarrollado todo su potencial relacional-creativo, porque se ha liberado de todas aquellas formas que, de una forma u otra, mantenían al individuo en un cierto estado de no libertad. En este momento, se reveló el lado puro de la libertad, "libertad de" como libertad de cualquier cosa es en realidad solo nihilismo. Nihilismo que no estaba en la superficie precisamente porque alguien obstruía esta libertad. En consecuencia, la libertad en el liberalismo victorioso no significa más que la absolutización del nihilismo. La liberación no es nada.

Lo que vivimos hoy es la victoria absoluta de la hegemonía combinada con su implosión fundamental. Esta implosión del liberalismo es un factor importante en su triunfo hegemónico. Pero por ahora, al liberalismo se le opone un cesarismo lento en las últimas etapas, como un defecto temporal, que es objeto de afinar el liberalismo global para que finalmente pueda tener lugar el fin de la historia.

Por cierto, prestemos atención al hecho de que entendemos la palabra fin como el concepto de El fin de la historia de Francis Fukuyama como fin, pero en inglés la palabra fin tiene otro significado: el objetivo, es decir, este es el objetivo de la historia, su telos, hacia lo que se dirige. Este es el logro de la historia alcanzando su cúspide, su límite, es decir, hacia donde se dirigió. Vivimos en el liberalismo como en el nihilismo victorioso, y la implosión de este nihilismo se está produciendo ante nuestros propios ojos.

¿Qué más le queda a la humanidad liberal libre? Desde las últimas formas de identidad colectiva expresadas en género. El problema de las minorías sexuales no es un epifenómeno accidental de la estrategia liberal, es su centro mismo. La lógica en este caso es simple: si una persona no se libera del género, permanecerá en un estado totalitario de separación con otros individuos humanos de cierta identidad colectiva, masculina o femenina. En consecuencia, la reasignación de género no es solo un derecho, sino que pronto también se convertirá en un deber. Si una persona no cambia de sexo, entonces es, de hecho, un fascista, porque si un individuo es un hombre o una mujer, entonces acepta una existencia esclava dentro del marco de su definición de género.

No la igualdad de sexos, es decir, su cambio, se deriva de la libertad, la "libertad de", la libertad de una persona del género, del sexo, así como la libertad cosmopolita de elegir la ciudadanía, el lugar de residencia, la profesión, la religión. Todas estas libertades liberales requieren una etapa lógica, la libertad de género y un cambio total múltiple de género, porque el individuo comienza a acostumbrarse y vuelve a caer en el marco totalitario del género.

Pero ese no es el límite, ya que queda la última identidad colectiva que no se ha superado, la pertenencia de un individuo a la humanidad. Como ejemplo de la necesidad de superar la identidad humana, que en última instancia es también fascismo desde el punto de vista de la lógica liberal, podemos citar el Manifiesto Ciborg de Donna J. Haraway, así como las ideas plasmadas en el programa transhumanista.

51QyraNabVL._SX329_BO1,204,203,200_.jpgSuperar el género y las identidades colectivas humanas son solo detalles que ocuparán nuestra conciencia durante algún tiempo, asustarán a los conservadores y a los elementos liberales incompletamente modernizados y, a la inversa, inspirarán a los liberales para continuar sus próximas hazañas. Al mismo tiempo, cabe señalar que la agenda se ha estrechado, y con el desarrollo del arte genético y quirúrgico, la microtecnología, la biotecnología y el desentrañamiento del genoma, estamos, de hecho, al borde de que este programa se convierta en un tema técnico. Se propone no esperar más, sino pensar de tal manera que el liberalismo, en principio, en su programa nihilista, ha cumplido su cometido.

¿Y qué significa pensar en el no liberalismo hacia adelante? Significa pensar en el no liberalismo, que es después de esta deshumanización del hombre, después de la pérdida de la identidad de género. Es necesario ver el horizonte del liberalismo como una victoria absoluta de la Nada y ofrecer una alternativa no desde fuera, sino desde dentro. La cuestión es que, en última instancia, el liberalismo va más allá de la sociología y nos lleva a problemas antropológicos. La sociedad se desintegra, surge una post-sociedad, un ciudadano liberal separado del mundo, un cosmopolita que, de hecho, no pertenece a ninguna sociedad.

Massimo Cacciari llama a esto una sociedad de idiotas totales que pierden la capacidad de comunicarse entre ellos, porque pierden todo en común que los conecta, surge un lenguaje individual, una existencia rizomática en red, etc. En esta situación, llegamos a la última frontera humana, desde la que se propone iniciar un proyecto de contrahegemonía.

El curso principal de la contrahegemonía en su aspecto antropológico es la idea de un replanteamiento radical de las libertades. Es necesario oponer el liberalismo no al totalitarismo, porque al hacerlo solo alimentamos sus energías destructivas, sino el principio de libertad significativa, es decir, de la "libertad para", la libertad en la terminología de J.S. Mill. Al abordar la problemática de la antropología, en la que el principio individual se sitúa por encima de la humanidad, el liberalismo no debe oponerse a valores conservadores, sino a algo radicalmente diferente, y el nombre de este radicalmente diferente es el concepto de persona o personalidad, es decir, libertad contra libertad, la persona contra la libertad individual.

La personalidad devuelve a la persona a la esencia de su humanidad, esta es su revolucionaria tarea fundamental de crearse a sí mismo por su propia fuerza, esta es, si se quiere, una categoría metafísica. En el cristianismo, la personalidad es donde tiene lugar la fusión del principio divino con el individuo. La persona nace en el momento del santo bautismo. 

En las religiones, la personalidad se describe de diferentes maneras, pero como Marcel Mauss ha revelado tan bellamente en sus obras, en cualquier sociedad arcaica es el concepto de persona el que está en el centro de atención. Este no es un individuo, es la intersección del sujeto eidético de alguna especie dada y espiritual o generalizada.

Así, oponiendo la individualidad con alguna forma de integración social, atacamos al liberalismo y ofrecemos un no liberalismo no desde atrás, sino que necesitamos proponer un modelo de no liberalismo desde el futuro. La personalidad debe rebelarse contra el individuo, la “libertad para” debe moverse contra la “libertad de”, no la no libertad, la no sociedad y algunas otras formas de restricciones colectivas. Debemos enfrentar el desafío del nihilismo. Este, según Martin Heidegger, es el difícil conocimiento del nihilismo.

Pensar en la contrahegemonía significa pensar en una personalidad creativamente libre como la raíz de esta contrahegemonía, sin este cambio fundamental de régimen en las condiciones del nihilismo total no crearemos ningún concepto inteligible de contrahegemonía. 

5. El modelo de contrasociedad

El modelo de contrasociedad debe necesariamente estar abierto desde arriba, este es el principio de la libertad, a la cabeza de esta sociedad deben estar aquellos que estén máximamente abiertos a la dimensión superior de lo personal, que no sean lo más idénticamente posible entre ellos mismos. Son los filósofos contemplativos. La Platonopolis como expresión política del platonismo abierto, liderado por un filósofo que piensa en cualquier cosa menos en sí mismo. No manda, no hace nada, pero abre la posibilidad de que todos sean individuos. Abre la posibilidad de que la sociedad se abra desde arriba, hace que esta sociedad sea verdaderamente libre, sin darse cuenta de sus limitaciones. Él crea una sociedad así, este es el Estado, esta es la sociedad sagrada.

La contrasociedad debe construirse desde arriba, debe ser absolutamente abierta desde lo vertical, este es su principio fundamental. Una filosofía política abierta desde lo vertical debería ser la plataforma para un nuevo pacto histórico de intelectuales. Si creamos este pacto basado en alianzas pragmáticas, no lo lograremos, porque tarde o temprano el liberalismo se hará cargo de todas estas formas.

6. Diversificación contrahegemónica de actores en las Relaciones Internacionales

Para la diversificación contrahegemónica de actores en las RI, se puede partir de los conceptos y definiciones de transnacionalismo y neoliberalismo en las relaciones internacionales, que afirman la expansión de la nomenclatura de actores en el contexto de la hegemonía. Se propone aceptar esta simetría en la construcción de la contrahegemonía y reconocer que el bloque histórico debe estar compuesto por actores de diferentes escalas.

La estructura de la contrahegemonía puede ser la siguiente: en el centro hay intelectuales con una filosofía vertical abierta, es decir, un pacto histórico entre los intelectuales. Debe ser necesariamente global, no puede ser nacional, en ningún país de ninguna cultura, incluso, por ejemplo, en el gran mundo islámico o en el chino, es imposible hacer esto. Todo lo que se necesita es una escala global de contrahegemonía y una unificación global de intelectuales contrahegemónicos basada en una filosofía abierta. Se puede construir una constelación de sistemas de diferentes escalas alrededor de este actor principal, simétricamente en la forma en que Joseph S. Nye describe un sistema liberal transnacional, donde tanto los Estados como los partidos y los movimientos, industrias, grupos, movimientos religiosos e incluso individuos singulares se convierten en actores. 

Todos ellos no solo pueden, sino que también son actores en las relaciones internacionales, en el modelo hegemónico de globalización. Estamos hablando de contra-globalización, no de anti-globalización, no de globalización alternativa, sino de contra-globalización, que reconoce que para derribar esta hegemonía es necesario unir actores de diferentes escalas.

7. La voluntad y los recursos de la contrahegemonía. El archipiélago de Massimo Cacciari

El eje de la estrategia contrahegemónica debe ser la voluntad constructiva, no los recursos. Primero la voluntad, luego los recursos. Esta voluntad debe provenir de la élite intelectual global contrahegemónica como miembros de la sociedad global. Por supuesto, todas las personas piensan, pero los intelectuales también piensan para los demás, y por eso están dotados del derecho a ser caminantes del pueblo, a ser representantes de la humanidad como tal, cuyo discurso global ahora es captado y plasmado por representantes del bloque histórico hegemónico. Por cierto, cuando se ataca a los liberales por un caso, la escasez y la inconsistencia de su argumentación se revela necesariamente, y todo esto porque su argumentación es de voluntad fuerte.

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Sin embargo, ¿en qué recursos puede apoyarse esta voluntad constitutiva de la élite intelectual? En primer lugar, este es el segundo mundo, sobre el que escribe Parag Khanna, los países de los BRICS, los Estados que, en el status quo actual, han recibido algo menos o no están en los primeros roles. Y estos son prácticamente todos aquellos Estados que se sienten incómodos en la arquitectura imperante de la hegemonía. Pero por sí mismos, estos países no son una contrahegemonía, por sí mismos no harán nada.

Los regímenes gobernantes en estos países, si no se activan, continuarán participando en el transformacionalismo, pero los intelectuales contrahegemónicos deben contraatacarlos, incluso en su propio proyecto, en lugar de esperar a ser llamados a trabajar para la administración. Es importante comprender que la administración está comprometida con el transformismo y se ocupará de ello independientemente del lugar: en China, Irán, Azerbaiyán, India, Rusia, los países del BRICS, existe una transformación continua.

Los intelectuales contrahegemónicos deben interceptar la narrativa y dictar la agenda a estos Estados para que ejerzan el cesarismo durante el mayor tiempo posible. Pero esto no es una meta, la meta de la contrahegemonía es diferente, sin embargo, el potencial de estos países es un buen recurso, y como herramienta para lograr la tarea planteada, es bastante bueno. Por ejemplo, un Estado con armas nucleares parece muy convincente como argumento en oposición a la hegemonía.

Asimismo, los partidos antiliberales en todo el mundo son relevantes como recurso contrahegemónico, independientemente de que sean de derecha o de izquierda, socialistas o conservadores. A esto hay que sumar varios movimientos de tipo verticalmente abierto: cultural, artístico, estético, ecológico. En este contexto, conviene prestar atención al hecho de que el campesinado mundial y la industria mundial, tarde o temprano, serán víctimas del sistema bancario y financiero, el sector terciario de la economía, que ya comienzan a colapsar ante el crecimiento proporcional del capital financiero especulativo globalista. No se debe esperar que ellos mismos se pongan del lado de la contrahegemonía y propongan planes, sin embargo, también pueden ser considerados como uno de los componentes del recurso en el arsenal de la alianza de los intelectuales contrahegemónicos dentro del pacto histórico.

Todas las religiones tradicionales, que, en su esencia, son no liberales, a diferencia de las religiones de orientación liberal, que son básicamente laicas o relativistas, o, digamos, religiones desreligiosas, también pueden actuar como un recurso para los intelectuales contrahegemónicos.

La tarea del bloque histórico contrahegemónico es unir todos estos recursos en una red global. Aquí es donde el concepto de "Archipiélago" de Massimo Cacciari, que aplica a Europa, será de gran utilidad, pero la idea en sí puede difundirse más ampliamente. Massimo Cacciari sostiene que entre el Logos universalista y la anarquía de los idiotas atómicos hay un logos privado. Este Logos en particular, junto con el paradigma de la complejidad de Edgar Morin, junto con operaciones en estructuras complejas, con modelos no lineales, pueden ser de gran utilidad.

Ésta es una cuestión fundamental, porque utilizando un modelo complejo, se hace posible construir un diálogo e integrar a la derecha y la izquierda en un solo pacto histórico, mientras que en este momento se miran a través de la lente de sus propias tácticas.

8. Rusia y la hegemonía

Rusia es ahora un campo de transformismo típico y lo que comúnmente se llama putinismo no es más que cesarismo. Se opone a la hegemonía interna en forma de la oposición del listón blanco y de Eco de Moscú (1), así como a la hegemonía externa que ejerce presión sobre Rusia desde afuera. El cesarismo está equilibrando estos factores, que intenta jugar por un lado con la modernización y por otro lado con el conservadurismo, tratando de retener el poder por cualquier medio. Esto es muy racional y muy realista: no hay idea, no hay visión del mundo, no hay metas, no hay comprensión del proceso histórico, no hay telos en tal gobierno - esto es cesarismo ordinario, en su comprensión gramscista.

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La oposición del cesarismo a la hegemonía interna y externa lo obliga a moverse en la necesariamente en dirección a los intelectuales de la contrahegemonía, pero el transformismo es una estrategia adaptativa-pasiva, lo que significa que tarde o temprano el objetivo de este transformismo, no obstante, destruirá el cesarismo. Dado que la hegemonía viene tanto del exterior como del interior, cualquier modernización conduce objetivamente, de una forma u otra, al fortalecimiento de la clase media, y la clase media es enemiga del Estado, así como la burguesía, el capitalismo, el individualismo son enemigos tanto de la sociedad concreta como de la humanidad en su conjunto.

¿Qué tan pronto caerá el cesarismo? El tiempo muestra que puede esto tardar mucho, pero mucho tiempo. En teoría, debería caer, pero sigue existiendo, demostrando a veces ser bastante exitoso. Todo depende de si la transformación se lleva a cabo con éxito o sin éxito. Es una estrategia de retaguardia pasiva condenada al fracaso, pero a veces de la forma más paradójica puede resultar bastante eficaz.

Es bastante obvio que, si en los últimos 13 años esta estrategia se ha mantenido con un pragmatismo omnívoro e ideológico tan generalizado, entonces seguirá existiendo, a pesar de la indignación que causa por todos lados. Sin embargo, vale la pena señalar que es precisamente el transformismo exitoso lo que evita que el Estado sea destruido por representantes de la hegemonía global.

Pero esto no es suficiente, se requiere una estrategia de tipo completamente diferente, contrahegemónica en su esencia, con el ánimo de promover la teoría de un mundo multipolar. Otra iniciativa importante es la Alianza Revolucionaria Global, que es una estrategia bastante activa que puede desarrollarse en Rusia a un nivel paralelo, siendo tanto rusa como global, internacional. E incluso si hay algunas contradicciones internas entre los representantes de la alianza revolucionaria global en Europa o América, y hay algunas, y existen muchas, entonces este momento no debería avergonzar a nadie, y mucho menos detenerse. Dado que la gente elige la misma ética contrahegemónica a pesar de las sociedades en las que vive.

Al rechazar la hegemonía, no es necesario centrarse en el poder. Ahora las autoridades nos dicen “sí” porque estamos del mismo lado con respecto a la hegemonía, estamos en contra de la hegemonía, y las autoridades, de una forma u otra, están en contra de la hegemonía. Pero incluso si la hegemonía hubiera triunfado en Rusia, esta situación no debería influir en la toma de decisiones de la élite intelectual contrahegemónica, ya que debe moverse en nombre de objetivos fundamentales. Sólo una orientación exclusivamente hacia una idea, hacia la escatología, hacia el telos, hacia una meta, y no hacia beneficios momentáneos, puede traer la victoria y el éxito.

El pacto histórico de intelectuales con una filosofía vertical abierta puede ser solidario con la Federación de Rusia en su estado actual como uno de los elementos más importantes del archipiélago de la contrasociedad. La Rusia nuclear de Putin es una isla excelente en este archipiélago, perfecta para una lucha revolucionaria externa, una base maravillosa para capacitar a personas que deben promover actividades escatológicas y revolucionarias a escala mundial. Es una herramienta muy valiosa, pero sin ella se podría seguir igual. Necesitamos buscar contactos en China, Irán, India, Latinoamérica, hacer contrahegemonía en países africanos, en países asiáticos, en Europa, en Canadá, en Australia, etc. Todos los descontentos son miembros potenciales del archipiélago contrahegemónico: desde Estados hasta individuos. 

No se pueden equiparar dos cosas: los intereses nacionales de la Federación de Rusia, agotados por el término del transformismo y la estrategia global contrahegemónica. Son cosas diferentes, ya que la contrasociedad es deliberadamente extraterritorial y es un archipiélago.

Notas del Traductor:

1. Eco de Moscú (en ruso: Э́хо Москвы́) es una estación de radio rusa que transmite las 24/7 con sede en Moscú. Emite en muchas ciudades rusas, algunas de las ex repúblicas soviéticas (a través de asociaciones con estaciones de radio locales) y a través de Internet. El actual editor en jefe es Alexei Venediktov. Eco de Moscú se hizo famoso durante los eventos del intento de golpe de Estado soviético de 1991: fue uno de los pocos medios de comunicación que habló en contra del Comité Estatal sobre el Estado de Emergencia. Es un medio con posturas liberales.

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mercredi, 09 septembre 2020

Le corporatisme du XXIe siècle

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Le corporatisme du XXIe siècle

par Bastien VALORGUES

Quelques semaines après la fin du confinement en France est sorti un ouvrage collectif prévu à l’origine pour paraître au début du mois d’avril. Intitulé Réflexions pour un nouveau corporatisme, ce livre explore sous la houlette du rédacteur en chef d’Europe Maxima, Georges Feltin-Tracol et de sept contributeurs, les différentes facettes, historiques et contemporaines, de cette idée politique, sociale et économique.

Le corporatisme n’est-il pas pour autant une idée obsolète ? Au sortir de 1945, l’Europe récuse de manière explicite le concept, le mot et les théories qu’il recouvre. C’est si vrai qu’attaché au corporatisme d’association, la majorité des représentants du catholicisme social préfère employer l’expression plus neutre d’« organisation professionnelle » qui n’implique pas un système précis. Les auteurs démontrent tout le contraire.

Ancien bras droit de Giorgio Almirante, le chef du MSI dans les années 1970 – 1980, et co-fondateur d’un Institut d’études corporatistes à Rome, Massimo Magliaro oppose volontiers l’idéologie (système de pensée fermé et utopique) à la doctrine (système ouvert de valeurs s’incarnant dans une communauté qui fait sens). Ainsi considère-t-il le corporatisme comme une doctrine bi-millénaire dont les origines remontent aux collèges (de métier) de la Rome républicaine de l’Antiquité. Gabriele Adinolfi rappelle à propos du corporatisme que « la propagande de gauche l’a toujours utilisé pour indiquer l’égoïsme de catégorie qui rendrait la lutte collective impossible (p. 99) ». Il insiste en particulier sur l’expérience corporatiste du Ventennio mussolinien. Il explique qu’au plus fort de la grande crise de 1929, l’Italie fasciste bénéficie de « l’économie dans le monde qui a eu le moins de catastrophes de cette crise et qui a le plus protégé les groupes sociaux les plus faibles (p. 101) »… On comprend mieux pourquoi l’exemple italien a tant intéressé les économistes les moins conformistes.

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C’est ce qu’avancent Jean-Gilles Malliarakis et Franck Buleux. « Se réclamer de la Corporation, note Jean-Gilles Malliarakis, suppose un regard critique de la Révolution française qui les a abolies (p. 29). » Le corporatisme de 2020 sait s’appuyer sur un large ensemble théorique et pratique. Franck Buleux y voit donc le retour fécond de « l’homme-métier (p. 117) ». « Conservatisme contre libéralisme, corporatisme contre individualisme est le débat qui vient, celui qui définit le rôle du politique face à l’économique. Dans ce débat, le social, c’est-à-dire la défense de l’individu doit se joindre au politique. Le corporatisme c’est l’inclusion définitive de l’individu au sein de la société : même retraité, l’homme-métier doit rester partie prenante de la communauté dont il est issu, ne serait-ce que dans un souci de transmission (p. 125) ». Il poursuit que « la révolution corporatiste, celle qui remet le métier au milieu de la nation et l’homme (et la femme) au cœur des préoccupations sociales, doit représenter une nouvelle ère politique (idem) », d’où une « politique corporative » envisagée par Georges Feltin-Tracol.

Le corporatisme relève-t-il de la fameuse « troisième voie » ? Oui, estime Bernard Plouvier. Il inscrit même le « corporatisme tercériste » dans la veine plus générale du « populisme ». Dans un second texte, Bernard Plouvier en anti-libéral conséquent soutient avec raison que « l’État corporatiste a pour unique but de gérer le Bien commun aussi correctement que possible (p. 73) » Lecteur avisé de Carl Schmitt et de Charles Maurras (et de Karl Marx ?), Aristide Leucate observe que « le corporatisme comme troisième voie économique connaît un regain d’intérêt, voire d’actualité. L’articulation de la question des corps intermédiaires (piliers du corporatisme) avec la problématique globale de la démocratie, interroge sur la liberté, en général et donc sur la philosophie libérale ayant présidé à l’édification du modèle politique, économique et social français, depuis 1789. Plus précisément, il confronte ce modèle au miroir de ses propres contradictions (pp. 83 – 84) ». Sur la troisième voie et ses implications corporatistes, Daniel Cologne recense Pour la troisième voie solidariste. Un autre regard sur la question sociale de Georges Feltin-Tracol. Cet ouvrage ne se limite pas aux seuls aspects socio-économiques. « Ouvrant la voie à une Europe organique unissant ses nations et ses régions tout en respectant leur diversité, le solidarisme est la “ révolution nécessaire ” telle que l’ont pensée dans les années 1930 les non-conformistes Robert Aron et Arnaud Dandieu (p. 71). »

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En introduction, Georges Feltin-Tracol traite longuement de « L’invention corporatiste à l’ère des individus massifiés ». Dans une analyse théorique fulgurante, il relie le corporatisme au créditisme, au distributisme, à la participation ouvrière, à l’association Capital – Travail, à l’intéressement des salariés aux fruits de leur entreprise, à la décroissance et même aux thèses d’économie biophysique… La démonstration y est percutante, mais bien moins que dans « Politique corporative ». Il y encourage le renouveau de l’homo hierarchicus dans une société holistique et par « un État d’ordres communautaires concrets (p. 131) ».

De plus en plus méfiant à l’égard du suffrage universel et très réticent envers les procédures référendaires, Georges Feltin-Tracol préconise un suffrage plus corporatiste tel qu’il s’applique à Caracas au moment de l’élection de l’Assemblée nationale constituante en 2017 ou de la City de Londres où le Lord-maire émane du choix indirect de cent-dix guildes ou « corporations ». On découvre ainsi la persistance du vote corporatif en 2020 !

Deux annexes, l’une de Firmin Bacconnier et l’autre de Louis Baudin, complètent l’étude non exhaustive de cette idée d’avenir. L’essai collectif, Réflexions pour un nouveau corporatisme, constitue par conséquent un excellent manuel de révolution socio-économique non marxiste et anti-libéral.

Bastien Valorgues

• Georges Feltin-Tracol (sous la direction de), Réflexions pour un nouveau corporatisme, Synthèse nationale, coll. « Idées », 2020, 198 p., 20 €.

lundi, 07 septembre 2020

Gabriele Adinolfi et Georges Feltin-Tracol évoquent le corporatisme

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L’Echo des Canuts: "Sur le corporatisme"

Roberto reçoit Gabriele Adinolfi et Georges Feltin-Tracol pour évoquer le corporatisme et démonter quelques mythes…

Lien (pour écouter): https://radiomz.org/lecho-des-canuts-16-sur-le-corporatisme/?fbclid=IwAR2Pz2p9sA4xfz2o2se1-7wS9zB4UT9LL5N9-jMRRHFCya94dxmASYltZd0

mercredi, 02 septembre 2020

Georges Sorel et la violence défendable

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Georges Sorel et la violence défendable

Ex: http://antoinechimel.hautetfort.com

Abordons la notion de violence à travers l’exemple intéressant d’une pensée socialiste intègre ; à savoir celle de Georges Sorel, liant, surtout dans son ouvrage Réflexions sur la violence (1906), une violence jugée bénéfique avec les vertus suivantes, retrouvable dans l'éthique de la chevalerie, chère au célèbre écrivain et politique André Malraux, qu'il retrouvait également dans le bushido :
– politesse, bienveillance, compassion et générosité (les unes pouvant, de la première à la dernière, s’imbriquer aux autres) dans la conscience d’un bon sens et d’un héritage populaire local, régional et national conçu comme précieux ;
– loyauté, fidélité à soi (honneur)
et droiture (rectitude : rigueur et ouverture d’esprit), fiabilité, sincérité. Tout ceci amène au refus de la servitude et de la capitulation (se démettre plutôt que se soumettre) et fait naturellement appel au courage.

9782825119709_1_75.jpgCar peut-il y avoir violence dans la maîtrise de soi – alors non écrasée par l’audace – et justifiée par le courage de l’homme moral et révolté ?


Georges Sorel (1847-1922), philosophe et sociologue français, grand théoricien du syndicalisme révolutionnaire inspiré à la fois du marxisme et de l’anarchisme, idéalisait le prolétaire chez qui il relevait un courage particulier : celui de défendre son honneur tel un héros détenant une certaine morale ouvrière (au temps de Sorel, les prolétaires étaient très généralement des ouvriers).


Sorel opposait farouchement le prolétariat à la bourgeoisie, la seconde comprenant ses « grands penseurs » dont on « pourrait se demander si toute la haute morale […] ne serait pas fondée sur une dégradation du sentiment de l'honneur » (citation tirée des Réflexions sur la violence).


Dans un autre ouvrage, La Mort de Socrate, le philosophe en question parle de la « démoralisation extrême » de ces classes sociales pouvant se passer de travailler et/ou vivant des privilèges matériels et financiers des pouvoirs économiques et politiques.


À partir de là, le socialiste révolutionnaire justifie son attachement à la notion de travail – qu’il voit comme force nécessaire de production et de création – ainsi que l’usage de la violence à condition qu’elle ne soit pas gratuite mais qu’elle contribue bien à l’autonomie de la classe ouvrière. D’où ces propos : « Répondre par des coups aux avances des propagateurs de paix sociale, cela n’est pas assurément conforme aux règles du socialisme mondain [...] mais c’est un procédé très pratique pour signifier aux bourgeois qu’ils doivent s’occuper de leurs affaires et seulement de cela. » (Réflexions sur la violence) Pour Sorel, il en va tout bonnement de la sauvegarde de la moralité. Le socialisme de cet homme est révolutionnaire par sa validation de la lutte des classes qui, selon le philosophe Julien Freund (1921-1993), renoue « avec les traditions de l'héroïsme, de la générosité et des formes chevaleresques d'autrefois ». Ce socialisme est donc critique à l’égard de celui du célèbre meneur socialiste de l’époque Jean Jaurès jugé comme quelqu’un de trop mou sur le plan de la transcendance et manquant de radicalité. « Jaurès aurait dit : « Je n’ai pas la superstition de la légalité. Elle a eu tant d’échecs ! Mais je conseille toujours aux ouvriers de recourir aux moyens légaux ; car la violence est un signe de faiblesse passagère. » (Réflexions sur la violence) (1)


Freund nous informe, de surcroît, que la violence que préconise Sorel est « celle de l'audace du soldat, capable de se sacrifier au service de la collectivité et de sa transformation éthique ». Le révolutionnaire incapable de « l'audace décrite dans les épopées » peut « tirer un trait sur la révolution » ; même s’il ne s’agit pas, pour Sorel, de « justifier les violents, mais de savoir quel rôle appartient à la violence des masses ouvrières », comme il l’écrit dans La décomposition du marxisme en 1908.


Il critique ainsi la démocratie elle-même dans la mesure où la seule visée morale de celle-ci est le pacifisme ; elle ne propose, autrement dit, aucune vision particulière du progrès moral dont dépend pourtant le progrès social. Devenant démocratie d’opi-nions et de marché – donc démocratie bourgeoise et libérale –, son pouvoir est axiologiquement neutre (2), pour reprendre un concept du sociologue Max Weber abordé dans mon ouvrage L’Anarque. La démocratie, perçue comme telle, n’incarne alors aucune vertu citée dans la partie précédente. Pire encore, dans le cas où ses représentants – la critique sorélienne se faisant surtout sur le parlementarisme démocratique – se sentent en danger, ils peuvent user d’une violence qui, elle, sera « cruelle et brutale » (expression de Freund) donc illégitime.


9781511463447_p0_v1_s1200x630.jpgOpposé à elle, le socialisme doit donc constituer une éthique avant tout, c’est-à-dire – dans les mots de Freund – « une con-duite de la vie, une manière de retrouver le sens de l'honneur, de la noblesse d'âme, de l’héroïsme et du sublime ». L’opposition totale au capitalisme ne se fait pas simplement économiquement ou socialement mais aussi moralement et spirituellement. Nous pouvons, par conséquent, qualifier le socialisme de Sorel d’idé-aliste. Dans Revue de Métaphysique et de Morale en 1899, ce sociologue nous dit : « Le but final n'existe que pour notre vie in-térieure [...] il n'est pas en dehors de nous ; il est dans notre propre cœur. »


En résumé, Sorel conçoit la violence comme un moyen de la morale pratique socialiste, en précisant que cette violence n’est, pour reprendre des termes de Freund, ni « brutalité bestiale »


ni « rage destructrice » ni « haine aveugle » mais « l'expression d'une volonté consciente des prolétaires qui traduisent leurs idées en actes ». Car l’éthique de ces derniers « s'éprouve dans des actes, elle exige la force de caractère individuelle, le sens de la responsabilité et du courage collectif, justement parce qu'elle violente ainsi les excuses intellectuelles ». Par exemple, la grève générale érigée en mythe doit être salutaire pour l’homme moral. Puisque, malgré certains préjugés contemporains, celui-ci, selon Freund en parlant toujours des idées de Sorel, n'est pas voué à la « niaiserie » ni au « sentiment de culpabilité humanitariste » ni à la « pleurnicherie sur les vicissitudes humaines ».


Pourquoi préférer la grève générale aux autres grèves, spécialement contextualisées et localisées ? Tout simplement parce que les deuxièmes ne font jamais trembler réellement et totale-ment la classe supérieure. Sorel nous dit dans ses Réflexions sur la violence : « Je comprends que ce mythe de la grève générale froisse beaucoup de gens sages à cause de son caractère d’infinité. […] Tant que le socialisme demeure une doctrine entière-ment exposée en paroles, il est très facile de le faire dévier vers un juste milieu ; mais cette transformation est manifestement impossible quand on introduit le mythe de la grève générale, qui comporte une révolution absolue, […] qui donne au socialisme une valeur morale si haute et une si grande loyauté. »


22532583001.jpgPrécisons que, dans le même ouvrage, Sorel défend le concept de mythe en tant que tel car les mythes, telles des allégories entretenant l’union et la mobilisation d’un groupe humain, sont des « moyens d’agir sur le présent ». Ensuite, « toute discussion sur la manière de les appliquer matériellement sur le cours de l'histoire est dépourvue de sens. C'est l'ensemble du mythe qui importe seul ».


En particulier, le mythe de la grève générale est celui « dans lequel le socialisme s'enferme tout entier, c'est-à-dire une organisation d'images capables d'évoquer instinctivement tous les sentiments qui correspondent aux diverses manifestations de la guerre engagée par le socialisme contre la société moderne ». Ainsi, il n’est pas « utile de raisonner sur les incidents qui peu-vent se produire au cours de la guerre sociale et sur les conflits décisifs qui peuvent donner la victoire au prolétariat ; alors même que les révolutionnaires se tromperaient, du tout au tout, en se faisant un tableau fantaisiste de la grève générale, ce tableau pourrait avoir été, au cours de la préparation à la révolution, un élément de force de premier ordre, s'il a admis, d'une manière parfaite, toutes les aspirations du socialisme et s'il a donné à l'ensemble des pensées révolutionnaires une précision et une raideur que n'auraient pu leur fournir d'autres manières de penser ».

Une dernière remarque : en raison de sa conception de la violence, Sorel s’opposera à la philosophie des Lumières étant à l’origine de la démocratie parlementaire qu’il dénonce et vouant généralement un culte au pacifisme qui dépendrait du commerce (justification de l’existence du capitalisme).


Je termine cette partie avec des propos de Sorel issus de la fin de ses Réflexions sur la violence. Intéressants dans tous les cas, ils peuvent sembler au mieux idéalistes, au pire irréalistes et désuets compte tenu notamment de l’affaiblissement, en Occident, de la conscience révolutionnaire authentique par le développement du secteur tertiaire et l’expansion du capitalisme moderne soutenue par la puissance des organisations politiques et économiques supranationales. « La violence prolétarienne a une tout autre signification historique que celle que lui attribuent les savants superficiels et les politiciens ; dans la ruine totale des institutions et des mœurs, il reste quelque chose de puissant, de neuf, d'intact, c'est ce qui constitue, à proprement parler, l'âme du prolétariat révolutionnaire ; et cela ne sera pas entraîné dans la déchéance générale des valeurs morales, si les travailleurs ont assez d'énergie pour barrer le chemin aux corrupteurs bourgeois, en répondant à leurs avances par la brutalité la plus intelligible […] C'est à la violence [prolétarienne] que le socialisme doit les hautes valeurs morales par lesquelles il apporte le salut au mon-de moderne. »


Toujours est-il qu’avec la crise économique actuelle et l’effondrement économique qui nous pend au nez, les mœurs et institutions artificielles érigées par les mondialistes peuvent bel et bien tomber en « ruine totale ». L’espérance se situe alors dans toutes les composantes populaires qui parviennent encore à résister tant bien que mal à ces précédentes mœurs et institutions, à vivre dans la Décence commune (contre la précédente déchéance commune). Décence commune, ou ordinaire : concept de l’écrivain britannique George Orwell (comme quoi, un Georges peut en cacher un autre) redéfini par le philosophe contemporain Jean-Claude Michéa comme notamment un « mixte, historiquement constitué, de civilités traditionnelles et de dispositions modernes qui ont jusqu’ici permis de neutraliser une grande partie de l’horreur économique ». (L’Enseignement de l’ignorance).


NOTES

(1) Les « procédés anarchistes » contre les « grands pontifes socialistes »
Georges Sorel, en accord avec les anarchistes méprisant les politiciens socialistes, aurait souscrit, je pense, aux propos suivants d’Émile Henry (1872-1894), jeune militant anarchiste guillotiné à la suite d’attentats dont il était l’auteur : « J’avais suivi avec attention les événements de Carmaux. Les premières nouvelles de la grève m’avaient comblé de joie : les mineurs paraissaient disposés à renoncer aux grèves pacifiques et inutiles, où le travailleur confiant attend patiemment que ses quelques francs triomphent des millions des compagnies. Ils semblaient entrés dans une voie de violence qui s’affirma résolument le 15 août 1892. Les bureaux et les bâtiments de la mine furent envahis par une foule lasse de souffrir sans se venger : justice allait être faite de l’ingénieur si haï de ses ouvriers, lorsque des timorés s’interposèrent. Quels étaient ces hommes ? Les mêmes qui font avorter tous les mouvements révolutionnaires, parce qu’ils craignent qu’une fois lancé le peuple n’obéisse plus à leurs voix, ceux qui poussent des milliers d’hommes à endurer des privations pendant des mois entiers, afin de battre la grosse caisse sur leurs souffrances et se créer une popularité qui leur permettra de décrocher un mandat – je veux dire les chefs socialistes – ces hommes, en effet, prirent la tête du mouvement gréviste. On vit tout à coup s’abattre sur le pays une nuée de messieurs beaux parleurs, qui se mirent à la disposition entière de la grève, organisèrent des souscriptions, firent des conférences, adressèrent des appels de fonds de tous les côtés. Les mineurs déposèrent toute initiative entre leurs mains. Ce qui arriva, on le sait. La grève s’éternisa, les mineurs firent une plus intime connaissance avec la faim, leur compagne habituelle ; ils mangèrent le petit fonds de réserve de leur syndicat et celui des autres corporations qui leur vinrent en aide, puis au bout de deux mois, l’oreille basse, ils retournèrent à leur fosse, plus misérables qu’auparavant. Il eût été si simple, dès le début, d’attaquer la compagnie dans son seul endroit sensible, l’argent ; de brûler le stock de charbon, de briser les machines d’extraction, de démolir les pompes d’épuisement. Certes, la compagnie eût capitulé bien vite. Mais les grands pontifes du socialisme n’admettent pas ces procédés là, qui sont des procédés anarchistes. À ce jeu il y a de la prison à risquer, et, qui sait, peut être une de ces balles qui firent merveille à Fourmies. On y gagne aucun siège municipal ou législatif. Bref, l’ordre un instant troublé régna de nouveau à Carmaux. La compagnie, plus puissante que jamais, continua son exploitation et messieurs les actionnaires se félicitèrent de l’heureuse issue de la grève. Allons, les dividendes seraient en-core bons à toucher. »

(2) Une violence défendable car opposée aux pacifismes insidieux
Chez Max Weber, la neutralité axiologique est fondamentalement l’attitude du sociologue « n’émettant aucun jugement de valeur dans ses travaux », autrement dit, devant « prendre en compte, sans jugement personnel, les valeurs morales, les mœurs et les coutumes concernées dans les rapports sociaux qu’il analyse » (L’Anarque).
La neutralité axiologique de l’État libéral signifie, sinon, que, sur « le plan des valeurs (morale, éthique, religion), […] il ne doit à aucun moment incarner ni donner un jugement » (L’Anarque). Ce qui ne veut pas dire que l’État libéral est « apolitique ».

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À notre époque et sous la houlette de la gauche libérale – donc, entre autres, du politiquement correct –, la neutralité axiologique sert à une pacification idéologique de la société et laisse libre cours à une « pacification » par le commerce qui ravit la droite libérale. Je mets des guillemets car, si officiellement la mondialisation se veut « heureuse » par le libre échange intégral, les choses sont différentes dans le quotidien des classes labo-rieuses. La pacification en question débouche plutôt, concrète-ment, dans un asservissement populaire par notamment le consumérisme et le salariat généralisés. L’homme lui-même devient marchandise – donc outil de consommation – puisqu’il doit sa-voir « se vendre » sur le marché du travail, stimulant les règles anti-libertés d’une concurrence acharnée. En réalité, nous évoluons donc bien moins sous le règne de « la paix par le commerce » que sous celui d’une violence économique qui déshumanise.

À savoir aussi qu’une politique de gauche peut parfois engendrer plus de violence économique qu’une politique de droite dans la mesure où, dans les couches populaires, la pilule est censée mieux passée sous l’étiquette « de gauche ». Car il existe ces refrains intellectuels et, plus globalement, cette pseudo-éthique moderne intégrés dans une idéologie du progrès, nommée progressisme, actuellement dominante et publiquement portée par les appareils politiques dits « de gauche ».
Nous pouvons résumer ce double processus de pacification dans la formule suivante : la gauche est l’idéologie et la droite le commerce. En même temps, je peux dire que le commerce idéalisé en Loi du Marché relève aussi d’une idéologie. Je dirais cependant qu’elle est surtout une stratégie économique de l’hyperclasse dans le but d’asseoir sa domination à la fois économique et politique – puisqu’elle contrôle les ficelles de la « politique politicienne » pour, justement, faire mieux passer la pilule précédente. (L’hyperclasse comprend les dirigeants des organismes économiques inter-nationaux, « les patrons de multinationales, ceux des principaux groupes pétroliers et des grandes banques mondiales (l’aristocratie financière), et ces intellectuels et économistes en tous genres, se voulant déracinés pour s’assurer d’être en dehors de toute sensibilité morale qui compromettrait leur mépris des réalités sociales élémentaires et des spécificités culturelles de tel ou tel peuple ».)
Une remarque historique : une forme de progressisme a donné le pacifisme de gauche d’entre les deux guerres mondiales du XXe siècle. Le fameux « jamais plus la guerre ! » comme mot d’ordre de ce pacifisme a freiné, chez un certain nombre de ses représentants, l’entrée en résistance voire amené à la collaboration avec les Nazis. À l’inverse, des gens issus de la droite, ne suivant pas de doctrine particulière, ont su répondre naturellement et plus facilement à l'appel de la liberté, aussi bien extérieur à eux (Charles De Gaulle) qu'intérieur (instinct de révolte, fibre anarchique).
Quant à l’Union européenne, ne repose-t-elle pas sur ce précédent mot d’ordre en ayant vendu, telle une piqûre de rappel pacifiste s’assurant d’assommer les démocraties nationales, le libre échange intégral – institutionnalisant une liberté du commerce adaptée à la modernité du néo-capitalisme – comme forcé-ment vertueux, censé nous protéger de toute guerre intra-européenne ?

samedi, 29 août 2020

Notes on Populism

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Notes on Populism

Populism seeks to rescue popular government from corrupt elites. Naturally, the elites strike back. The most common accusation from elite commentators is that populism is “anti-democratic.” As Yascha Mounk frames it, populism is “the people vs. democracy.” I argue that populism is not anti-democratic, but it is anti-liberal. (See Donald Thoresen’s review of Mounk’s The People vs. Democracy here [2].)

Many critics of populism accuse it of being a form of white identity politics, and many critics of white identity politics accuse it of being populist. Populism and white identity politics are distinct but sometimes overlapping phenomena. I will argue, however, that populism and white identity politics complement one another, so that the strongest form of white identity politics is populist, and the strongest form of populism is identitarian. But first, we need to clarify what populism really is.

Political Ideology or Political Style?

One of the more superficial claims about populism is that it is not a political ideology but simply a “political style.” An ideology is a set of principles. A political style is a way of embodying and communicating political principles. The idea that populism is merely a political style is based on the observation that there are populisms of the Left and the Right, so how could it be a unified ideology? Of course, there are also liberalisms of the Left and Right, but this does not imply that liberalism is merely a style of politics rather than a political ideology.

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Principles of Populism

Just as Right and Left liberalism appeal to common political principles, Right and Left populists also have the same basic political ideas:

  • All populists appeal to the principle of popular sovereignty. Sovereignty means that a people is independent of other peoples. A sovereign nation is master of its own internal affairs. It can pursue its own ends, as opposed to being subordinated to the ends of others, such as a foreign people or a monarch. The sovereignty of the people is the idea that legitimate government is “of the people, by the people, for the people,” meaning that (1) the people must somehow participate in government, i.e., that they govern themselves, and (2) the state acts in the interest of the people as a whole, i.e., for the common good.
  • All populists politically mobilize on the premise that popular government has been betrayed by a tiny minority of political insiders, who have arrogated the people’s right to self-government and who govern for their own factional interests, or foreign interests, but not in the interest of the people as a whole. Populists thus declare that the political system is in crisis.
  • All populists hold that the sovereignty of the people must be restored (1) by ensuring greater popular participation in politics and (2) by replacing traitorous elites with loyal servants of the people. Populists thus frame themselves as redeeming popular sovereignty from a crisis.

Two Senses of “the People”

When populists say the people are sovereign, they mean the people as a whole. When populists oppose “the people” to “the elites,” they are contrasting the vast majority, who are political outsiders, to the elites, who are political insiders. The goal of populism, however, is to restore the unity of the sovereign people by eliminating the conflict of interests between the elites and the people.

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Ethnic and Civic Peoplehood

There are two basic ways of defining a people: ethnic and civic. An ethnic group is unified by blood, culture, and history. An ethnic group is an extended family with a common language and history. Ethnic groups always emerge in a particular place but do not necessarily remain there. A civic conception of peoplehood is a construct that seeks to impose unity on a society composed of different ethnic groups, lacking a common descent, culture, and history. For instance, civic nationalists claim that a person can become British, American, or Swedish simply by government fiat, i.e., by giving them legal citizenship.

Ethnic nationalism draws strength from unity and homogeneity. Ethnically defined groups grow primarily through reproduction, although they have always recognized that some foreigners can be “naturalized”—i.e., “assimilated” into the body politic—although rarely and with much effort. Civic nationalism lacks the strength of unity but aims to mitigate that fact with civic ideology and to offset it with strength in numbers, since in principle the whole world can have identity papers issued by a central state.

A civic people is a pure social construct imposed on a set of particular human beings that need not have anything more in common than walking on two legs and having citizenship papers. Civic conceptions of peoplehood thus go hand in hand with the radical nominalist position that only individuals, not collectives, exist in the real world.

An ethnic people is much more than a social construct. First of all, kinship groups are real biological collectives. Beyond that, although ethnic groups are distinguished from other biologically similar groups by differences of language, culture, and history, there is a distinction between evolved social practices like language and culture and mere legislative fiats and other social constructs.

Ethnic peoples exist even without their own states. There are many stateless peoples in the world. But civic peoples do not exist without a state. Civic polities are constructs of the elites that control states.

Populism and Elitism

Populism is contrasted with elitism. But populists are not against elites as such. Populists oppose elites for two main reasons: when they are not part of the people and when they exploit the people. Populists approve of elites that are organically part of the people and function as servants of the people as a whole.

Populists recognize that people differ in terms of intelligence, virtue, and skills. Populists want to have the best-qualified people in important offices. But they want to ensure that elites work for the common good of the polity, not for their own factional interests (or foreign interests). To ensure this, populists wish to empower the people to check the power of elites, as well as to create new elites that are organically connected to the people and who put the common good above their private interests. (For more on this, see my “Notes on Populism, Elitism, and Democracy [9].”)

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Populism and Classical Republicanism

When political scientists and commentators discuss the history of populism, most begin with nineteenth-century agrarian movements like the Narodniki in Russia and the People’s Party in the United States. But nineteenth-century populism looked backward to the republics of the ancient world, specifically the “mixed regime” of Rome.

Aristotle’s Politics is the most influential theory of the mixed regime. (See my “Introduction to Aristotle’s Politicshere [10].) Aristotle observed that a society can be ruled by one man, a few men, or many men. But a society can never be ruled by all men, since every society inevitably includes people who are incapable of participating in government due to lack of ability, for instance the very young, the crazy, and the senile.

Aristotle also observed that the one, few, or many could govern for their factional interests or for the common good. When one man governs for the common good, we have monarchy. When he governs for his private interests, we have tyranny. When few govern for the common good, we have aristocracy. When the few govern for their private interests, we have oligarchy. When the many govern for the common good, we have polity. When they govern for their factional interests, we have democracy.

It is interesting that for Aristotle, democracy is bad by definition, and that he had to invent a new word, “polity,” for the good kind of popular rule that was, presumably, so rare that nobody had yet coined a term for it.

Aristotle recognized that government by one man or few men is always government by the rich, regardless of whether wealth is used to purchase political power or whether political power is used to secure wealth. Thus popular government always empowers those who lack wealth. The extremely poor, however, tend to be alienated, servile, and greedy. The self-employed middle classes, however, have a stake in the future, long-time horizons, and sufficient leisure to participate in politics. Thus popular government tends to be stable when it empowers the middle classes and chaotic when it empowers the poorest elements.

Finally, Aristotle recognized that a regime that mixes together rule by the one, the few, and the many, is more likely to achieve the common good, not simply because each group is public spirited, but also because they are all jealous to protect their private interests from being despoiled by the rest. Aristotle was thus the first theorist of the “mixed regime.” But he was simply observing the functioning of actually existing mixed regimes like Sparta.

One can generate modern populism quite easily from Aristotle’s premises. Aristotle’s idea of the common good is the basis of the idea of popular sovereignty, which means, first and foremost, that legitimate government must look out for the common good of the people.

Beyond that, Aristotle argued that the best way to ensure legitimate government is to empower the many—specifically the middle class—to participate in government. The default position of every society is to be governed by the one or the few. When the elites govern selfishly and oppress the people, the people naturally wish to rectify this by demanding participation in government. They can, of course, use their power simply to satisfy their factional interests, which is why democracy has always been feared. But if popular rule is unjust, it is also unstable. Thus to be stable and salutary, popular rule must aim at the common good of society.

The great theorist of popular sovereignty is Jean-Jacques Rousseau. In his On the Social Contract, Rousseau claims that the General Will is the fount of sovereignty and legitimacy. What is the General Will? The General Will wills the common good. The common good is not a convention or construct of the General Will but rather an objective fact that must be discovered and then realized through political action.

Rousseau distinguishes the General Will from the Will of All. The General Will is what we ought to will. The Will of All is what we happen to will. The Will of All can be wrong, however. Thus we cannot determine the General Will simply by polling the people.

Rousseau even holds out the possibility that an elite, or a dictator, can know the General Will better than the populace at large. But no matter how the General Will is determined—and no matter who controls the levers of power—political legitimacy arises from the common good of the people.

Populism and Representation

Populism is often associated with “direct” as opposed to “representative” democracy. Populists tend to favor referendums and plebiscites, in which the electorate as a whole decides on important issues, as opposed to allowing them to be decided by representatives in parliament. In truth, though, there is no such thing as direct democracy in which the whole of the people acts. Even in plebiscites, some people always represent the interests of others. Thus democracy always requires some degree of representation.

One can only vote in the present. But a people is not just its present members. It also consists of its past members and its future members. Our ancestors matter to us. They created a society and passed it on to us. They established standards by which we measure ourselves. And just as our ancestors lived not just for themselves, but for their posterity, people today make decisions that affect future generations. Thus in every democratic decision, the living must represent the interests of the dead and the not yet born.

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Moreover, within the present generation, some are too young to participate in politics. Others are unable due to disability. The basic principle for excluding living people from the electorate is that they would lower the quality of political decision-making. However, they are still part of the people, and they have genuine interests. Thus the electorate must represent their interests as well.

Beyond that, there are distinctions among competent adults that may lead to further constriction of the electorate, again to raise the quality of political decision-making. For instance, people have argued that the franchise should be restricted to men (because they are the natural guardians of society or because they are more rational than women), or to people with property (because they have more to lose), or to people with children (because they have a greater stake in the future), or to military veterans (because they have proven themselves willing to die, if necessary, for the common good). But again, all of those who are excluded from the franchise are still part of the people, with interests that must be respected. So they must be represented by the electorate.

Thus even in a plebiscite, the people as a whole is represented by only a part, the electorate. Beyond that, unless voting is mandatory, not every member of the electorate will choose to vote. So those who do not vote are represented by those who do.

Thus far, this thought experiment has not even gotten to the question of representative democracy, which takes the process one step further. An elected representative may stand for hundreds of thousands or millions of voters. And those voters in turn stand for eligible non-voters, as well as those who are not eligible to vote, and beyond that, those who are not present to vote because they are dead or not yet born. The not-yet-born is an indefinite number that we hope is infinite, meaning that our people never dies. It seems miraculous that such a multitude could ever be represented by a relative handful of representatives (in the US, 535 Representatives and Senators for more than 300 million living people and untold billions of the dead and yet-to-be-born). Bear in mind, also, that practically every modern politician will eagerly claim to be really thinking about the good of the entire human race.

But we have not yet scaled the highest peak, for people quite spontaneously think of the president, prime minister, or monarch—a single individual—as representing the interests of the entire body politic. Even if that is not their constitutional role, there are circumstances—such as emergencies—in which such leaders are expected to intuit the common good and act accordingly.

Thus it is not surprising that cynics wish to claim that the very ideas of a sovereign people, a common good, and the ability to represent them in politics are simply myths and mumbo-jumbo. Wouldn’t it be better to replace such myths with concrete realities, like selfish individuals and value-neutral institutions that let them peacefully pursue their own private goods?

But the sovereign individual and the “invisible hand” are actually more problematic than the sovereign people and its avatars. From direct democracy in small towns to the popular uprisings that brought down communism, we have actual examples of sovereign peoples manifesting themselves and exercising power. We have actual examples of leaders representing a sovereign people, divining the common good, and acting to secure it.

There is no question that sovereign peoples actually exercise power for their common goods. But how it happens seems like magic. This explains why popular sovereignty is always breaking down. Which in turn explains why populist movements keep arising to return power to the people.

Populism and Democracy

The claim that populism is anti-democratic is false. Populism simply is another word for democracy, understood as popular sovereignty plus political empowerment of the many. Current elites claim that populism threatens “democracy” because they are advocates of specifically liberal democracy. (See my review of Jan-Werner Mueller’s What Is Populism? here [15] and William Galston’s Anti-Pluralism here [16].)

Liberal democrats claim to protect the rights of the individual and of minorities from unrestrained majoritarianism. Liberal democrats also defend “pluralism.” Finally, liberal democrats insist that the majority is simply not competent to participate directly in government, thus they must be content to elect representatives from an established political class and political parties. These representatives, moreover, give great latitude to unelected technocrats in the permanent bureaucracy.

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Liberal democracy is, in short, anti-majoritarian and elitist. Populists recognize that such regimes can work for the public good, as long as the ruling elites are part of the people and see themselves as its servants. But without the oversight and empowerment of the people, there is nothing to prevent liberal democracy from mutating into the rule of corrupt elites for their private interests and for foreign interests. This is why populism is on the rise: to root out corruption and restore popular sovereignty and the common good.

Populists need not reject liberal protections for individuals and minorities, ethnic or political. They need not reject “pluralism” when it is understood as freedom of opinion and multiparty democracy. Populists don’t even reject elites, political representation, and technocratic competence. Populists can value all of these things. But they value the common good of the people even more, and they recognize that liberal values don’t necessarily serve the common good. When they don’t, they need to be brought into line. Liberals, however, tend to put their ideology above the common good, leading to the corruption of popular government. Ideological liberalism is a disease of democracy. Populism is the cure.

Populism and White Identity Politics

What is the connection between populism and white identity politics? I am both a populist and an advocate of white identity politics. But there are advocates of white identity politics who are anti-populist (for instance, those who are influenced by Traditionalism and monarchism), and there are non-white populists around the world (for instance, Rodrigo Duterte in the Philippines and Thaksin Shinawatra in Thailand).

However, even if there is no necessary connection between populism and white identity politics, I wish to argue that the two movements should work together in every white country. White identitarians will be strengthened by populism, and populism will be strengthened by appeals to white identity.

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Why should white identitarians align ourselves with populism? Roger Eatwell and Matthew Goodwin argue in National Populism: The Revolt Against Liberal Democracy that the rise of national populism is motivated by what they call “the Four Ds.” The first is Distrust, namely the breakdown of public trust in government. The second is Destruction, specifically the destruction of identity, the destruction of the ethnic composition of their homelands due to immigration and multiculturalism. The third trend is Deprivation, referring to the collapse of First-World living standards, especially middle-class and working-class living standards, due to globalization. The final trend is Dealignment, meaning the abandonment of the center-Left, center-Right duopolies common in post-Second World War democracies. (For more on Eatwell and Goodwin, see my “National Populism Is Here to Stay [18].”)

The Destruction of identity due to immigration and multiculturalism is a central issue for white identitarians. The Deprivation caused by globalization is also one of our central issues. The only way to fix these problems is to adopt white identitarian policies, namely to put the interests and identity of indigenous whites first. Once that principle is enshrined, everything we want follows as a matter of course. It is just a matter of time and will.

As for Distrust and Dealignment, these can go for or against us, but we can certainly relate to them, and we can contribute to and shape them as well.

Eatwell and Goodwin argue that the “Four Ds” are longstanding and deep-seated trends. They will be affecting politics for decades to come. National populism is the wave of the future, and we should ride it to political power.

Why do populists need to appeal to white identity? It all comes down to what counts as the people. Is the people at its core an ethnic group, or is it defined in purely civic terms? Populists of the Right appeal explicitly or implicitly to identitarian issues. Populists of the Left prefer to define the people in civic or class terms and focus on economic issues. Since, as Eatwell and Goodwin argue, both identitarian and economic issues are driving the rise of populism, populists of the Right will have a broader appeal because they appeal to both identity and economic issues.

The great task of white identitarians today is to destroy the legitimacy of civic nationalism and push the populism of the Right toward explicit white identitarianism.

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jeudi, 27 août 2020

Zur Nietzsche-Rezeption Arthur Moeller van den Brucks

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Armin Thomas Müller:

Zur Nietzsche-Rezeption Arthur Moeller van den Brucks

 
Vortrag an der Universität Freiburg, Februar 2017
 

"Julien Freund: testigo del siglo XX" con Jerónimo Molina

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Entrevistas por el mundo:

"Julien Freund: testigo del siglo XX" con Jerónimo Molina

 
Hablamos con el profesor de la Universidad de Murcia, Jerónimo Molina Cano sobre la vida y la obra de Julien Freund.
 
Jerónimo Molina Cano es un polemólogo e historiador de las ideas políticas y jurídicas.
 
 
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Ram Swarup And Sita Ram Goel: Their Importance For Hindu Thought

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Ram Swarup And Sita Ram Goel: Their Importance For Hindu Thought

Koenraad Elst 

Voice Of India

 
Shri Ram Swarup and Shri Sita Ram Goel always emphasized that the religion is the problem, not its followers. To talk about Muslims without implying Islam, is irrelevant. The essence of Islam is simply what is laid out in the Qur’an and the Hadith, i.e. Mohammed’s beliefs and conduct. Shri Ram Swarup and Shri Sita Ram Goel will be remembered by Hindus in India and around the world for a long time. For most of the last half of the twentieth century, they produced hundreds of books, articles and pamphlets praising the glories of Hinduism while warning of its most malicious foes.
 
 
About Speaker:
- Dr. Koenraad Elst was born in Leuven, Belgium, on 7 August 1959, into a Flemish (i.e. Dutch-speaking Belgian) Catholic family. He graduated in Philosophy, Chinese Studies and Indo-Iranian Studies at the Catholic University of Leuven. During a stay at the Benares Hindu University, he discovered India's communal problem and wrote his first book about the budding Ayodhya conflict. While establishing himself as a columnist for a number of Belgian and Indian papers, he frequently returned to India to study various aspects of its ethno-religio-political configuration and interview Hindu and other leaders and thinkers. His research on the ideological development of Hindu revivalism earned him his Ph.D. in Leuven in 1998. He has also published about multiculturalism, language policy issues, ancient Chinese history and philosophy, comparative religion, and the Aryan invasion debate.
 

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mercredi, 26 août 2020

Droit et démocratie chez Carl Schmitt. Avec Ninon Grangé, Rainer Maria Kiesow, Daniel Meyer et Augustin Simard à la Maison des Sciences de l'Homme

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Droit et démocratie chez Carl Schmitt. Avec Ninon Grangé, Rainer Maria Kiesow, Daniel Meyer et Augustin Simard à la Maison des Sciences de l'Homme.

Durée : 1 heures 43 minutes 4 secondes

Pour écouter: http://ekouter.net/droit-et-democratie-chez-carl-schmitt-avec-ninon-grange-rainer-maria-kiesow-daniel-meyer-et-augustin-simard-a-la-maison-des-sciences-de-l-homme-5181#

Description :
Quatre livres de ou sur Carl schmitt on été récemment traduit en français : La loi désarmée. Carl Schmitt et la controverse légalité/légitimité sous Weimar (Augustin Simard, Éditions de la MSH, 2009), Légalité et légitimité (Carl Schmitt, traduit par Christian Roy&Augustin Simard, Éditions de la MSH, 2016), Loi et jugement. Une enquête sur le problème de la pratique du droit (Carl Schmitt, traduit de l'allemand et présenté par Rainer Maria Kiesow, Éditions de l’EHESS, 2019) et Carl Schmitt. Nomos, droit et conflit dans les relations internationales (Ninon Grangé, PUR, 2013).


C'est donc à une rencontre sur l'histoire politique des concepts du droit (légalité/légitimité, loi/jugement, etc.) (re)pensés par Carl Schmitt et étroitement liés au constitutionnalisme que nous avons droit, en compagnie des auteurs et traducteurs des livre pré-cités, qui s'avèrent être également parmi les meilleurs spécialistes au plan international de l'œuvre du plus grand juriste allemand du XXe siècle.

mardi, 18 août 2020

The Essential Burke - From the French Revolution to BLM

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The Essential Burke
From the French Revolution to BLM

Edmund Burke, Reflections on the Revolution in France (Oxford: Oxford University Press, 1993 [1791])

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I recently had the pleasure of speaking with Fróði Midjord and Andrew Joyce on Edmund Burke’s classic counter-revolutionary text, Reflections on the Revolution in France. I invite you all to have a listen as Burke’s work, in particular his psychological analysis of the Left, has stood the test of time and remains uncannily insightful in the age of BLM, trans activism, antifa, and all their radical chic apologists.

Burke attacked, with great eloquence, insight, and ferocity, the basic ideas which had emerged in the eighteenth century and still govern our world today: the so-called Rights of Man. For Burke, basing political order on such abstract, ambiguous, and ever-fluctuating ideological fashions could only lead to perpetual chaos culminating yet-more-vicious governments. Instead, he prefers time-tested institutions and customs in tune with human nature.

In terms of practical politics, Burke is in fact quite moderate. One should only cautiously change one’s inherited customs and institutions, always preserving what is valuable. In general, a mixed democratic, aristocratic, and monarchic regime is preferable, but what is actually best will differ according to circumstance (even a democracy might be preferable in some instances). France’s Ancien Régime, he concedes, certainly could be improved upon and capacity for reform is always necessary: “A state without the means of some change is without the means of its conservation” (21). Revolution is an option in the face of a tyrannical government, but it must be the last option, a gamble to be resorted to in exceptionally grave circumstances.

Burkean Community: An Intergenerational Compact

Burke opposes the individualist and egalitarian tendencies of the Enlightenment. His “social contract” is an organic and indeed intergenerational community:

Society is indeed a contract . . . It is a partnership in all science; a partnership in all art; a partnership in every virtue, and in all perfection. As the ends of such a partnership cannot be obtained in many generations, it becomes a partnership not only between those who are living, but between those who are living, those who are dead, and those who are to be born. Each contract of each particular state is but a clause in the great primaeval contract of eternal society, linking the lower with the higher natures . . . (96-7)

How sublime is such a vision is as against a politics of maximizing personal choice and fictitious equality!

Society being an intergenerational compact, the current generation must treasure the customs and institutions inherited from the past, which have been patiently built up over the centuries. But let me quote Burke himself:

Through the same plan of a conformity to nature in our artificial institutions, and by calling in the aid of her unerring and powerful instincts, to fortify the fallible and feeble contrivances of our reason, we have derived several other, and those no small benefits, from considering our liberties in the light of an inheritance. (34)

Politicians ought to look to “the practice of their ancestors, the fundamental laws of their country, the fixed form of a constitution, whose merits are confirmed by the solid test of long experience, and an increasing public strength and national prosperity” (58). However, the revolutionaries “despise experience as the wisdom of unlettered men” (58).

Burke’s appeal to intergenerational and inherited wisdom also extends to the personal level in the form a striking defense of prejudice. Prejudice is a concentrate of practical and hard-won wisdom handed down from past generations:

You see, Sir, that in this enlightened age I am bold enough to confess, that we are generally men of untaught feelings; that instead of casting away all our old prejudices, we cherish them to a very considerable degree, and, to take more shame to ourselves, we cherish them because they are prejudices; and the longer they have lasted, and the more generally they have prevailed, the more we cherish them. We are afraid to put men to live and trade each on their own private stock of reason . . . better to avail themselves of the general bank and capital of nations, and of ages. Many of our men of speculation, instead of exploding general prejudices, employ their sagacity to discover the latent wisdom which prevails in them.. Prejudice is of ready application in the emergency; it previously engages the mind in a steady course of wisdom and virtue, and does not leave the man hesitating in the moment of decision, sceptical, puzzled, and unresolved. Prejudice renders a man’s virtue his habit; and not a series of unconnected acts. Through just such prejudice, his duty becomes a part of his nature. (87)

Human Nature as the Foundation of Politics

Burke is emphatic in arguing that political institutions must hew closely to the realities of human nature. He says: “I have endeavoured through my whole life to make myself acquainted with human nature: otherwise I should be unfit to take even my humble part in the service of mankind” (137). He provocatively dismisses the Enlightenment philosophes saying he is “[i]nfluenced by the inborn feelings of my nature . . . not being illuminated by a single ray of this new-sprung modern light” (74).

For Burke, political institutions must not be based on an exaggerated notion of humanity’s capacity for reason, but be carefully adapted to our sentiments: building upon religious piety and ‘irrational’ emotional investment in traditions and institutions, and being careful to not unleash the envy, frustration, and bitterness that lies in every human heart.

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Charlotte Corday (having killed the revolutionary writer Jean-Paul Marat)

Burke is sensitive to the impact of both in-born human nature and upbringing and living conditions in defining men’s character. The ancient lawgivers, he says, “were sensible that the operation of this second nature [upbringing and living conditions] on the first [in-born nature] produced a new combination; and thence arose many diversities among men” (185).

By contrast, the French revolutionaries refused to recognize the diversity of really existing men, but spoke only of “man” in the abstract. Burke lambasts them for being at war with human nature and destroying inherited institutions which bound society together in the name of impossible equality:

[Y]ou think you are combating prejudice, but you are at war with nature. (49)

This sort of people are so taken up with their theories about the rights of man, that they have totally forgot his nature. (64)

[Y]ou ought to make a revolution in nature, and provide a new constitution for the human mind. (202)

Man may not always like his nature, but he only loses by despising and being ignorant of it:

Those who quit their proper character, to assume what does not belong to them, are, for the greater part, ignorant both of the character they leave, and of the character they assume. (11)

You might change the names. The things in some shape must remain. (142)

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Nicolas de Condorcet, a scientist, staunch believer in progress, supporter of the Revolution, and ultimately one of its victims.

The Psychology of Egalitarian Revolutionaries

Burke is particularly strong on the psychological mechanisms underlying revolutionary movements. On the moralizing abstract intellectual lacking ‘skin in the game’:

Hypocrisy, of course, delights in the most sublime speculations; for, never intending to go beyond speculation, it costs nothing to have it magnificent. (63)

In fact, insofar revolutionaries have a vested interest, it is in stoking moral outrage:

[V]ices are feigned or exaggerated, when profit is looked for in their punishment. (140)

Burke sees the revolutionaries as destructively critical:

By hating vices too much, they come to love men too little. (171)

A spirit of innovation is generally the result of a selfish temper and confined views. People will not look forward to their posterity, who never look backward to their ancestors. (33)

Paradoxically, a democracy can be more oppressive for dissenters than an autocracy:

Under a cruel prince [dissidents] have the balmy compassion of mankind to assuage the smart of their wounds; they have the plaudits of the people to animate their generous constancy under their sufferings; but those who are subjected to wrong under multitudes, are deprived of all external consolation. They seem deserted by mankind; overpowered by a conspiracy of their whole species (126)

Democratic Intolerance and Revolutionary Chaos

Burke is emphatic in recognizing the intolerant nature of “the rights of man.” He rightly identifies the rights of man as a kind of declaration of war against all other epochs and societies. All eras and places are judged according to the standards of a gathering of Parisian intellectuals circa 1789, and are ever found sorely lacking. The revolutionaries can have no doubts about the righteousness of imposing their views:

They have “the rights of men.” Against these there can be prescription; against these no agreement is binding; these admit no temperament, and no compromise; any thing withheld from their full demand is so much of fraud and injustice. (58)

The upshot of this is that the rights of man are a recipe for perpetual strife and discontent. For those who believe a monarch is legitimate only if elected then “no throne is lawful but the elective, no one act of princes who preceded their aera of fictitious election can be valid” (23). All inherited institutions and customs that violate contemporary moral fashions then become illegitimate and can no longer serve to stabilize and unify society.

But can the revolutionaries not build up something new? Here too, Burke thinks not, because the very revolutionary principles of equality stoke and irritate the desires of men:

[H]appiness . . . is to be found by virtue in all conditions; in which consists the true moral equality of mankind, and not in that monstrous fiction, which, by inspiring false ideas and vain expectations into men destined to travel in the obscure walk of laborious life, serves only to aggravate and embitter the real inequality, which it never can remove . . . (37)

The French armies naturally became insubordinate and fractious, as soldiers demanded to elect their officers and felt no loyalty either to the discredited monarch nor to the Assembly upstarts.

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The 1789 Declaration of the Rights of Man and of the Citizen: tablets of a new civil religion.

Liberal-Egalitarian Ambiguity and Hypocrisy

The moral intolerance of egalitarian principles then leads to a chaotic radicalization and the revolutionaries one-up each other. To avoid chaos and excess, or simple violation of their interests, the revolutionaries themselves must institute limits on liberty and equality. The hereditary tax privileges attached to the nobility as individuals were abolished, but peasants still had to pay taxes for privileges attached to land, because many bourgeois were such landowners.

The right to vote was conditioned upon a wealth qualification: only men paying taxes worth three days’ labor were eligible, meaning only about 60% of French men could vote. Thus the very poor were excluded from suffrage, not to mention women and inhabitants of the French colonies. Burke snorts with sarcasm:

What! a qualification on the indefeasible right of men? (175)

You lay down metaphysic propositions which infer universal consequences, and then you attempt to limit logic by despotism. (223)

Advocates of the rights of man are universally intolerant of other regimes in the name of these rights, while seeing fit to curtail these rights themselves as the situation requires.

This highlights the basic moral defensiveness of the Right and the universal fervor of the Left. We saw this even in the age of fascism. When a New York Times interviewer criticized Mussolini’s authoritarian regime, the Italian dictator wryly responded: “Democracy is beautiful in theory; in practice it is a fallacy. You in America will see that some day.” Hitler was similarly emphatic, against those Western democrats that feared his ideology, that National Socialism was not for export. Meanwhile, the communists patiently worked according to the principle that all humanity must embrace their system and the liberals drafted documents imposing their own principles on all the nations and races of the Earth.

The liberals’ violation in practice of the rights they expound in the abstract is grounded in the very ambiguity of these rights. We cannot accuse the French revolutionaries of too much dishonesty in this respect. In fact, the 1789 Declaration of the Rights of Man and of the Citizen is often shockingly ambiguous. The American Declaration of Independence states that “all men are created equal,” an observation that, unqualified, is a self-evident falsehood. The French Declaration’s notorious Article I affirms by contrast:

Men are born and remain free and equal in rights. Social distinctions can be founded only on the common good.

One may complain that the latter sentence annihilates the former, but at least it provides a standard for how far rights should extend. In theory, then, even practices of segregation or various hierarchies could be justified if these are considered conducive to “the common good.” The revolutionaries initially did not consider that voting, for instance, was a right, but rather a duty which should only be fulfilled by those best qualified.

Similarly in Article IV’s general provision on liberty:

Liberty consists of doing anything which does not harm others: thus, the exercise of the natural rights of each man has only those borders which assure other members of the society the enjoyment of these same rights. These borders can be determined only by the law.

What “does not harm others”? Does a 70 IQ hereditary idiot fathering 20 children “harm others”? In practice, the reality of universal interdependence annihilates the principle of individual liberty. Today, our liberal democracies regulate every aspect of life, from forcing children to spend years in State education to the hyper-regulation of economic life on redistributive, environmental, and consumer grounds, among many others. Not to mention the massive curtailment of civil liberties and micro-management of citizens’ behavior to fight coronavirus. But, for some reason, our rulers believe that demographic trends, which determine the very character of the nation, should remain wholly unregulated and random.

And Article XI on free speech:

The free communication of thoughts and of opinions is one of the most precious rights of man: any citizen thus may speak, write, print freely, except to respond to the abuse of this liberty, in the cases determined by the law.

The principles may or may not be sound, but they are surely ambiguous and abstract. The United States Constitution and the Bill of Rights by contrast build upon an Anglo-American political and legal tradition, these posit practices (and limits upon them), not merely general principles.

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One should not necessarily read too much into the 1789 Declaration. The fundamental points were fairly straightforward: hereditary privileges are abolished, the church must be relegated to a secondary role, sovereignty resides in the nation/people (whatever that means), and the law must rule rather than the king. It’s striking the degree to which later nationalism and indeed fascism took on many of these French revolutionary principles (the Italians quite openly, Mussolini after all started out as a militant socialist atheist).

The revolutionaries of 1789, essentially lawyers and liberals, dreamed of a meritocratic and moderate regime founded on reason: hereditary privileges were abolished, the king was subject to the nation’s representatives and (in theory) the rule of law, and the churchlands were nationalized to shore up government finances. This revolution was achieved partly through the boldness of the men representing the Third Estate but also by periodic and chaotic uprisings of the Paris mob against the state’s forces and even the king himself.

Burke could already see that the precedents and principles the revolutionaries had set could only lead to a chaotic situation spiraling out of control. The unifying institutions of monarchy and church had been dragged through the mud, aristocrats and pious peasants had been turned into enemies, while the hungry Parisian mob, those peasants still smarting from taxation, and the fanatical and paranoid revolutionary elements had not been turned into friends. Thus, said Burke, France could only degenerate into civil war, military dictatorship and an ignoble financial oligarchy: “Here end all the deceitful dreams and visions of the equality and rights of men”! (196)

Burke lamented the end of the European aristocracy:

But the age of chivalry is gone. That of sophisters, economists, and calculators, has succeeded; and the glory of Europe is extinguished forever. Never, never more, shall we behold that generous loyalty to rank and sex, that proud submission, that dignified obedience, that subordination of the heart, which kept alive, even in servitude itself, the spirit of an exalted freedom. (76)

In retrospect, the conflicts of the late eighteenth century can seem rather quaint. From our vantage point, we can see that Britain, America, and France were fundamentally on near-parallel and converging trajectories.

The old constraints and disciplines – the specialization of the sexes, the separation of nations, the very idea of legitimate authority – have steadily disintegrated. Appeal to tradition and religion could no longer sustain them. For a time, from the 1860s to the 1930s or so, it seemed as though Western nations might embrace a biopolitics which, combining old philosophical and new scientific principles, would recognize natural differences and inequalities, thus preserving healthy traditions and indeed healthy progress, tending to biological and cultural perfection.

That tendency stalled and was finally annihilated. Custom, that “tyrant unto man,” has been destroyed in the name of name of the basic principle that humans, “the measure of all things,” are all basically equal and interchangeable atoms. Therefore, our ineradicable social inequalities and specializations can only be the result of our societies’ and cultures’ perversion. We must therefore wage war against our history and our societies – and above all against White men, the great malefactors of humankind.

I cannot help but think that this trend is more driven by a kind of petty self-love, vain and injured amour-propre, than by true self-knowledge, whereby each of us would, with due humility, take up with right pride our particular station in the great chain of being.

There is no telling when and how the current strife will end. On a positive note, Western man’s sensitivity to ‘justice’ as an ideal may lead to perpetual strife, but is also clearly a great source of the experimentation and dynamism which characterizes our history. In Europe, the state is smoothly leading the totalitarian march towards the mirage of equality. In America, there is chaos and neither history, nor culture, nor race, nor anything else seems to keep that great landmass-cum-economic zone together. What will be the new equilibrium and when will it arise? Will the liberals, holding true to their ideals over inconvenient facts, completely wreck their own cities? Will the regime stabilize under a Biden presidency tending towards European-style social-democracy? When will meet our Bonaparte?

jeudi, 13 août 2020

Georges Feltin-Tracol répond à Réfléchir et Agir au sujet du livre "Réflexions pour un nouveau corporatisme"...

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Georges Feltin-Tracol répond à Réfléchir et Agir au sujet du livre "Réflexions pour un nouveau corporatisme"...

Avec Réflexions pour un nouveau corporatisme, les éditions Synthèse nationale ont réuni sous la direction de Georges Feltin-Tracol sept rédacteurs qui s'intéressent à cette voie originale. Est-il raisonnable de proposer le corporatisme en 2020 ? Réponse avec le maître d'œuvre de l'ouvrage, bien connu de nos lecteurs.

Pourquoi réfléchir sur le corporatisme au XXIe siècle ?

C'est la funeste réforme des retraites qui est à l'origine de ce livre collectif. Les syndicats gauchistes (CGT et SUD) condamnent le projet macronien. Or, par-delà l'incantation obligée au Conseil national de la Résistance (CNR), ils oublient que le système de retraite par répartition est un acquis de la Révolution nationale. Suite à un article de Franck Buleux sur le corporatisme mise en ligne au début de l'année, Roland Hélie a jugé propice de relancer le débat.

Le corporatisme appartient-il aux essais de troisième voie ?

Oui, bien sûr ! D'ailleurs, le Dr Bernard Plouvier insiste sur la portée, politique et historique, de la troisième voie économique et sociale. L'éditeur Jean-Gilles Malliarakis donne son point de vue sur cette théorie non-conformiste. Quant au traditionaliste radical Daniel Cologne, il examine la fonction productrice sous l'angle novateur du tercérisme.

N'est-ce quand même pas trop réducteur ?

Pas du tout ! Depuis la fin de l'Ancien Régime, l'idée corporative se manifeste en Europe (mais aussi en Amérique latine) sous des formes théoriques ou institutionnelles diverses et variées. Aristide Leucate a raison d'y voir un dépassement nécessaire du syndicalisme et de la lutte stérile des classes sociales. Gabriele Adinolfi explique la novation corporatiste sous le fascisme. Pour ma part, je montre la multiplicité des expériences corporatistes portugaise, italienne, allemande et française au siècle dernier

Le corporatisme n'est-il pas passéiste et rétrograde ?

Il garde toujours sa pertinence. Ancien journaliste, bras droit de Giorgio Almirante et cofondateur de l'Institut d'études corporatistes au sein du MSI, Massimo Magliaro considère que le corporatisme, loin d'être nostalgique ou dépassé, est une doctrine bi-millénaire qui s'inscrit dans notre longue mémoire albo-européenne. Franck Buleux soutient des travailleurs enchâssés dans leur métier ou dans leur profession.

Le corporatisme aurait-il donc un avenir ?

Part intégrale de la dimension socio-économique de notre civilisation européenne, le corporatisme reste ce facteur crucial pour surmonter les impasses mortelles de l'individualisme libéral moderne, de l'étatisme bureaucratique et du collectivisme de la fourmilière.

Comment ?

Par l'abolition du salariat, la généralisation de l'intéressement aux bénéfices et à la direction des entreprises, le développement de la cogestion et de la participation, la constitution de nombreuses coopératives, etc. Le corporatisme s'oppose à la mondialisation son essence est localiste, écologique et décroissante. À l'heure d'Uber et des GAFAM, elle se révèle salutaire, conservatrice et… révolutionnaire.

Réfléchir&Agir

N°65 Printemps 2020

Réflexions pour un nouveau corporatisme, ouvrage collectif réalisé sous la direction de Georges Feltin-Tracol, Synthèse éditions, collection "Idées", 180 pages, 20 euros (+5 euros de port).

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Synthèse nationale

BP 80135 22301 Lannion PDC

lundi, 03 août 2020

Towards a Right-Wing Critical Theory

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Towards a Right-Wing Critical Theory

Ex: http://www.counter-currents.com

Amid the social turmoil of the late 1960s, the German Communist student Rudi Dutschke called for a “long march through the institutions” as the preferred strategy of ensuring the victory of global Marxist revolution. The success of this initiative is no more prominent in the West than in today’s academia, where Frankfurt School Critical Theory and its related trend, postmodernism, maintain an iron grip of control over the intellectual atmosphere, viciously rooting out all forms of dissent through outing, outrageous accusations, public shaming, firing, and, all too often, the tragic consequence of permanently destroying one’s future. Should any uppity academic arrogate to oppose the systemic “deconstruction” of the heteronormative, cisnormative, patriarchal, ethnocentric, elitist, religious West, their villainous resistance to tolerance and progress will be justly silenced.

Naturally, such quasi-Stalinist practices (we will remove “quasi” once incarceration, and not the loss of one’s livelihood, becomes the normal penalty for opposition) make a bad impression on those yet unconvinced of the merits of these intellectual traditions. Popular figures such as Jordan Peterson and Pat Buchanan are well known for their criticisms of critical theory, with the unfortunate consequence that their obstinacy in truly engaging with the school has resulted in more than a few jokes and the vehement refusal of most men on the Right to see anything valuable in the enemy’s unwavering criticism and deconstruction of the modern West’s various sacred cows. Peterson is often mocked by Leftist intellectuals and their followers for his tirade against “postmodern neo-Marxism,” quick to see the movement as nothing but a nihilistic and epistemologically skepticist cult with no real conviction for anything but frenetic revolution. Pat Buchanan, in The Death of the West, [1] [1] acknowledges the Frankfurt School’s success in undermining the various institutions of our civilization, but can only pathetically anathematize critical theory as “anything but benign” [2] [2] in the typical fashion of a paranoid and impotent American “conservative” who is chronically unable to realize the inevitable, downward-spiraling consequences of the Enlightenment project and fears for the destruction of his comfortable, consumer lifestyle. Accusing the cultural Marxists of preferring psychological conditioning to philosophical argument, [3] [3] Buchanan fails to see the irony when he continues to merely restate the anti-Western positions of critical theorists in order to generate panic in his readership without producing any real understanding or alternative, openly remarking a few pages later that “traditionalists have yet to discover effective countermeasures.” [4] [4]

But they have. If “traditionalists” have yet to discover effective methods to defend the West’s traditional values, it is only because Buchanan conflates traditionalism — more specifically, Traditionalism — with his own “paleoconservatism” and worship of classical liberal American principles. It is indisputable that Republicans, Right-wing libertarians, and other mainstream conservatives are more concerned with the performance of the stock market and a vague notion of “liberty” than they are with the much more tangible and profound issues of demographic change, the family, spiritual well-being, and other matters factoring into the question of whether or not the proverbial “pursuit of happiness” means anything more than the hollow satisfaction offered by monetary gain; consequently, they are by no means willing to actively engage with self-professed enemies of Western Civilization through anything but the occasional pseudointellectual garbage (of which The Death of the West is a slightly above average example) regurgitated by “thinkers” like Dinesh D’Souza or Ben Shapiro. This is owed in no small part to the time-honored American tradition of anti-intellectualism and the fact that any real action would cost them their own, slightly older, modernist ideals. However, once one is willing to recognize that a true conservatism entails a rejection of all revolutionary tendencies and thus begins to look outside the camp of those satisfied with self-destructive American principles, one sees that the Right itself has access to an entire critical tradition of its own, older than that of the Frankfurt School, which needs only to be revived to fight academic Leftism with its own methods: a radical disillusionment with the bourgeois narrative of progress combined with a systematic effort to establish an intellectual elite of theorists through securing as much influence as possible by openly working to deconstruct all modern myths.

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That is to say, if the Right can look beyond the specific, unappealing conclusions of critical theorists and postmodernists and instead take inspiration from their methods as a whole, this tradition could be recovered. But, once again, what is meant by “Right” is no milquetoast Americanist conservatism, nor even the illiberal ethnonationalism of the “alt-right,” which are both essentially modernist. Rather, what might be termed “Right-wing critical theory” is fully and fundamentally counter-revolutionary, in the intellectual vein of the Traditionalists René Guénon and Julius Evola. To the extent that the “West” is identified with the individualistic, secularist paradigm of European society following the Enlightenment and French Revolution, Right-wing critical theory can even be termed anti-Western. Opposing material and moral progress, the bourgeois invention of the nation-state, the artificial dichotomy of capitalism and communism, the secular rationalism of the Enlightenment and its arrogant dismissal of other cultural traditions, stale Christian moralism, biological racism, the unjust oppression of colonized peoples by mercantile European empires, the primacy of science, and a plethora of other ideas specific to the modern West, Evola and Guénon frequently sound like trendy postmodern academics or other “cultural Marxist” intellectuals. If the Traditional Right is to crush — or “deconstruct” — the ideologies and institutions that led to the genesis of decadent modernity, then they would do well to imitate the critical theorists by looking at our own critical tradition as developed by these seminal thinkers and thus catch the enemy off guard by using his own weapons. In what follows, I will list five excerpts (though I could list many, many more) that demonstrate Guénon and Evola’s uncanny skill in challenging the distorted and puerile Weltanschauung of Western bourgeois civilization.

Let us begin with the central myth of modernity. Regarding the idea of progress, Evola, in Revolt Against the Modern World, states:

No idea is as absurd as the idea of progress, which together with its corollary notion of the superiority of modern civilization, has creative its own “positive” alibis by falsifying history, by insinuating harmful myths in people’s minds, and by proclaiming itself sovereign at the crossroads of the plebeian ideology from which it originated. . . . Our contemporaries must truly have become blind if they really thought they could measure everything by their standards and consider their own civilization as privileged, as the one to which the history of the world was preordained and outside of which there is nothing but barbarism, darkness, and superstition. [5] [6]

Written during the existential crisis of faith experienced by the champions of liberalism in the wake of the Second World War, Guénon appraises the idea of material progress:

However, let us consider things for a moment from the standpoint of those whose ideal is material “welfare,” and who therefore rejoice at all the improvements to life furnished by modern “progress”; are they quite sure they are not being duped? Is it true that, because they dispose of swifter means of communication and other things of the kind, and because of their more agitated and complicated manner of life, men are happier today than they were formerly? The very opposite seems to us to be true: disequilibrium cannot be a condition of real happiness. Moreover, the more needs a man has, the greater the likelihood that he will lack something, and thereby be unhappy; modern civilization aims at creating more and more artificial needs, and as we have already said, it will always create more needs than it can satisfy, for once one has started on this path, it is very hard to stop, and, indeed, there is no reason for stopping at any particular point. [6] [7]

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Next, for those who know all too well the Leftist lecture on how everything is merely a “social construct,” let us take a look at Evola’s views on the modern nation-state, taken from the same work, wherein the “nation” is only a result of the degeneration of the higher ideal of the Imperium, or Empire:

Modern nationalism is not based on a natural unity, but on an artificial and centralizing one . . . Regardless of its myths, the substance of modern nationalism is not an ethnos [emphasis original] but a demos, and its prototype always remains the plebian one produced by the French revolution. . . . It is well known that in Europe during the nineteenth century, nationalism was synonymous with revolution . . . What emerges in nationalism is an opposite aspect, namely, the cumulative and collectivizing element. [7] [8]

What may be most surprising is how similar the Guénonian-Evolian critique of European colonialism sounds to modern liberal-academic critiques of the same; far from praising the conquering spirit of the European people, Guénon and Evola strictly condemn the cruel spread of materialism and “progress” to other parts of the globe, the subsequent economic exploitation, the laughable intimations of Western superiority, and the perceived unbridgeable differences between East and West. Any reader who has taken a college course or two on an Eastern culture will probably have heard of the Gramscian Marxist and postmodernist writer Edward Said, who in 1978 published Orientalism (a holy book in today’s universities), accusing Western civilization, which supposedly sees itself as masculine, active, rationalistic, and progressive, of caricaturizing the East — fundamentally Other — as feminine, passive, superstitious, and regressive, and using this depiction to justify colonialism. Long before Said penned Orientalism, however, Guénon, as early as 1927, had already dismissed the arrogance of modernist Western scholars who had failed to understand the East, blaming the supposed divide between Occident and Orient on the West’s abnormality:

There is no essential opposition between [traditional civilizations] . . . On the other hand, a civilization that recognizes no higher principles, but is in reality based on a negation of principles, is by this very fact ruled out from all mutual understanding with other civilizations . . . There was no reason for opposition between East and West as long as there were traditional civilizations in the West as well as in the East; the opposition has meaning only as far as the modern West is concerned, for it is far more an opposition between two mentalities than between two more or less clearly defined geographical entities. [8] [9]

Often misrepresented as a sadistic, militarist fascist bent on oppressing others for the mere hell of it, Evola, in Recognitions: Studies on Men and Problems from the Perspective of the Right, critiques Western imperialism:

. . . but especially with regard to the Orient the idea of “superiority of civilization” was a mere presumption of the white races, as was the conviction that Christianity made the Occident the bearer of the true faith, authorizing it to a haughty detachment from the rest of humanity, which it considered “pagan” and barbaric. . . . The myth of superiority, which in the end justified every sort of abuse and oppression, rested on the progressivist superstition — that is on the idea that science and technological civilization constitute the last word on the history of the world, and secure the Europeans of the global right to a general “civilizing” work. [9] [10]

It is quite obvious that the similarities with the critical theorists extend only as far as the act of criticism itself, only in recognizing that there is a crucial problem with the world today and the subsequent initiation of intellectual-cultural militancy against it; thus, the critical Right must in truth act as a counter-criticism, combating the pernicious assumptions of the modern world as well as of the Marxist theorists themselves. One clear example is found in Evola’s doctrine of the regression of the castes, viewing bourgeois society as a morphological anomaly of civilizations but even more harshly condemning the Marxist-led proletarian movements which seek to replace it. [10] [12] Nor could the formation of a true Right-wing critical theory flourish without a concomitant spiritual awakening; as today’s subversive academics are fueled by a religious white guilt and bourgeois pity for “oppressed” minorities, the Right ought to draw strength from a source indescribably higher.

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One might object that the formation of an intellectual elite in today’s increasingly dystopian environment is fanciful at best and delusional at worst. After all, Guénon, in The Crisis of the Modern World, explicitly advocated for the formation of an élite intellectuelle to make contact with spiritual representatives of the East in order to direct the West back onto a course of normality, eventually giving up on this possibility late in life. Likewise, Evola’s idea of the Männerbund (though this was less intellectual for him) has hardly come to fruition. Furthermore, open critical dissent — that is, not merely expositions of one’s own ideology, but the direct deconstruction of the dominant paradigms peddled by the Leftist elite — isn’t safe for a family man with a job.

However, as the technocratic surveillance state tends increasingly towards practical omnipotence and omnipresence, and those preferring to stick to the shadows in some remote corner of America become increasingly unable to do so, one must ask oneself what alternatives are left. Nor should anyone mistakenly believe that a Right-wing critical theory would discourage complementary action; as the 60s generation marched in the streets, their allied intellectuals fervently published in their defense.  It is also worth considering that the revolutionaries themselves faced the same dangers of loss of their livelihoods, reputations, or even lives through active dissent. If true men of the Right can ride the tiger by adopting the same methodologies of deconstruction and disillusionment as their subversive opponents, and use their increased popularity to gain ever more prominent positions with society, then as long as the counter-revolution sticks to truly Traditional principles, perhaps the tide can be turned. Counter-Currents already recognizes that the culture war is truly crucial.

If modernity is a prison, then we must survey the movements of our guards to learn how to escape.

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Notes

[1] [15] Patrick J. Buchanan, “Four Who Made a Revolution,” in The Death of the West: How Dying Populations and Immigrant Invasions Imperil Our Country and Civilization. New York: St. Martin’s, 2002.

[2] [16] Buchanan, 80.

[3] [17] Buchanan, 83.

[4] [18] Buchanan, 90.

[5] [19] Julius Evola, Revolt Against the Modern World. Rochester, VT: Inner Traditions International, 1995. p. xxx.

[6] [20] René Guénon, The Crisis of the Modern World. Hillsdale, NY: Sophia Perennis, 2004. p. 93.

[7] [21] Evola, 339.

[8] [22] Guénon, 21-22.

[9] [23] Julius Evola, Recognitions: Studies on Men and Problems from the Perspective of the Right. London: Arktos Media, 2017. p. 90.

[10] [24] The regression of castes permeates Evola’s work. For an overview, see “The Regression of the Castes” in Revolt. See also “The Historiography of the Right” in Recognitions for an example of the appropriation of Marxist methodologies for Right-wing purposes.

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samedi, 01 août 2020

Notes on Schmitt’s Crisis & Ours

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Notes on Schmitt’s Crisis & Ours

131214840-carl-schmitt.jpgLike many of his books, Carl Schmitt’s The Crisis of Parliamentary Democracy (1923) is a slender volume packed with explosive ideas.[1] [2] The title of the English translation is somewhat misleading. The German title, Die geistesgeschichtliche Lage des heutigen Parlamentarismus, is more literally rendered The Intellectual-Historical Position of Contemporary Parliamentarism. But the word “crisis” is still appropriate, because parliamentary democracy in Weimar Germany really was in crisis. Moreover, Schmitt’s diagnosis of the cause is of permanent value, because all parliamentary democracies have the same basic weakness.

By “contemporary” parliamentarism, Schmitt specifically means “liberal-democratic parliamentarism.” Let’s define these terms.

Schmitt does not think that voting is essential to democracy. Democracy is simply the idea that a government is legitimate if it expresses the will of the people, the demos. But Schmitt recognizes that a dictator can sometimes express the will of the people better than the people can at the ballot box or their representatives can in parliament (p. 28).

This is because the will of the people is not necessarily what the people happen to want at the moment they cast their votes. Instead, it is what people really want, which basically means what they ought to want, on the Socratic assumption that what we really want is the good. If we all want the good, but some of us are mistaken about what the good is, then it is possible that someone else—say, a dictator—might know what the people want better than they do.

For convenience, I am going to call what the people really want—and ought to want—“the common good,” although Schmitt does not use this language.

Schmitt is not really clear about what is essential to liberalism. He claims that the separation of powers, open parliamentary debate, and a free press are essential to liberalism (p. 3). But these are just manifestations of the underlying liberal motive, which is the protection of individuals from state power. Liberals believe that all individuals have rights that exist prior to society and argue that individual rights should trump appeals to the common good.

Liberals have many opinions about the common good. Some deny that it exists. Others think it exists but is unknowable. Others claim that it exists and can be known, but it cannot be secured by state action. Therefore, the best we can hope is that the common good somehow emerges as the unintended consequence of individuals and groups selfishly pursuing their private interests. Still other liberals might think that the common good is real, knowable, and securable by the state, but that individual rights always have a superior claim.

Democracy is not necessarily liberal. Democracy can justify virtually any state action by appeals to the common good, especially in emergencies. Liberalism is not necessarily democratic, because monarchical regimes can also secure individual rights. For instance, Thomas Mann rejected the Weimar Republic for monarchy on essentially liberal grounds: “I want the monarchy. I want a passionately independent government, because only it offers protection for freedom in the intellectual as well as the economic sphere. . . . I don’t what this parliament and party business that will sour the whole life of the nation. . . . I don’t want politics. I want competence, order, and decency.”[2] [3]

Schmitt does zero in on the essence of parliamentarism, which is talk. The very word parliament comes from the French parler, to speak, and refers to arriving at government decisions—executive, judicial, and above all, legislative—by means of discussion (p. 5). Parliament is, therefore, essentially pluralistic, whereas a monarchical regime or a democratic dictatorship has a unitary decision-maker.

9783428154647.jpgThe rationale for making decisions in parliament, as opposed to reposing them in the hands of a single man, is that even the wisest man may benefit from hearing other points of view. We are more likely to arrive at the best possible decision if a number of people bring different perspectives and bodies of knowledge to the table. But the process only works if all parties are open to being persuaded by one another, i.e., they are willing to change their minds if they hear a better argument. This is what argument in “good faith” means, as opposed to merely shilling for a fixed idea.

Although Schmitt does not use this language, we can speak of parliament as an edifying institution, meaning that participation in parliamentary debate helps us improve ourselves by replacing personal opinions with common truths. But good-faith participation in parliamentary dialogue requires a constant effort to transcend selfish attachments to one’s own ego, opinions, and interests in order to serve the common good. Such public-spiritedness and objectivity are rare and precious virtues, the products of a rigorous form of education. We’re not all born that way.

Parliamentarism is not necessarily democratic, because even monarchical regimes can have parliaments. Democracies are not necessarily parliamentary, because the will of the people can be carried out by a dictator (pp. 16, 32). Parliamentarism is not necessarily liberal, because monarchies and democracies can be parliamentary without granting individual rights against the state. And liberalism need not be parliamentary, since monarchical and dictatorial regimes can protect individual rights.

Because liberalism, democracy, and parliamentarism don’t necessarily entail one another, liberal-democratic parliamentarism is a synthesis that is prone to instability and crisis. Specifically, Schmitt argues that parliamentary democracy is undermined by liberalism.

Schmitt does not openly state his own preferences, but he seems to favor the democratic idea of legitimacy. He also argues that parliamentary democracy can work, but only under certain conditions. One of the central problems of politics is maintaining the unity of society. When unity fails, we face one of the greatest political evils: civil war. Given the importance of unity, it seems risky, even reckless, to bring a plurality of voices and interests into the very heart of the state and encourage them to debate about the common good. But that is the essence of parliamentarism.

According to Schmitt, a society can risk parliamentary debate only if two important conditions are met.

First, the differences between the various parties need to exist against a backdrop of relative homogeneity, the more homogeneity the better: of race, culture, language, religion, manners, and morals (p. 9). Thus the people and their government will remain one, even if parliament is deeply polarized over a particularly thorny issue like slavery or abortion.

Second, even within largely homogeneous societies, the franchise is generally limited to a particular subgroup—such as male property owners—to increase the quality of electoral decision-making. This increases the homogeneity of decision-makers even further. In short, a society can afford to enshrine disagreement in the heart of its government only when everyone is pretty much the same, thus the unity of society is not at risk.

Schmitt argues that liberalism undermines parliamentary democracy because of “the contradiction between liberal notions of human equality and democratic homogeneity” (p. 15). Parliamentary democracy presupposes a certain kind of equality that Schmitt characterizes as “substantial,” meaning simply the homogeneity of the society at large and of the electorate in particular (pp. 9, 10, 15). Liberalism undermines substantive equality with its abstract and universal equality. Liberalism sees no reason to confine democracy to a single society or to a single stratum within a society. Thus it lobbies to abolish the distinction between citizen and foreigner and to broaden the franchise as much as possible, regardless of sex, education, age, or intelligence.

9782713227714-475x500-1.jpgLiberalism’s abstract egalitarian zeal has never resulted in a global liberal democracy or the enfranchisement of every infant or imbecile (p. 16). Indeed, such goals are impossible. But it has undermined the conditions that make good-faith parliamentary discussions possible.

As the diversity and inclusiveness of a society increase, the voices and interests represented in parliament become increasingly diverse as well. Too much diversity, however, makes it difficult to arrive at any sort of consensus. There are too many shades of opinion to reconcile, too many interests to accommodate.

To reach any agreement at all, parliament can no longer be an edifying institution, in which people grow by exchanging opinions for truth. Instead, it must become a very different kind of institution, in which people no longer seek to transcend what economists call “given preferences.” Instead, they seek simply to satisfy their given preferences through trade (p. 6). Parliament, in effect, becomes a marketplace where agreement is based not on arriving at a common truth about the common good, but simply arriving at an exchange that satisfies the private interests of all parties. And, since in trade, the highest bidder takes the prize, the more liberal a parliamentary democracy is, the more oligarchical it becomes.

Of course, liberal democracies don’t dispense entirely with parliamentary debate. Instead, they turn it into a farce. The sordid little deals that allow liberal democracy to “work” are still, technically, “corruption” and “bad faith.” Thus they cannot be struck in public debate in the parliamentary chamber. Instead, they are made in the antechamber, the proverbial “lobby” (p. 7). Lobbying takes place behind closed doors: in secret committees, private clubs, discreet dinners, and other smoke-filled rooms. What’s more, everybody knows it, and as this cynicism spreads, the legitimacy of liberal democracy collapses, people start looking for alternatives, and a crisis is at hand.

It is important to note that the essential weakness of liberalism is not just its abstract and universalistic notion of equality. Another factor is its conception of rights and interests as essentially private and material, as opposed to the idea of the common good.

One can imagine a liberal parliamentary democracy without the reckless abstract and universalist egalitarianism that abolishes borders and standards for the franchise. But absent a robust conception of the common good, liberalism’s essentially private and material concept of political rights and interests will inevitably lead to political corruption, cynicism, and collapse, as the nation’s material patrimony is privatized and its spiritual patrimony is allowed to simply rust away and be replaced with global consumer crap culture.

Liberal democratic politicians have long been infamous for their anti-intellectualism, casual corruption, and cowardice. This follows directly from bourgeois liberalism, which conceives of all interests as essentially private and material, differing only in degree, and thus accommodatable through exchange. The idea of absolute differences of principle seems to them like a dangerous form of fanaticism, but bourgeois politicians are eager to appease such fanatics, most of whom are found on the Left. This is why bourgeois societies continually drift to the Left.

Schmitt argues that the crisis of liberal democracy opens the door to a takeover by the Left. Hence chapter 3 of his book treats “Dictatorship in Marxist Thought” and chapter 4 discusses “Irrationalist Theories of the Direct Use of Force,” focusing mainly on French syndicalist Georges Sorel. But in chapter 4, Schmitt also holds out the possibility of an equally vital Right-wing alternative to liberal democracy.

Georges_Sorel_(cropped).jpgSchmitt isn’t always forthcoming about his own political preferences, but sometimes his rhetoric tips his hand. The first three chapters of Crisis are quite dry, and Schmitt’s arguments only really come into focus in the 1926 Preface to the Second Edition. But chapter 4 crackles with enthusiasm as Schmitt discusses Sorel’s Reflections on Violence, as well as Russian anarchist Mikhail Bakunin, French anarchist Pierre-Joseph Proudhon, and Spanish Catholic reactionary Juan Donoso Cortés. Then Schmitt ends by arguing that nationalism and fascism are more consistent with Sorel’s ultimate premises than are Communism, socialism, or anarcho-syndicalism.

Anarchism derives from the Greek anarchia (ἀναρχία), meaning the lack of an arche (ἀρχή ) or first principle.  For Bakunin and Proudhon, anarchism is not simply a rejection of top-down political order, but a rejection of a metaphysical first principle (God) and an epistemological first principle (reason). Anarchism replaces top-down political order with spontaneous, bottom-up, social self-organization. God is replaced by the dynamism of nature. Reason and science are replaced with animal vitality, spontaneity, imagination, art, and action. For Sorel, the opposite of rational self-possession is the enthralling power of myth and the spontaneity of action, especially violence that both expresses and releases vital energies by smashing the political and economic machines of priests, kings, and capitalists. To give you a sense of his style, I am going to quote Schmitt’s summary of Sorel’s thinking at length:

. . . Its center [i.e., the center of Sorel’s theory] is a theory of myth that poses the starkest contradiction of absolute rationalism and its dictatorship, but at the same time, because it is a theory of direct, active decision, it is an even more powerful contradiction to the relative rationalism of the whole complex that is grouped around conceptions such as “balancing,” “public discussion,” and “parliamentarism.”

The ability to act and the capacity for heroism, all world-historical activities reside, according to Sorel, in the power of myth. . . . Out of the depths of a genuine life instinct, not out of reason or pragmatism, springs the great enthusiasm, the great moral decision, and the great myth. In direct intuition, the enthusiastic mass creates a mythical image that pushes its energy forward and gives it the strength for martyrdom as well as the courage to use force. Only in this way can a people or class become the engine of world history. Wherever this is lacking no social and political power can remain standing. And no mechanical apparatus can build a dam if a new storm of historical life has broken loose. Accordingly, it is all a matter of seeing where this capacity for myth and this vital strength are really alive today. In the modern bourgeoisie, which has collapsed into anxiety about money and property, in this social class morally ruined by skepticism, relativism, and parliamentarism, it is not to be found. The governmental form characteristic of this class, liberal democracy, is only a “demagogic plutocracy.” Who then, is the vehicle of great myth today? Sorel attempted to prove that only the socialist masses of the industrial proletariat had a myth in which they believe, and this was the general strike. . . . It has arisen out of the masses, out of the immediacy of the life of the industrial proletariat, not as a construction of intellectuals and literati, not as a utopia; for even utopia, according to Sorel, is the product of a rationalist intellect that attempts to conquer life from the outside with a mechanistic scheme.

From the perspective of this philosophy, the bourgeois ideal of peaceful agreement, an ongoing and prosperous business that has advantages for everyone, becomes the monstrosity of cowardly intellectualism. Discussing, bargaining, parliamentary proceedings appear a betrayal of myth and the enormous enthusiasm on which everything depends. Against the mercantilist image of balance, there appears another vision, the warlike image of a bloody, definitive, destructive, decisive battle (pp. 68–69)

Sorel claims that the myth that animates the proletariat is “the general strike” in which the entire proletariat brings the economy to a halt until its demands are met.

1313074-Pierre_Joseph_Proudhon.jpgSchmitt then hastens to add that a similar vision of a bloody final reckoning was found on the Right: “In 1848 this image rose up on both sides in opposition to parliamentary constitutionalism: from the side of tradition in a conservative sense, represented by a Catholic Spaniard, Donoso Cortés, and in radical anarcho-syndicalism in Proudhon. Both demanded a decision. . . . Instead of relative oppositions accessible to parliamentary means, absolute antitheses now appear” (p. 69). But the tireless talk of bourgeois parliamentarians is all about evading the necessity of decision in the face of hard either/ors, about evading the existence of real enmity. “In the eyes of Donoso Cortés, this socialist anarchist [Proudhon] was an evil demon, a devil, and for Proudhon the Catholic was a fanatical Grand Inquisitor, whom he attempted to laugh off. Today it is easy to see that both were their own real opponent and that everything else was only a provisional half-measure” (p. 70). Schmitt clearly hungers for a similar clarity in Weimar and saw the rise of Fascism in Italy as the present-day nemesis of the Left.

Donoso Cortés was at heart a backwards-looking, reactionary monarchist. But Schmitt does not mention here that Donoso Cortés believed that monarchy no longer really existed. There were still kings, but even they did not believe in the legitimacy of monarchy. Instead, the fount of political legitimacy had passed to the people. Thus Europe’s remaining monarchs simply followed liberal democrats, who in turn followed the far Left: “Only in socialism did he see what he call instinct (el instinto) and from which he concluded that in the long run all the parties were working for socialism” (p. 70). Unfortunately, the Left was leading the entire world to perdition.[3] [7] Thus, Donoso Cortés embraced the idea of a reactionary dictatorship not merely to protest or retard but to reverse the “progress” of the Left. He was, therefore, something of a forerunner of modern Fascism, which Schmitt discusses in the conclusion of his book.

Juan-Donoso-Cortés.jpgSchmitt closes with an immanent critique of Sorel. First, Schmitt argues that Sorel himself ultimately subordinates proletarian myth and violence to rationalism, because the goal of the revolution is to take control of the means of production. But the modern economic system is of a piece with bourgeois democracy, thus “If one followed the bourgeois into economic terrain, then one must also follow him into democracy and parliamentarism” (p. 73). This does not strike me as particularly persuasive. When Schmitt was writing, the example of Imperial Japan showed that one can have a modern industrial economy without liberal democracy.

But one can’t have a modern industrial economy without rationalism, thus: “should this economic order develop even further, should production intensify even more, which Sorel obviously also wants, then the proletariat must renounce its myth. Just like the bourgeoise, it will be forced, through the superior power of the production mechanism, into a rationalism and mechanistic outlook that is empty of myth” (p. 73). This is a much more persuasive argument, for syndicalism becomes a farce if the proletariat overthrows gods, kings, and capitalists, only to refashion itself in their image.

But how can one consolidate the victory against rationalism and disenchantment into an entirely new form of society? Schmitt’s answer is that one needs a stronger myth than the general strike: namely nationalism.

Schmitt then discusses how Marxist and syndicalist ideas became fused with nationalism. The “bourgeoisie” as a figure of contempt was “first created by the aristocracy” then “propagated in the nineteenth century by romantic artists and poets” (p. 74). Marx and Engels then picked it up and, despite the pseudo-scientific sheen of Hegelian dialectics, transformed the bourgeoise into “an image of the enemy that was capable of intensifying all the emotions of hatred and contempt” (pp. 73–74).

When the Marxist myth of the bourgeoisie migrated to Russia, “it was able to give new life to the Russian hatred for the complication, artificiality, and intellectualism of Western European civilization . . .” (p. 74). At this point, Marxism “seized a myth for itself that no longer grew purely out of the instinct for class conflict, but contained strong nationalist elements” (p. 74). This fusion of Marxism and Russia’s anti-Western national identity probably helped Communism take root in Russia first: “Proletarian use of force had made Russia Muscovite again” (p. 75).

This, Schmitt argues, “shows that the energy of nationalism is greater than the myth of class conflict” (p. 75). Moreover, Sorel’s other examples of the power of political myth include the German and Spanish wars of liberation against Napoleon which again prove that “the stronger myth is national”; “. . . whenever it comes to an open confrontation of the two myths, such as in Italy, the national myth has, until today always been victorious” (p. 75).

Schmitt doesn’t say why the national myth is more powerful than the myth of the general strike, but surely one factor is that the national myth embraces the whole of a people, not just the workers, and draws its energy from more threads of identity than just economic deprivation. As Schmitt notes:

In national feeling, various elements are at work in the most diverse ways, in very different peoples. The more naturalistic conceptions of race and descent, the more typical terrisme of the Celtic and Romance peoples, the speech, traditions, and consciousness of a shared culture and education, the awareness of belonging to a community with a common fate or destiny, a sensibility of being different from other nations—all of that tends toward a national rather than a class consciousness today. (p. 75)

This passage also throws a good deal of light on Schmitt’s remarks on the homogeneity that makes democracy possible. Schmitt, however, emphasizes that democracy requires even more homogeneity among electors, hence the limitation of the franchise based on age, sex, social class, education, and other factors.

Schmitt’s contemporary example of the superiority of the myth of the nation to that of the proletariat is the rise of Fascism in Italy:

Until now the democracy of mankind has only once been contemptuously pushed aside through the conscious appeal to myth, and that was an example of the irrational power of the national myth. In his famous speech of October 1922 in Naples before the March on Rome, Mussolini said “We have created a myth. This myth is a belief, a noble enthusiasm: it does not need to be reality; it is a striving and a hope, belief and courage. Our myth is the nation, the great nation which we want to make into a concrete reality for ourselves.” In the same speech he called socialism an inferior mythology. (p. 76)

41RraM+VGpL._SX328_BO1,204,203,200_.jpgThe nineteenth century was the age of parliamentary liberal democracy. The twentieth century is the age of political myths. The rise of political myth is itself “the most powerful symptom of the decline of the relative rationalism of parliamentary thought” (p. 76). The Left may be the gravedigger of liberal democracy, but it offers no real alternative, simply modern materialism and rationalism stripped of the liberal charms of freedom and private life.

But the Left, quite unwittingly, has laid “the foundation of another authority, . . . an authority based on the new feeling for order, discipline, and hierarchy” (p. 76). A decade later, Schmitt cast his lot with the German party of national rebirth. The age of discussion was over; the age of myth had begun.

Nearly a century later, what light does Schmitt’s Crisis throw on our own? Schmitt is absolutely correct that liberalism’s mania for opening borders and lowering standards has made modern democracies increasingly dysfunctional.

As for the alternatives to liberal democracy, Left and Right versions still exist. But the myth of the general strike is completely dead. The proletariat was successfully wooed by both fascism and liberal democracy, so the Left now disdains the white working class as reactionaries and instead seeks to mobilize non-whites and sexual outsiders against the white majority. The new Leftist myth is of white guilt and non-white aggrievement. It is now so dominant that the United States is tearing itself to pieces. The American center-Right has completely capitulated to the mob. Their strategy is to do nothing and hope that the mob gets tired, so Republicans will not have to exercise courage.

The myth of the nation, however, is still very much alive. Liberal democracy and communism defeated fascism in the Second World War, but they did not defeat nationalism. Indeed, the Allies defeated the Axis only by drawing upon their own national myths. Currently, the liberal-democratic establishment is coddling the Left that is actively working to destroy it. Thus, for the time being, the nationalist Right should do nothing. Never interrupt your enemies when they are destroying one another.

But the center cannot hold. Eventually, a space will be cleared for a new confrontation of myths: the myth of white guilt, degradation, and death vs. the myth of white pride and regeneration. We call it White Nationalism. Before that confrontation comes, though, we need to ensure that our myth is the stronger.

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Notes

[1] [10] Carl Schmitt, The Crisis of Parliamentary Democracy, trans. Ellen Kennedy (Cambridge, Mass.: MIT Press, 1985).

[2] [11] Quoted in Ellen Kennedy’s Introduction, Crisis, p. xxiv

[3] [12] See Schmitt’s fuller discussion of Donoso Cortés in Political Theology: Four Chapters on the Concept of Sovereignty (1922), trans. George Schwabb (Cambridge, Mass.: MIT Press, 1988), chapter 4, “On the Counterrevolutionary Philosophy of the State.”

 

 

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lundi, 27 juillet 2020

Principes du fédéralisme proudhonien

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Principes du fédéralisme proudhonien

«Constitutionnellement, l’Etat proudhonien présente donc finalement des organes de base correspondant aux groupes naturels, et des organes fédéraux correspondant aux fédérations de ces groupes et à leur émanation.Les organes de base seront territoriaux ou fonctionnels.Les organes de base territoriaux seront constitués par les communes, les cantons, les districts, les provinces ou régions, s’auto-administrant, dotés de conseils, de gouvernement et d’administration autonomes vis-à-vis de l’autorité fédérale. C’est ainsi que Proudhon demande l’abolition de l’institution préfectorale et critique, dès la création de l’ordre, la division en départements. Il préconise la division de la France en douze régions indépendantes inspirées des anciennes provinces. (...) Les organes de base fonctionnels sont constitués des “ateliers” et “conseils ouvriers”, des “groupes d’agriculteurs”, des “associations industrielles et agricoles”, des “syndicats”, des “services publics locaux autonomes” (comme les écoles et universités ou les tribunaux). Les organes fédéraux ou organes centralisés sont constitués par fédération ou délégation successives à partir des organes de base. Le pouvoir législatif central est assuré par un parlement fédéral composé, semble-t-il, d’une chambre des régions qui “comporte autant de députations qu’il y a de souverainetés provinciales” et d’une chambre des professions, issue “d’un vote des citoyens, par catégories de fonctions”. Le “pouvoir exécutif ” ou administratif est distribué conformément aux lois de l’économie et selon les critères de la comptabilité économique dont Proudhon est l’un des précurseurs»

Jean BANCAL "Proudhon, pluralisme et autogestion"

dimanche, 05 juillet 2020

Marcel Gauchet: malheur français et néolibéralisme

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Marcel Gauchet: malheur français et néolibéralisme

Ex: Aph Aph Philippe Conrad (via Facebook)

Il y a un malheur français, bien spécifique à ce pays : pourquoi sommes-nous les champions du monde du pessimisme et du mécontentement de nous-mêmes ? Pourquoi vivons-nous notre situation, notre place dans l’Europe et le monde, comme un malheur incomparable ?


Marcel Gauchet aborde ce problème d’une façon originale, en procédant d’abord à un vaste examen historique, qui le conduit aux xviie-xviiie siècles, jusqu’à la période immédiatement contemporaine: pourquoi la mondialisation et l’insertion dans l’ensemble européen sont-ils ressentis en France avec une particulière inquiétude ? Pourquoi le divorce entre les élites et le peuple prend-il chez nous ce tour dramatique ? Quelle responsabilité incombe aux dirigeants dans la montée de ce qu’on appelle, sans y réfléchir, « populisme » ? Quel rôle joue, dans le marasme français, le néo-libéralisme auquel Mitterrand a converti la France sans le dire ?


Enfin, l’auteur montre que nous sommes aujourd’hui au plein coeur d’une période d’idéologie, d’autant plus pernicieuse qu’elle n’est jamais repérée pour ce qu’elle est, mais toujours confondue avec le cours obligatoire des choses : il s’agit de l’idéologie néo-libérale, qui va de pair avec la dépolitisation de nos sociétés.

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mardi, 02 juin 2020

Carl Schmitt, le meilleur ennemi du libéralisme

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Carl Schmitt, le meilleur ennemi du libéralisme

Conférence de Jean Leca

 
Dans cette conférence de novembre 2001, Jean Leca s'intéresse à la pensée de Carl Schmitt et au rapport de celui-ci à la philosophie politique. Il note que Carl Schmitt est une référence importante pour les philosophes continentaux, notamment Hayek, et pour les philosophes politiques alors même que selon Carl Schmitt il ne peut y avoir de philosophie politique.
 
De même, il n'y a pas de normativité morale : au fondement de la normativité, il y a la juridicité et non la moralité. Si l'on se met à agir pour des raisons morales, en politique, c'est le meilleur moyen de susciter une violence incontrôlable.
 
La guerre, inscrite dans la politique comme le mal dans la création, ne saurait avoir de justification morale ou rationnelle. Elle n'a qu'une valeur existentielle, particulière. Parce que l'identité personnelle est d'abord polémique (l'être humain se définit par opposition, par inimitié), un monde sans guerre serait un monde sans être humain.
 
Jean Leca analyse ensuite la critique schmittienne de la non-théorie politique du libéralisme: il n' y a pas de politique libérale sui generis, il n'y a qu'une critique libérale de la politique.
 
 

samedi, 30 mai 2020

L'essence du politique - Philippe Champion

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L'essence du politique - Philippe Champion

 
 
Conférence sur « L'essence du politique » donnée en août 2016 par Philippe Champion dans le cadre de l'université d'été catholique Academia Christiana. Il s'agit d'un cours de philosophie politique basé notamment sur l'ouvrage éponyme de « L'essence du politique » de Julien Freund.
 
academiachristiana.org
 
 
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mardi, 26 mai 2020

Die konservative Gegenrevolution

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Die konservative Gegenrevolution

Der Kulturkampf der Begriffe

Wir erleben einen Kulturkampf der Begriffe. Zwei konträre Milieus ringen um die Definitionsmacht, um die Macht über unsere Worte, unsere Begriffe, unser Denken. Wer seine Vorstellung nicht mehr aussprechen darf, dessen Denken wird in der Öffentlichkeit nicht mehr begriffen.

Das kulturmarxistisch geprägte linke Lager hat sich die Massenmedien angeeignet, vor allem die öffentlich-rechtlichen.  Jede parteipolitische Absonderung linker Herkunft wird dort begierig aufgenommen und verbreitet, zum Beispiel Phrasen wie Gerechtigkeitslücke, neue Armut oder Klimaleugner.  Man ist durch linksradikale Politologen bis in die Herzkammer der Demokratie vorgestoßen, den Verfassungsschutz. Begriffe wie Umvolkung oder Bevölkerungsaustausch stehen unter Verdacht.

Worte und Begriffe beschreiben, wie ein Mensch Wirklichkeit erlebt. Das bürgerlich-konservative Lager ist mehrheitlich ahnungslos oder überrascht. Es läßt sich einen Begriff nach dem anderen wegnehmen und mit ihm seinen Anspruch, soziale Wirklichkeit zu gestalten. Weggenommen wird ein Begriff durch Tabuisierung. Sie kann auf vielen Ebenen erreicht werden.

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Wer seine Worte und Begriffe nicht mehr sprechen darf, dessen Denken entleert sich. Er wird gefesselt an die verbalen Vorgaben seiner Beherrscher.
Das phantastische Gemälde von Alen Kopera (2017) kann als Allegorie darauf verstanden werden, daß unsere Redefreiheit immer weiter eingeschränkt wird.

Der in der CSU geprägte Begriff Asyltourismus beschreibt eine konkrete Beobachtung. Er bringt ein bestimmtes Geschehen auf den Begriff. Das dahinter stehende Denken wird angegriffen, indem erst medial gegen den Begriff gehetzt wird. Später wird er zum „Unwort“ erklärt, schließlich tabuisiert. Wer ihn noch benutzt, stellt sich ins „gesellschaftliche Abseits“. Es ist das Abseits derselben  ehrenwerten Gesellschaft, die 1968 ihren Marsch durch die demokratischen Institutionen begonnen hatte, jetzt in den Chefsesseln sitzt und so intolerant ist wie je eine geistig totalitäre Bewegung vor ihr.

Die Ultima ratio der Tabuisierung ist das Strafrecht. Wer zum Beispiel die Volkswirtschaft mit einem Organismus vergleicht und das Wort Sozialschmarotzer auf eine in Deutschland lebende Bevölkerungsgruppe anwendet, kann wegen Volksverhetzung angeklagt werden.

Die neomarxistische Linke setzte schon früh auf das

„Entwenden“ und die Umdeutung von Begriffen, um über den Moment der dadurch ausgelösten Entfremdung eine neue Sicht auf gesellschaftliche Zusammenhänge herbeizuführen. Der antiautoritäre Flügel des SDS setzte es 1966 in der Plakataktion „Erhard und die Bonner Parteien unterstützen Mord“ ein. Er übertrug den Strafrechtsbegriff auf Regierungshandeln und provozierte damit die Öffentlichkeit und den SDS.

Anonymus, Magie der Träume. Was die 68-er Bewegung heute bedeutet, taz 5.4.2018.

Kulturrevolution …

Worte, Vorstellungen, Veranstaltungen und Institutionen wurden von der Linken in ihrem revolutionären Sinne „umfunktioniert.“ Dabei handelten sie in guter sozialistischer Tradition. Stalin hatte sie begründet und Hitler nachgeahmt. In einer Presseanweisung vom 22.10.1936 hieß es aus dem Reichspropagandaministerium:

„Es muß immer wieder festgestellt werden, daß in der deutschen Presse noch Nachrichten und Schilderungen erscheinen, die geradezu von einer selbstmörderischen Objektivität triefen und in keiner Weise verantwortet werden können. Man will keine Zeitungsgestaltung im alten liberalistischen Sinne, sondern will, daß jede Zeitung mit den Grundsätzen des nationalsozialistischen Staatsaufbaues in eine Linie gebracht wird. So ist es untragbar, wenn Sowjetgrößen, die Juden sind, als Arbeiter bezeichnet werden.“[1]

Der Begriff Arbeiter löste nämlich eine positive Assoziation aus, weil sich die Nationalsozialistische deutsche Arbeiterpartei selbst ausdrücklich als eine Partei der Arbeiter verstand. Diese durften keinesfalls mit etwas Negativem in Verbindung gebracht werden, Arbeiter waren sakrosankt, und Juden so zu bezeichnen tabu.

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Wie George Orwell erkannte, geht es immer um die Veränderung der beim Hören eines Worten hervorgerufenen Assoziationen. Viele herkömmliche Worte und Begriffe wurden in ihrem Sinn und Bedeutungszusammenhang durch eine Art staatlich kontrolliertem „Neusprech“ „unmerklich verändert“, wodurch sie „die meisten ihnen sonst anhaftenden Gedankenverbindungen verloren.“[2]

Dieser Zusammenhänge ist sich der Linksextremismus stets bewußt geblieben:

Wie Ludwig Wittgenstein uns lehrt, sind Wörter keine Fenster zur Welt, sondern Wörter konstruieren Welt, sie strukturieren unsere Gefühle, unsere Sinne, unsere Selbst- und Fremdwahrnehmung. »Denn, wie wir sprechen, entscheidet darüber, wer wir sind«“, bemerkt Robert Habeck in seinem lesenswerten Essay ‘Wer wir sein könnten’. In der Politik folgt der Sprache das Handeln.[3]

Bruno Heidlberger, Konservative Kulturkritik und die Politik der Spaltung. Über Hypermoral und sprachliche Verwirrspiele. 18.2.2020.

Seine Herrschaft stützt sich darum wesentlich auf die Macht über die Massenmedien. In ihnen haben die Systemveränderer von 1968 ihr Eldorado gefunden. Sie lassen sich zum Beispiel beraten von Elisabeth Wehling, die der ARD 2017 ein Framing-Manual schrieb. Ein Studienschwerpunkt der Linguistin und Soziologin Wehling war die nationalsozialistische Propaganda. Sie hat viel aus ihr gelernt. Es geht um die unterschwellige Beeinflussung der Massen. Sie sollen in ihrem Denken und Fühlen stramm auf sozialistischen Kurs gebracht werden.

Die ARD-Beraterin denkt kollektivistisch. Während einer Liberaler seufzen würde, dem Staat Steuern zu zahlen, denkt Wehling vom Kollektiv her. Sie empfiehlt, wir sollten nicht mehr davon sprechen, dem Staat „Steuern zu zahlen“, sondern „Beiträge leisten“. Es bezieht sich nämlich immer „auf ein Kollektiv“, gemeinsam zu etwas „beizutragen.“ Die

„Semantik des durch zahlen erweckten Frames impliziert keine kollektive Unternehmung, sondern schlicht eine Transaktion zwischen Käufer und Verkäufer. Der Frame impliziert weder eine Gemeinschaft und Verbundenheit, noch ein kollektives Handlungsziel. Wendet man das Konzept nun auf den Staat an, so läßt es ihn als eine von den Bürgern getrennte Entität erscheinen.“

Elisabeth Wehling, Politisches Framing, Wie eine Nation sich ihr Denken einredet – und daraus Politik macht, 2018, S.105, 107.

Der „kollektive Handlungszweck“ werde ausgeblendet.[4]

… und Gegenrevolution

Ausgerechnet alt-68er Linke wie Heidlberger, die selbst die traditionellen Werte und Begriffe umfunktioniert hatten, jammern heute über Konservative, die ihnen die Methoden abgeguckt haben und gegen sie wenden. Die 68er-Kulturrevolution hatte eine kulturmarxistische Umpolung aller Begriffe unternommen. Die schon laufende konservative Gegenrevolution entreißt sie ihnen wieder. Heidlberger polemisiert vergebens gegen von Konservativen verwandte Begriffe:

Unehrliche Politik beginnt immer mit der Sprache. Dann verwandelt sie sich in Propaganda. Sie wirkt wie eine fremde Invasion und schleicht sich in unser Gemüt, in unsere Gespräche, in unsere Gedanken und zerstört deren Klarheit. Oft ist es eine oft gehörte Erzählung, die den Tatsachen scheinbar Sinn verleiht, so beispielsweise die Erzählungen vom „Volks-Tod“, der „Einwanderung“ in die Sozialsysteme, dem „Unrechtsstaat“, von „Klimareligion“, „grüner Verbotspartei“, „Öko-Faschismus“, dem „links-rot-grün-versifften 68er-Deutschland“ oder der „Hypermoral“.

Bruno Heidlberger, am angegebenen Ort.

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Ja, mit Propandasprache, die sich ins Gemüt schleicht, kennen Alt68-er sich gut aus: sie haben sie zwar nicht erfunden, aber übernommen. Gegen das Demokratieverständnis des Grundgesetzes hatten 68er das sozialistische, kollektivistische Erbe von Marx, Engels, Lenin, Stalin und Mao gewandt. Die Grundwerte der Freiheit und der Demokratie verstanden sie nur im Rahmen ihrer Ideologie. Sie hielten unsere Demokratie für ein kapitalistisch-faschistisches Syndrom. Darum handelten sie nach der Devise:

„Jede Strategie der Überwindung eines Herrschaftssystems muß mit seiner De­le­gitimierung beginnen. Hauptwaffe ist der Tabubruch. Er ist der erste Schritt zur nötigen Umwertung der Werte. Diese beginnt mit dem gezielten Lächerlich­ma­chen der gegnerischen Ideologeme, soweit diese nicht angeeig­net und umge­polt werden können wie z.B. das Demokratieprinzip.“

Klaus Kunze, Wege aus der Systemkrise, in: Andreas Molau, Opposition für Deutschland, 1995, 202 ff. (216).

Das meinte der zum Kanzler gewählte Willy Brandt, mit Demokratie fange man jetzt erst richtig an. An die Stelle früherer geistiger Freiheit ist seitdem ein rabiat verteidigter linker Konformismus und Egalitarismus getreten. Mit kollektivistischem Moralismus werden die Bastionen der zu Rang und Würden aufgestiegenen Alt-68er und ihrer Epigonen verteidigt.

Die Usurpierung von Begriffen durch die 68-er Kulturrevolution und ihr moralistischer Mißbrauch gehören zu den ausgefeilten Herrschaftstechniken des Sozialismus seit der Revolution von 1789 und der Oktoberevolution von 1917. Ihr kann nur mit verbaler Subversion begegnet werden. Diese ist eine Abwehrwaffe in dem Kulturkampf, den der Linksextremismus seit 50 Jahren gegen die bürgerliche Gesellschaft und ihre konservativen Denker führt.

Deren Aufgabe ist ein intellektueller Gegenentwurf, der den alten Begriffen wieder ihren ursprünglichen Sinn verleihen wird. Altlinke Kader haben in den Medien, der Politik und den Gesellschaftswissenschaften unermeßlichen Flurschaden angerichtet und mit den alten Begriffen auch alte Gewißheiten zerstört: sozialistische Heilsgewißheit trat anstelle der Gewißheit dessen, was zwischenmenschlich immer gilt. Heute gilt es, aus dessen Trümmern eine Zukunft zu schaffen, deren Erhaltung sich lohnt.


[1] Walter Hagemann, Publizistik im 3. Reich, Hamburg 1948, S.32, hier zit. nach Poliakov / Wulf, S.440.

[2] George Orwell (1950 / 1984), S.277.

[3] Bruno Heidlberger 18.2.2020.

[4] Wehling (2018), S.105, 107.

dimanche, 24 mai 2020

Mai 68 et l’attaque contre la personnalité autoritaire

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Mai 68 et l’attaque contre la personnalité autoritaire

Par Pierre-Antoine Plaquevent

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Pierre-Antoine Plaquevent est auteur et analyste politique. Ses travaux portent plus particulièrement sur les domaines du soft power et de l’infoguerre ainsi que sur ceux de la philosophie politique, de la géopolitique et de l’étude comparée des religions et des idéologies. Ses articles sont régulièrement repris par des sites d’analyse et de prospective ainsi que par les principaux médias de la réinformation francophone. Depuis janvier 2020, Pierre-Antoine Plaquevent est à l’initiative de la création de Strategika dont il est le directeur de publication. Il est par ailleurs le créateur du portail métapolitique les-non-alignés.fr, pionnier de la réinfosphère depuis sa création en 2010.

Nous publions en exclusivité pour Strategika une série d’articles issus de l’étude de Pierre-Antoine Plaquevent intitulée “La société ouverte contre la France”. Un essai politique inédit qui vient compléter la seconde édition de SOROS et la société ouverte, métapolitique du globalisme (éd. Culture & Racines, 2020) .

28782.jpgL’année 1968 sera marquée par un enchaînement de révoltes partout sur le globe : dans le camp occidental, des États-Unis au Japon, en passant par la France ou l’Italie mais aussi dans certains pays du pacte de Varsovie, comme en Pologne ou en Tchécoslovaquie. L’ensemble de l’ordre du monde bipolaire capital-communiste issu de Yalta et du tribunal de Nuremberg allait être ainsi traversé dans un même élan par une série de révoltes marquées par le choc des générations. Pourtant, l’irruption soudaine de cette contestation étudiante internationale n’était pas le fruit du hasard mais bien celui d’un long travail d’incubation intellectuel et politique commencé il y a plusieurs décennies et qui connaîtrait son paroxysme dans les années d’après-guerre. Comme si des forces trop longtemps contenues et désormais sans frein se frayaient maintenant un chemin vers la surface et chercher à tout emporter avec l’éclatante et audacieuse énergie de la jeunesse. Les forces de l’ « Eros » déchaînées, chères aux théoriciens du freudo-marxisme.

J’ai déjà traité dans un chapitre dédié de mon étude des liens existants entre l’idéologie et les objectifs de la « société ouverte » avec le courant du marxisme culturel (ou « freudo-marxisme »). Une appellation qui désigne le courant des penseurs politiques de la « nouvelle gauche », adeptes de la « théorie critique » issue des idées des intellectuels de l’Ecole de Francfort et apparentés (Horkheimer, Lukàcs, Adorno, Marcuse, Reich etc). Pour ce courant intellectuel et politique, il s’agissait de « réviser » le marxisme et de substituer au concept marxiste d’ « exploitation » celui d’ « aliénation » afin de « libérer l’homme de l’aliénation : dans le quotidien, dans la famille, dans les relations sexuelles et dans les relations avec autrui ».[1] Du concept originel de lutte de classe et d’une volonté d’amélioration légitime du sort social des classes ouvrières, les théoriciens de la nouvelle gauche glissaient vers une volonté de libérer l’humanité contemporaine de tous cadres normatifs considérés comme autant de verrous d’une société patriarcale jugée autoritaire et potentiellement totalitaire.

On retrouvera ces thématiques en mai 1968 sous la forme des slogans bien connus du type : « il est interdit d’interdire », « jouir sans entraves » etc. Pour les tenants du marxisme culturel, le « Socialisme réel » était lui aussi devenu un autoritarisme sous sa forme soviétique, il fallait dès lors s’appuyer sur de nouvelles forces sociales aptes à remplacer la classe ouvrière considérée désormais comme réactionnaire dans son désir d’accéder aux biens de la société de consommation et se contentant d’une simple amélioration de ses conditions de vie. Les « nouveaux prolétaires » de cette nouvelle gauche seront donc désormais les « jeunes », les femmes (selon la vision féministe de la femme), les minorités (religieuses, ethniques, sexuelles etc) voire même les drogués, les aliénés mentaux etc. Chacun de ces groupes divisés en autant de sous-catégories considérées comme opprimées par le patriarcat blanc et devant entrer en lutte ouverte contre celui-ci. On verra aussi cette contestation étudiante des années 60 se heurter aux partis communistes historiques jugés réactionnaires car considérés comme trop staliniens, autoritaires, hiérarchisés et encore trop attachés à une certaine forme de patriotisme populaire.

C’est cette matrice idéologique de la déconstruction qui allait constituer la véritable inspiratrice des différents mouvements étudiants de l’année 1968 : « L’anti-autoritarisme fut le thème le plus original et le plus propre au mouvement soixante-huitard : il caractérise en particulier les premières phases du mouvement étudiant et le différencie profondément de tant d’autres mouvements qui le précédèrent où le suivirent. L’anti-autoritarisme fut la première vraie bannière du mouvement de jeunesse, qui lança cette flèche depuis l’Université vers tous les domaines de la société. »[2]

Le freudo-marxisme culturel contre la personnalité autoritaire

Cette thématique de l’anti-autoritarisme trouvait l’une de ses sources les plus siginificatives dans l’étude collective que nous avons déjà évoqué, intitulée La Personnalité autoritaire[3]. Une étude de psychologie sociale menée aux États-Unis par l’Institut de Recherche Sociale (IRS) – nom officiel de la fameuse Ecole de Francfort – et qui fut éditée en 1950 par l’American Jewish Committee. L’objet de cette étude, menée sous la direction de Theodor Adorno, était d’analyser les ressorts psychologiques et sociaux qui ont permis l’émergence du fascisme au XXe siècle. Un outil qui allait servir dès les années cinquante, durant la Guerre froide, face au stalinisme, mais aussi pour contrer l’émergence de tout autoritarisme en Occident et aux Etats-Unis. C’est en grande partie de cette étude que l’on doit l’amalgame constant entre toute forme de conservatisme ou de nationalisme – voire de simple attachement aux standards classiques de la vie en société – avec la courte parenthèse du national-socialisme et du Fascisme. Pour Max Horkheimer ou Theodor Adorno c’est en fait l’ensemble de l’histoire chrétienne qui conduit à l’antisémitisme et au Fascisme selon un raisonnement spécieux qui voudrait que l’auto-répression sexuelle induite par la morale chrétienne entraînerait chez les individus chrétiens une compensation et un défoulement (au sens freudien) qui déboucherait nécessairement sur l’antisémitisme et le Fascisme.[4]

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Un Fascisme par ailleurs fantasmé et bien éloigné de sa forme historique réelle mais qui constitue une forme d’archétype intemporel de l’ennemi protéiforme et toujours renaissant des « ennemis de la société ouverte ». Citons ici Adorno qui expliquait : « en nous concentrant sur le fasciste potentiel, nous n’avons pas l’intention d’affirmer que d’autres modèles de personnalité et d’idéologie ne pourraient pas être étudiés avec profit de la même manière. Néanmoins, notre opinion est qu’aucun courant politico-social ne représente une plus grave menace pour nos valeurs et nos institutions traditionnelles que le fascisme, et que la connaissance des forces de la personnalité qui favorisent son acceptation peut, en dernière analyse, se révéler utile pour le combattre. »[5]

Cette enquête – qui prit la forme d’un questionnaire soumis à plus de 2000 sujets américains – se donnait comme but de « comprendre ce qui influence un individu dans son adhésion au fascisme et comment le déceler chez un individu qui ne dira jamais ouvertement cette adhésion, et qui ne la ressent même pas clairement lui-même » [6]. L’étude sur la personnalité autoritaire se présentait de la manière suivante : « une liste de propositions est soumise aux sujets de l’enquête, auxquelles ils doivent donner leur accord ou leur désapprobation. Mélangées dans la liste, les propositions sont liées à des thèmes psychosociologiques. Ces thèmes sont par exemple le conventionnalisme, la soumission à l’autorité, l’agressivité autoritaire, l’anti-intraception, la superstition et la stéréotypie, le rapport à la sexualité, etc. En fonction des réponses « d’accord » ou « pas d’accord », les penchants autoritaires et anti-démocratiques sont notés et classés sur une échelle F, comme fascisme. Cette échelle F est elle-même construite et enrichie par d’autres échelles : A-S comme antisémitisme, CPE comme conservatisme politico-économique et E comme ethnocentrisme. »[7]

9782081494114.jpgRelire aujourd’hui les Études sur la personnalité autoritaire de Theodor W. Adorno et de l’Institut de Recherche Social se révèle très instructif pour comprendre d’où provient une grande partie du mal-être et de la mauvaise conscience qui mine l’Occident contemporain. On y découvre l’application méthodique et clinique de penseurs politiques engagés qui se sont arrogés le droit de déterminer ce qui est moral ou non, non seulement dans l’Histoire et la culture de l’Occident mais jusque dans l’inconscient supposé des populations occidentales afin de l’en extirper comme par un acte psycho-chirurgical.

Comme le disait Adorno lui-même : « La tâche est comparable à celle de l’élimination de la névrose, de la délinquance ou du nationalisme du monde. Ils sont le produit de l’organisation globale de la société et ne peuvent être changés seulement si cette société est changée. »[8]

Dès lors, si le nationalisme est une maladie mentale, il en découle logiquement que les nationalistes sont des malades mentaux qu’il faut soigner. La psychiatrisation de toute pensée attachée au fait national vient de là, elle a fait le chemin que l’on sait jusqu’à nos jours. Elle est l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête de toutes les formes de patriotisme ou de souverainisme.

Extrait de La société ouverte contre la France, supplément à la seconde édition de Soros contre la société ouverte, métapolitique du globalisme aux éditions « Culture et Racines ».


[1] Ingrid Gilcher-Holthey, « La contribution des intellectuels de la Nouvelle Gauche à la définition du sens de Mai 68 », in G. Dreyfus-Armand, R. Frank, M.-F. Levy et M. Zancarini-Fournel (dir.), Les Années 68 […], p. 89-98.

[2] « La théorie critique de l’école de Francfort et le mouvement des années 1968 : un rapport complexe » – Stephano Petrucciani – Actuel Marx 2010/2 (n° 48) – PUF. https://www.cairn.info/revue-actuel-marx-2010-2-page-138....

[3] Theodor W. Adorno, Études sur la personnalité autoritaire (traduit de l’anglais par Hélène Frappat), Allia, Paris, 2007 (1re éd. en anglais 1950), 435 p.

[4] Kevin B. MacDonald, The Culture of Critique : An Evolutionary Analysis of Jewish Involvement in Twentieth-Century Intellectual and Political Movements, Praeger, 1998

[5] Ibidem

[6] https://www.franceculture.fr/emissions/deux-minutes-papillon/adorno-etudes-sur-lapersonnalite-autoritaire

[7] Julien Bordier, « À propos de la personnalité autoritaire », Variations, 12 | 2008 http://variations.revues.org/246

[8] Theodor W. Adorno, Études sur la personnalité autoritaire (traduit de l’anglais par Hélène Frappat), Allia, Paris, 2007 (1re éd. en anglais 1950), 435 p.

vendredi, 22 mai 2020

Le Covid-19 dans la géopolitique du contrat social

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Le Covid-19 dans la géopolitique du contrat social

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

Nos sociétés occidentales se sont bâties, ou tout au moins prétendent s’être bâties, autour d’un « contrat social ». Ces sociétés contractuelles seraient le produit d’un libre rassemblement d’individus qui auraient décidé de « faire société » autour de valeurs universellement partagées par tout le genre humain, quelles que soient donc l’origine, la race, la religion et la culture des hommes qui composent celui-ci.

contratsocial.jpgOn sait que ces « valeurs », que l’on dit découler de la nature humaine, en fait, plus certainement, des délires philosophistes du XVIIIe siècle, sont celles qui charpentent le « pacte républicain », contrat social de la République dite « française ». Grâce au contrat social, ou pacte républicain, une société peut s’organiser et fonctionner avec des hommes venus du monde entier puisque les valeurs et principes qui président à cette organisation et à ce fonctionnement découlent de l’universelle nature humaine, et non de telle ou telle culture particulière. Ainsi une société fondée sur les droits naturels de l’Homme (le droit à la liberté, à l’égalité, à la propriété) serait acceptable par tous puisque ne contredisant les aspirations essentielles d’aucun. Les joueurs de pipo avaient simplement oublié de définir ce qu’on entendait par « liberté », « égalité » ou « propriété »…

Quoi qu’il en soit, les penseurs du « contrat social » ont néanmoins envisagé que certains associés ne respectent par la part du contrat qui leur revient et, par exemple, attentent à la propriété des autres associés. Un châtiment légitime est promis à celui qui ne respecte pas le « droit social ». Ainsi Rousseau parle des « criminels » et des « malfaiteurs » qui, rompant le « traité social », méritent la « peine de mort » !

On observera que les sociétés se prétendant fondées sur un contrat social sont toujours des sociétés supranationales. Cela est logique puisque ce ne sont pas des nations qui sont unies par le contrat mais des individus de toutes les nations. Peu importe, on l’a dit, l’origine nationale de ces individus puisque le contrat ne repose pas sur des spécificités nationales mais sur la nature humaine et les droits qui sont inhérents à celle-ci. L’individu associé devient un « citoyen » et l’ensemble des individus associés (le « corps d’associés » disait Sieyès) devient, selon le contexte, « corps politique », « république » ou « nation ». En contractant, l’individu gagne ainsi une citoyenneté et une nationalité. Mais ici, la citoyenneté et la nationalité se confondent : tous les citoyens français sont automatiquement de nationalité française.

Au contraire, les sociétés qui ne se veulent pas fondées sur un « contrat social » sont des sociétés qui sont soit « mono-nationales » (Japon, Corée…), soit « multinationales » (Russie, Chine, Serbie…). Ici, ce ne sont pas des individus associés qui font société mais une « nation » historique, au sens ethnique du terme, voire, dans certains cas, plusieurs « nations ». Quand plusieurs nations composent la société globale, l’Etat multinational reconnaît chacune d’entre elles (au contraire de l’Etat supranational qui les nie) et distingue soigneusement la citoyenneté (l’appartenance à un Etat), et la nationalité (l’appartenance ethnique à un peuple). Un citoyen russe peut être ainsi de nationalité russe, tatare ou juive. Un citoyen Chinois peut être de nationalité han, mongol ou tibétaine. Un citoyen serbe peut être de nationalité serbe, hongroise ou rom.

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La géopolitique des Etats supranationaux projette sur le monde les délires du contrat social. Cette géopolitique simpliste appréhende les nations comme si elles étaient des individus. Aussi se propose-t-elle de les unir, atomisées, en une seule société planétaire sur la base de valeurs et d’intérêts qu’elle pose comme universels et acceptables par toutes, par delà les différences religieuses, culturelles et politiques qui spécifient chacune. Ainsi par exemple des droits de l’homme ou de la nécessité de « sauver la planète ». Ce sont logiquement les Etats supranationaux qui ont mis en place les institutions supranationales comme l’ONU, l’OMS ou l’OMC ainsi que les grandes institutions politiques à vocation supranationale comme l’Union européenne. L’acte de foi des Etats supranationaux est qu’il est possible d’installer une société globale qui s’organise et fonctionne selon des valeurs et des principes acceptables par toutes les sociétés particulières, bientôt destinées à se dissoudre dans une société planétaire unifiée sous un Etat supranational mondial.

Par leur construction, leur histoire et leurs héritages culturels, les Etats nationaux et multinationaux ne peuvent adhérer à de tels fantasmes.  Encore une fois, c’est selon l’idéologie de « Contrat social » que les Etats supranationaux jugent ce refus. Les Etats nationaux et multinationaux sont regardés comme des Etats qui ne respectent pas le « traité social » universel ou les « lois internationales ». Ce sont des « Etat voyous » (rogue state) ou des Etats criminels qui justifient, à la manière de Rousseau, les sanctions de la « communauté internationale », voire son « intervention » musclée.

La crise sanitaire que nous vivons apporte un élément nouveau. D’une part, elle confirme les fractionnements et l’explosion prochaine des Etats supranationaux. Ceux-ci, par la simple application de leurs principes fondateurs, ont substitué des sociétés hétérogènes aux sociétés homogènes. Or, en Europe, la crise sanitaire révèle le fossé qui sépare les populations allochtones des populations autochtones, mais aussi les tensions et le séparatisme de fait des « zones de non-droit ». Même aux Etats-Unis, l’idée de sécession semble profiter du coronavirus pour davantage se répandre dans les esprits. Bref, à « l’intérieur », on le savait depuis les attentats musulmans, le contrat social est dans une situation d’échec. D’autre part, les Etats nationaux et multinationaux se révèlent bien plus efficaces pour enrayer l’épidémie que les Etats supranationaux. Rappelons que 90% des décès dans le monde sont enregistrés dans les Etats supranationaux d’Europe de l’Ouest et des Etats-Unis. Pire, peut-être, les Etats supranationaux se retrouvent dans l’obligation de renier les principes qu’ils proclamaient jusque-là : ils rétablissent des frontières et cassent de fait (pour le moment) toute velléité d’association supranationale. Géopolitiquement, « à l’extérieur », le contrat social est donc, là aussi, en situation d’échec.  

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Il est encore trop tôt pour le dire, mais il se pourrait que le coronavirus pulvérise à terme l’idéologie du contrat social. Si tel était le cas, les Etats supranationaux connaîtraient un effondrement qui, en raison de leur hétérogénéité ethnique, serait pire que l’effondrement de l’URSS. Ils laisseraient en ruine les sociétés qu’ils dominent. Cependant, il semble peu probable que les dirigeants des Etats supranationaux admettent leur défaite aussi facilement que ceux de l’URSS. Il subsistait chez les soviets un sens de l’intérêt général que ne possèdent pas les oligarques. Les critiques portées contre la Russie et aujourd’hui contre la Chine, ouvertement accusée d’avoir fabriqué le virus et causé l’effondrement de l’économie mondiale, laissent supposer la mise en place de stratégies conflictuelles. Trump lie le coronavirus à un laboratoire chinois et menace déjà la Chine de lui imposer des taxes douanières punitives. Tout cela au risque d’une guerre qui ne serait pas seulement économique ? Rien n’est impossible, même pas une guerre des Etats supranationaux contre les Etats multinationaux russes et chinois. Il faut s’en tenir aux faits : depuis deux siècles le « Contrat social », contrat avec le diable, se signe avec le sang des peuples. Le « Contrat social » scelle la mort des peuples et l’apparition des multitudes. Pour l’oligarchie régentant les Etats supranationaux, les peuples n’existent plus. Il n’y a que des nombres et des chiffres sur des lignes. Dès lors, quelle importance qu’il y ait quelques lignes de plus ou de moins ?

Antonin Campana

dimanche, 17 mai 2020

Ortega y Gasset, la philosophie et la vie

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Ortega y Gasset, la philosophie et la vie

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« Toute vie est plus ou moins une ruine dans les décombres de laquelle nous devons découvrir ce que la personne aurait voulu avoir été ». En écrivant cette phrase à propos de Goethe, dans un des textes qu’il a consacrés à ce dernier durant les années 1930 et 1940, le philosophe espagnol José Ortega y Gasset ne songeait-il pas spécialement à lui-même ? Les biographes de Goethe, faisait-il remarquer, ont essentiellement décrit sa vie de l’extérieur, contribuant ce faisant à façonner une statue qui donne de lui une image mensongère. En les invitant et en s’employant lui-même à reconstruire sa vie « de l’intérieur », par la comparaison de ce qu’elle a effectivement été et du rêve qui animait l’écrivain, Ortega ne faisait qu’appliquer l’idée, au cœur de sa philosophie, que toute vie est définie par une « vocation » que chacun parvient plus ou moins à réaliser, dans un combat de tous les jours très difficile à gagner  : « la vie est de manière constitutive un drame, parce qu’elle consiste en la lutte frénétique contre les choses et contre notre propre caractère pour accomplir ce que nous sommes en projet ».

Il est cependant difficile de ne pas faire un lien tout particulier entre la phrase citée et la vie d’Ortega y Gasset lui-même, dont l’histoire est celle « d’une frustration et […] d’un succès insuffisant » déclare Jordi Gracia en ouverture du remarquable livre qu’il vient de lui consacrer. Publié dans la collection « Españoles Eminentes » dans laquelle sont notamment déjà parues des biographies de Miguel de Unamuno et Pío Baroja – deux écrivains par rapport auxquels (et en grande partie contre lesquels), Ortega s’est défini dans sa jeunesse – cet ouvrage se distingue des précédentes biographies du philosophe par la grande attention qui y est portée à sa personnalité.

Une image nuancée et complexe

51H2WYJTFWL._SX319_BO1,204,203,200_.jpgLa littérature sur Ortega y Gasset est extraordinairement abondante. Longtemps, elle s’est limitée à la présentation et l’étude de ses idées philosophiques, sociologiques, politiques et esthétiques. Ce n’est qu’assez récemment que sont apparues les premières biographies en bonne et due forme. Deux des plus fouillées, par Rockwell Gray et Javier Zamora Bonilla, coordinateur de la nouvelle édition des œuvres complètes d’Ortega en dix volumes, sont essentiellement, pour reprendre l’expression utilisée par le premier de ces deux auteurs à propos de son livre, des biographies « intellectuelles ». En filigrane de l’exposé des idées d’Ortega et de leur évolution, un certain nombre d’aspects de sa vie personnelle et de son caractère y étaient toutefois évoqués. Jordi Gracia va plus loin encore dans cette direction, en s’appliquant à mettre en évidence, grâce à l’exploitation de nombreux documents dont certains inédits (notes privées, correspondance), le jeu serré des interactions entre la personnalité d’Ortega, ses idées et les péripéties de sa vie. Dense, touffue, farcie de citations et rédigée sur un ton souvent subjectif, personnel et passionné, épousant les reliefs et les sinuosités de la vie intellectuelle et émotionnelle d’Ortega plutôt que de présenter de manière linéaire, distante et méthodique les événements de son existence et le contenu de ses œuvres, cette biographie, dont la lecture profitera surtout à ceux qui sont déjà un peu familiers des théories du philosophe et de sa trajectoire, jette sur le personnage une lumière nouvelle.

javier-zamora-bonilla-ortega-y-gasset-D_NQ_NP_878042-MCO28655681105_112018-F.jpgL’image qui ressort de ce portrait est nuancée et complexe. C’est celle d’un homme « d’une intelligence insolente […] impérialement sûr de lui et souriant, plaisantin, jovial, fanfaron et séducteur », d’un travailleur forcené et infatigable doté d’une imagination puissante, mais aussi d’un homme anxieux, tourmenté et non sans contradictions, s’efforçant avec opiniâtreté de surmonter des faiblesses dont il était en partie conscient, vulnérable au découragement et qui a traversé plusieurs épisodes de dépression psychologique paralysante. Comme l’indique sans équivoque la première phrase du livre, c’est aussi l’image d’un homme pouvant penser que sa vie avait été, au moins partiellement, un échec. Pour quelles raisons ?

Dans son élogieux compte rendu de l’ouvrage de Jordi Gracia, Mario Vargas Llosa, lecteur assidu d’Ortega y Gasset et grand admirateur du philosophe en qui il voit un héraut du libéralisme humaniste, évoque le « grand échec » qu’a représenté pour Ortega l’impossibilité de traduire dans les faits ses idéaux politiques. C’est assurément dans ce domaine que la distance entre ses ambitions et la réalité a été la plus grande et la plus lourde de conséquences. Fils de l’écrivain et journaliste José Ortega Munilla, directeur du supplément littéraire du journal El Imparcial, petit-fils, par sa mère, du fondateur de ce même journal, rejeton, en un mot, de la bourgeoisie intellectuelle, cultivée et progressiste madrilène de la fin du XIXe siècle, Ortega y Gasset a embrassé dès sa jeunesse les idéaux de cette génération dite « de 1914 » dont il  allait devenir la figure la plus notoire. Les représentants de la génération précédente, dite « de 1898 », Unamuno, Baroja et d’autres écrivains comme Azorin et Valle-Inclán, exprimaient dans leurs œuvres une vision tragique, irrationaliste et volontiers pessimiste de la vie et étaient fortement attachée à l’identité espagnole. Les membres de ce nouveau groupe, dont les plus connus et représentatifs, à côté d’Ortega, étaient ses deux amis le médecin lettré Gregorio Marañon et l’écrivain et journaliste Ramón Pérez de Ayala, l’écrivain et politicien Manuel Azaña et le diplomate Salvador de Madariaga, étaient par contre de fervents rationalistes, tournés vers l’action et animés par la volonté de moderniser l’Espagne et de l’ouvrir à l’Europe en s’appuyant sur une élite intellectuelle sensible à l’idéal du progrès et acquise aux valeurs du libéralisme.

Un libéral conservateur

Dans un premier temps, Ortega apparaît avoir identifié cet idéal avec celui du socialisme, un socialisme non marxiste de caractère social-démocrate qui le séduisait au plan intellectuel au moins autant que strictement politique : « Ce qui attirait Ortega dans le socialisme, observe pertinemment Javier Zamora Bonillo, était sa rationalité ». Sa vision politique évoluera assez rapidement. « Dans sa maturité, résume Gracia, [Ortega] a été un libéral conservateur cherchant à redéfinir le libéralisme démocratique, identifiant les deux totalitarismes des années trente comme de néfastes régressions à un état antérieur au libéralisme du XIXe siècle [et cherchant] à protéger ce libéralisme contre les conséquences négatives et les faiblesses des démocraties modernes ». Dans son livre le plus connu et le plus traduit, La Révolte des masses, Ortega se livre ainsi à un plaidoyer pour les valeurs du libéralisme éclairé en mettant en garde, dans un esprit proche des réflexions de Tocqueville au sujet des dérives de la démocratie, contre les dangers liés à la massification des individus, une massification dont il voyait dans le nazisme et le communisme à la fois l’expression extrême et le produit le plus dévastateur.

Mais Ortega n’eut la satisfaction, ni de pouvoir appliquer ses idées politiques lui-même, ni de les voir mettre en œuvre par d’autres. À deux reprises, il s’engagea dans la politique active, pour s’en retirer chaque fois rapidement. La deuxième occasion est la plus connue. Quelques semaines avant la proclamation de la seconde république espagnole, qui mit fin, au mois d’avril 1931, à la dictature du général Primo de Rivera, premier ministre du roi Alphonse XIII durant les dernières années de la restauration monarchique, Ortega avait fondé avec Gregorio Marañon et Ramón Pérez de Ayala un mouvement intellectuel et politique baptisé « Agrupación al Servicio de la República ». Transformé en parti, il remporta aux élections suffisamment de voix pour faire élire Ortega au Parlement. Choqué par les excès du parti républicain, Ortega démissionna de son siège au bout de quelques mois, en déclarant renoncer à toute vie politique active. Peu de temps après, le déclenchement de la guerre d’Espagne allait le placer face à un choix impossible.

Un choix impossible

La position politique d’Ortega pendant et après le conflit a donné lieu à d’innombrables gloses et commentaires. Plus personne, à présent, n’ose affirmer que le silence public qu’il s’est imposé reflétait une stricte neutralité. Homme d’ordre, abhorrant le communisme, Ortega, à l’instar de ses amis libéraux Marañon et Perez de Ayala, souhaitait à titre privé la victoire du camp nationaliste, qu’ils considéraient tous les trois comme un moindre mal face au risque de voir s’établir en Espagne un régime totalitaire. Parce qu’il avait malgré tout signé, dans des circonstances très discutées (peut-être suite à des menaces), un manifeste en faveur des républicains, craignant pour sa vie et sa sécurité, il choisit de s’exiler. À Paris tout d’abord, puis en Argentine où il s’était déjà rendu plusieurs années auparavant et avait eu l’occasion de donner des conférences, à Lisbonne, enfin, où il établit sa résidence et resta domicilié jusqu’à sa mort, en dépit de séjours en Espagne durant les dernières années de sa vie, régulièrement entrecoupés de voyages dans d’autres pays.

18982430389.jpgCes années furent les plus pénibles de l’existence d’Ortega. À Paris, où s’était également réfugié Gregorio Marañon, il souffrit de graves problèmes de santé qui mirent ses jours en danger. En Argentine, la fréquentation de milieux conservateurs lui valut l’opprobre des intellectuels progressistes, avec pour effet de le placer dans une situation de terrible isolement. L’étrange théorie du penseur comme prophète condamné à la solitude qu’il développa à ce moment dans plusieurs articles, à rebours de sa vision de toujours du rôle de l’intellectuel, pourrait être interprétée, suggère judicieusement Eve Giustiniani, comme une tentative d’auto-légitimation de cette solitude forcée – preuve supplémentaire, s’il était nécessaire, de l’impact permanent des épisodes de sa vie sur sa pensée.

De manière générale, les anciens républicains et ceux qui avaient sympathisé avec leur cause accusaient Ortega d’avoir trahi leur idéal. Ils furent confortés dans ce sentiment lorsqu’en 1946, dix ans après la victoire des troupes du général Franco et l’instauration de la dictature militaire, le philosophe décida de réapparaître officiellement en Espagne et de s’y exprimer publiquement. L’initiative était malheureuse, parce qu’elle pouvait être (et a effectivement été) interprétée comme une caution apportée au régime franquiste. « Le drame d’Ortega » résume très bien Andrés Trapiello dans son histoire des écrivains dans la guerre civile espagnole Les Armes et les Lettres, « fut d’être un libéral dans un monde qui n’acceptait pas le libéralisme, d’être obligé, par conséquent, de choisir un camp quand aucun n’était accueillant à ses idées et aucun, bien entendu, ne s’accordait à son tempérament pacifique, érudit et intellectuel ».

Mais Ortega a-t-il réellement été franquiste ? Certains l’ont soutenu et tenté de le démontrer, en premier lieu Gregorio Morán dans El Maestro En El Erial, un livre brillant et à bien des égards très éclairant sur la vie politique et intellectuelle espagnole d’après-guerre et la personnalité d’Ortega, mais dont, dans sa radicalité, la thèse centrale apparait fragile, tant elle implique de solliciter les témoignages et les documents. Jordi Gracia, qui connaît très bien l’histoire des intellectuels sous le franquisme pour l’avoir étudiée dans plusieurs ouvrages, est au contraire d’avis qu’Ortega n’a jamais été franquiste au sens fort et strict du mot. On peut aisément le suivre sur ce point.

91fZQW8xy5L.jpgÀ l’évidence, Ortega n’avait en effet aucune sympathie intellectuelle pour l’idéologie franquiste. Résolument agnostique (par fidélité avec ses convictions sur ce plan, sa famille, à sa mort, refusa les funérailles religieuses qu’envisageaient les autorités), il se sentait à des années-lumière du conservatisme clérical et religieux du parti de Franco. Il est incontestable qu’une partie des phalangistes au pouvoir se sont emparés de certaines de ses idées dans le but de fournir au régime une légitimité intellectuelle. Mais de cela on ne peut le tenir responsable. On ne peut pas non plus vraiment lui reprocher d’avoir naïvement pensé que le régime franquiste pouvait évoluer dans le sens de la démocratie. On peut par contre lui faire grief de s’être laissé aller, par manque de courage ou par opportunisme, à tenir des propos et à prendre des initiatives qu’il aurait pu éviter, ainsi que d’avoir continuellement maintenu autour de sa position politique une ambiguïté troublante. Il la paiera lourdement : regardé avec méfiance par les opposants au régime comme par les responsables de celui-ci, il passera les vingt dernières années de sa vie dans une situation peu claire et inconfortable en Espagne, ne bénéficiant d’une réelle reconnaissance sans réserve et sans arrière-pensées qu’en dehors des frontières du pays.

Des États-Unis d’Europe

Ortega est par ailleurs mort deux années trop tôt pour pouvoir assister au triomphe de l’idée de l’unification européenne dont il avait été un pionnier sous la forme, dans La Révolte des masses, de l’appel à la création des « États-Unis d’Europe ». Cette idée, Ortega la défendait au nom du principe « L’Espagne est le problème, l’Europe la solution », un slogan très révélateur de ses préoccupations profondes. Dans son célèbre portait contrasté d’Unamuno et Ortega y Gasset, Salvador de Madariaga met bien en évidence combien il n’est pas simple de caractériser les deux hommes dans leurs rapports à l’Espagne et l’Europe. Avocat de l’hispanité et férocement attaché à l’université de Salamanque au cœur de l’Espagne la plus hispanique, mais polyglotte et intellectuellement cosmopolite, Unamuno peut cependant être considéré comme un véritable esprit européen et universel. Face à lui, Ortega, peu à l’aise dans d’autres langues en dépit de sa grande maîtrise passive de l’allemand et dont l’œuvre, dit très bien Rockwell Gray, « semble souvent plus résolument programmatique dans son besoin de mesurer tout ce qui est européen aux besoins de l’Espagne », bien qu’à première vue davantage européen, se révèle en réalité plus espagnol que son aîné. C’est ce qu’avait d’ailleurs bien aperçu un des rares penseurs français à s’être intéressés à lui, Albert Camus, qui écrivait à son propos : « [Ortega y Gasset] est  peut-être le plus grand écrivain européen après Nietzsche, et pourtant il est difficile d’être plus espagnol ».

Essayiste, homme de presse et d’édition (il a fondé un quotidien, El Sol, cinq revues, dont El Spectator et laRevista de Occidente et une maison d’édition), commentateur politique, agitateur d’idées, analyste de la société, Ortega se voyait et se présentait avant tout comme un philosophe. Dans ce domaine, ce qu’il a réalisé a-t-il été à la hauteur de ses aspirations ? Rationaliste fervent, Ortega respectait la science. Comme l’a montré l’historien des sciences José Manuel Sanchez Ron, il avait même une assez bonne connaissance (certes de seconde main et approximative) de certaines disciplines et réalisations, par exemple la théorie de la relativité en physique. Pour Ortega, aux yeux de qui la véritable justification de la science moderne n’était pas sa capacité à énoncer des vérités sur la réalité, mais le succès des réalisations techniques auxquelles elle a donné lieu, la connaissance scientifique n’était cependant qu’une expression subalterne de la raison. Dans son esprit, la véritable connaissance était la connaissance philosophique.

« Moi et mes circonstances »

Des milliers de pages ont été écrites sur la philosophie de José Ortega y Gasset, dont il demeure difficile de se faire une image d’ensemble parfaitement cohérente. Bien qu’il ait toujours prétendu avoir conçu un système, Ortega était en effet par tempérament un penseur non-systématique. Ses idées n’ont de surcroît jamais cessé d’évoluer, en conformité avec une des thèses centrales de sa philosophie. C’est ce que lui-même soulignait en commentant en ces termes une de ses affirmations les plus fameuses : « « Je suis moi et mes circonstances ». Cette phrase, qui apparaît dans mon premier livre [Meditaciones del Quijote] et qui condense […] ma pensée philosophique n’est pas simplement l’énoncé de la doctrine que mon œuvre expose et propose, elle est elle-même une illustration de cette doctrine. Mon œuvre est, par essence et dans son existence même, circonstancielle. »

518YDWHJ9ZL.jpgEsprit curieux et lecteur vorace, Ortega a emprunté des idées ou des concepts à de nombreux penseurs, pour les mettre au service d’une intuition centrale : « le socle de toutes mes idées philosophiques, écrira-t-il, est l’intuition du phénomène de la vie humaine ». L’idée que l’objet de la philosophie ne peut être que l’existence humaine dans ce qui fait sa singularité – le fait qu’elle ne se réduit pas à sa réalité biologique et possède une dimension historique au plan individuel et collectif –  Ortega l’a trouvée dans la lecture de penseurs comme Nietzsche, Bergson et surtout Wilhelm Dilthey, psychologue et philosophe allemand qu’il considérait comme « le philosophe le plus important de la seconde moitié du XIXe siècle ».

Dans un ouvrage par ailleurs exceptionnellement intelligent et d’une grande richesse, l’historien John T. Graham s’efforce d’établir l’existence d’une influence déterminante du pragmatisme du psychologue américain William James sur les idées d’Ortega. Il est difficile de l’exclure complètement, mais on a beaucoup de peine à se convaincre qu’elle a eu l’importance que lui attribue Graham. De manière générale, Ortega, qui a étudié à Leipzig, Berlin et Marbourg, mettait au plus haut la philosophie allemande, dont deux écoles de pensée contemporaines, le néo-kantisme d’Hermann Cohen et Paul Natorp, et (surtout) la phénoménologie d’Edmund Husserl et Max Scheler, l’ont significativement marqué. De l’une et l’autre il héritera certaines idées, tout en soulignant rapidement ce qu’il percevait comme leurs limitations. Du néo-kantisme, par exemple, il retiendra l’insistance sur le rôle central de la raison dans la structuration de l’expérience humaine et la volonté de construire une philosophie de la culture et de l’éducation, tout en lui reprochant de manquer par un excès d’intellectualisme la réalité de l’existence humaine. Dans le même esprit, il accusera la phénoménologie de s’en tenir à l’analyse de la conscience. Ces penseurs allemands ne furent toutefois pas ses seules sources d’inspiration. Chez Unamuno, par exemple, dont il dénonçait pourtant avec véhémence l’irrationalisme et le spiritualisme, Ortega a trouvé (à tout le moins retrouvé) une de ses idées fondamentale, celle du caractère foncièrement tragique de la vie.

À partir de tous ces éléments, Ortega réalisera une synthèse très personnelle organisée autour du concept de « raison vitale » qui lui permettait, pour reprendre la belle formule de Fernando Savater, de « combiner lucidité intellectuelle […] et urgence vitale ». Au bout d’un certain temps, cette « raison vitale » sera élargie à la dimension collective de l’Histoire sous la forme de la « raison historique ».  « L’Ortega de la maturité, résume Jordi Gracia,  n’est ni kantien ni néokantien, mais un exemple rare de déserteur de la phénoménologie par l’intermédiaire du néo-nietzschéisme, moins préoccupé par les problèmes du savoir et de la théorie de la connaissance […] que par l’étude des conditions historiques de l’existence humaine ».

Un leitmotiv des remarques d’Ortega au sujet des philosophes du passé et des penseurs contemporains qui l’ont inspiré est qu’ils ne se sont pas montrés assez « radicaux » – « radical » et « radicalité » sont des mots clés de son vocabulaire et de sa pensée – et qu’il convient donc de les « dépasser ». Une des raisons de ceci est qu’il ne trouvait pas chez eux l’écho de son intuition fondamentale de l’existence humaine. Une autre, sans doute plus déterminante, est qu’Ortega, très soucieux d’affirmer son originalité et sa supériorité, ne supportait guère l’idée d’avoir des rivaux. Lorsque les vues de Husserl, dans La Crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, semblèrent se rapprocher de sa théorie de la raison historique, il ne tarda pas à souligner tout ce qui dans les idées du père de la phénoménologie manquait pour rendre compte de ce que le concept qu’il avait lui-même forgé permettait d’expliquer.

La découverte de Heidegger

CtT2VeeWcAEpakA.jpg large.jpgUn choc considérable à cet égard a été la parution, en 1927, de L’Être et le Temps, l’ouvrage qui a fait connaître Martin Heidegger. À plusieurs endroits de son livre, Jordi Gracia évoque le bouleversement qu’a engendré chez Ortega la découverte de la philosophie de Heidegger, dont la proximité apparente des idées avec les siennes ne pouvait manquer de le perturber. Conformément à son habitude, Ortega prit soin de se distancer de Heidegger en pointant du doigt ce qu’il critiquait comme les faiblesses de sa pensée : dans un premier temps ce qu’il appelait son pessimisme, bien illustré dans son esprit par le rôle dévolu dans L’Être et le Temps à l’angoisse comme révélateur de la condition humaine ; plus tard ce qu’il présentait à juste titre comme la dérive de la pensée de Heidegger vers des considérations de caractère religieux et théologique, lorsque ses préoccupations ont évolué d’une philosophie de l’existence à des réflexions ontologiques (sur la nature de l’être en général).

Un des rares endroits de son œuvre où Ortega s’étend un peu sur la pensée de Heidegger est une longue note de bas de page d’un de ses textes sur Goethe. Significativement, après y avoir qualifié L’Être et le Temps de « livre admirable », il s’empresse de faire remarquer qu’« on peut à peine trouver [dans cet ouvrage] un ou deux concepts importants qui ne préexistaient pas, parfois avec une antériorité de trois ans, dans [ses propres] livres.» Cette question d’antériorité était d’autant plus sensible pour lui que plusieurs de ses élèves et disciples portaient aux nues le philosophe allemand. (Ortega n’aura l’occasion de rencontrer Heidegger qu’en 1951, à la satisfaction apparente des deux hommes qui, semble-t-il, s’apprécièrent beaucoup).

Il est une autre parenté d’esprit encore plus flagrante qui semble avoir échappé à Ortega, vraisemblablement parce qu’il n’a jamais lu très attentivement l’auteur concerné. Dans une réflexion sur le thème d’Ortega et la sagesse, qui est en réalité une plongée au cœur même de sa pensée, le philosophe Jesús Mosterín énumère tous les termes et les expressions qu’il utilise pour faire référence à l’idée centrale et fondamentale de sa philosophie : « Vocation ; vocation inexorable ; vocation vitale ; destin ([employé dans le sens] non de ce qui doit se passer et se passe, mais de ce qui devrait se passer et souvent ne se passe pas) ; destin intime ; destin exclusif ; plan vital ; programme vital ; programme d’existence ; projet vital ; projet d’existence ; projet d’être ; vie-projet ; mission […] ».

À la lecture de cette liste, comme de tout ce qu’Ortega a écrit sur ce thème, il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec les idées d’un philosophe dont le nom n’a curieusement été que rarement associé au sien (essentiellement par Alfred Stern et à sa suite John Graham), celui de Jean-Paul Sartre. « La thèse fondamentale d’Ortega », rappelle Mosterín, « est que chaque vie humaine est caractérisée par une vocation déterminée de manière univoque, indépendante de la volonté [de la personne concernée] et de ses capacités ». On est vraiment très près, ici, du concept de « projet existentiel » au cœur de l’anthropologie philosophique du Sartre d’avant la rencontre avec le marxisme, et au centre des études biographiques qu’il a consacrées à Baudelaire, Genet et Flaubert.

Comme Sartre, rempli de lui-même

Les points communs ne s’arrêtent pas là. Comme chez le premier Sartre, les concepts d’«authenticité » et de « vie authentique » jouent un rôle important dans la pensée d’Ortega. Et entre la « situation » du premier et les « circonstances » du second, la différence n’est pratiquement que de mot. Si manifestes qu’elles soient, ces ressemblances ne témoignent nullement d’une influence directe dans un sens ou un autre. Les idées d’Ortega étaient formées plusieurs années avant que Sartre n’énonce les siennes, et rien n’indique que Sartre ait été significativement influencé par le philosophe espagnol, qu’irritait d’ailleurs de manière générale l’ignorance de son œuvre par les existentialistes français.

51Jyu7IgSEL.jpgLe parallèle pourrait être poussé plus loin encore, jusqu’à inclure un trait psychologique particulier des deux hommes, leur attitude face aux penseurs et aux artistes dont ils traitaient. Ortega analysait la vie de Goethe, Velasquez ou Goya à la lumière de leur « vocation fondamentale » exactement comme Sartre lisait celle des écrivains dont il parlait en référence à leur « projet existentiel ». Mais l’un et l’autre tendaient de surcroît à se projeter dans la vie et la personnalité des créateurs sur qui ils écrivaient, d’une façon qui conférait aux portraits qu’ils livraient d’eux le caractère d’autoportraits implicites et déformés. Comme Sartre, Ortega était rempli de lui-même, même si c’est d’une manière très différente, la forme particulière d’orgueil de Sartre lui interdisant cette vantardise dans laquelle le philosophe espagnol tombait volontiers. Mais, comme lui, il a réussi à faire de cette caractéristique psychologique une force, en développant une vision de la vie qui, tout en nous parlant ostensiblement de lui-même, possède à l’évidence une portée universelle.

Ortega était conscient de la valeur de ses idées, et s’il a pu éprouver un sentiment d’échec et de frustration au plan philosophique, ce n’est pas de n’être pas parvenu à en formuler qui fussent fortes. C’est de ne pas avoir réussi à les présenter sous une forme systématique. « Nous avons la chance », faisait remarquer l’écrivain mexicain Octavio Paz, « qu’Ortega n’ait jamais cédé à la tentation du traité ou de la somme ». Cette affirmation est à la fois exacte et inexacte. Elle est exacte en ce sens qu’il est heureux que les idées d’Ortega nous aient été transmises sous une autre forme, dans laquelle il excellait. Mais il est faux qu’il n’ait jamais tenté de leur conférer une forme plus systématique. Il s’y est au contraire longtemps évertué, mais sans succès. Comme tous les autres biographes d’Ortega, Jordi Gracia évoque le triste feuilleton de deux projets de livres, indéfiniment reportés, dans lesquels Ortega aurait voulu respectivement condenser ses idées sociologiques et sa philosophie de la raison vitale et de la raison historique. Ils ne verront jamais le jour, en tous cas pas de son vivant (le premier, L’homme et les gens, sera publié à titre posthume), parce qu’Ortega, pourtant un travailleur acharné, n’avait pas le type de caractère nécessaire pour mener à bien ce type d’entreprise.

Essais, articles et conférences

« La première chose à dire au sujet de mes livres », reconnaissait-il d’ailleurs volontiers, « est que ce ne sont pas à proprement parler des livres ». De fait, dans les dix mille pages de ses œuvres complètes, on ne peut identifier qu’un seul livre originellement conçu et voulu comme tel, le premier qu’il ait publié, lesMeditaciones del Quijote, qu’on pourrait d’ailleurs en réalité considérer comme l’assemblage de deux textes indépendants. Tous ses autres ouvrages sont des collections réalisées après coup d’articles de journaux ou de revues, de textes de conférences ou de divers essais de circonstances sur un même thème, assortis le cas échéant de textes d’introduction, de préfaces et de postfaces écrits pour les besoins de la cause. C’est notamment le cas de La Révolte des masses, dont, dans l’édition sous lequel nous le connaissons, le corps du texte, directement dérivé d’articles parus dans la presse, est flanqué d’un « Prologue pour les Français » et d’un « Épilogue pour les Anglais » rédigés respectivement huit et neuf ans plus tard à l’occasion de la publication de traductions de l’ouvrage, dans lesquels Ortega introduit un certain nombre de précisions, de nuances et d’idées nouvelles.

oygquikote.jpgSi Ortega a choisi de s’exprimer presque exclusivement de la sorte, c’est certainement pour pouvoir toucher un large public, en conformité avec ce qu’il voyait comme son rôle d’éducateur de l’élite. Mais c’est aussi pour des raisons liées à son caractère et sa personnalité, justement soulignées par son disciple Julian Marias : « Écrire un livre requiert un tempérament bien plus ascétique que celui d’Ortega. […] Le caractère voluptueux des sujets [qu’il traitait], qu’Ortega ressentait intensément d’une manière qui faisait de lui non seulement un intellectuel, mais un écrivain au sens plein du terme, le distrayait très fréquemment et l’entraînait vers des questions secondaires et, surtout, vers de nouveaux sujets […]».

Le nombre très important de textes de conférences dans son œuvre illustre de surcroît ce fait qu’Ortega était avant tout un homme de la parole prononcée plutôt qu’écrite. « Ortega aimait parler, bavarder, converser. Probablement plus qu’écrire » rappelle José Lasaga Medina dans le très utile petit livre qu’il lui a consacré. Dénonçant la « tristesse spectrale de la parole écrite », il trouvait l’expression orale mieux accordée à la fluidité de la pensée, comme à la mobilité foncière de l’objet de la philosophie, la vie humaine. Comme souvent avec lui, cette justification théorique était aussi le reflet de dispositions et de préférences personnelles : au témoignage unanime de ceux qui ont eu l’occasion de l’écouter, Ortega était un orateur et un débatteur exceptionnellement brillant au magnétisme puissant, dont les conférences et les interventions lors des innombrables « tertulias » (réunions intellectuelles) qu’il a animées au cours de sa vie laissaient ses auditeurs et interlocuteurs remplis d’admiration. C’est avec raison que Mario Vargas Llosa fait de ce point de vue le rapprochement avec Isaiah Berlin, auquel Ortega fait songer non seulement par sa conception essentiellement philosophique, politique et éthique (plutôt qu’économique) du libéralisme, mais aussi par des caractéristiques comme son incapacité à mener à bien des projets de livres annoncés de longue date, sa franche prédilection pour l’expression orale et le brio de ses exposés improvisés ou formels.

Canotier et voitures décapotables

Au plan personnel, enfin, la vie de José Ortega y Gasset peut-elle être considérée comme une réussite ? En dépit de son admiration palpable pour l’homme, Jordi Gracia ne cherche nullement à dissimuler les défauts, les faiblesses de caractère et les traits psychologiques les moins plaisants d’Ortega, souvent relevés avec amusement, indulgence, affliction, sévérité ou cruauté selon les cas par ses contemporains et plusieurs de ses biographes, de moins en moins réservés à ce sujet à mesure que le temps passe. Déterminé, sous l’emprise de ses préjugés idéologiques à son égard, à proposer d’Ortega un portrait à charge au plan humain également, Gregorio Morán, par exemple, multiplie les anecdotes qui ne montrent guère le philosophe à son avantage. Son parti pris est évident. Mais sous une forme atténuée, on retrouve sous la plume d’autres commentateurs un certain nombre de ses observations indignées ou sarcastiques sur ses traits de personnalité les moins flatteurs.

cochenueva.jpgAu titre de ceux-ci, l’écrivain Javier Cercas énumère ainsi « [la] pédanterie d’Ortega, son snobisme, sa tendance aux jugements arbitraires, son nationalisme mal dissimulé, son autoritarisme de salon [et] son goût pour les gens prétentieux », caractéristiques dont Jordi Gracia, tout en soulignant à l’envi ses qualités (sa générosité intellectuelle, son courage dans l’adversité, son tempérament combatif et passionné), ne tente pas de faire davantage mystère que des traits physiques et de comportement qui leur sont liés et sont autant de composantes de l’image qu’il voulait donner (et que nous avons) de lui : l’élégance vestimentaire extrême, le canotier et les voitures décapotables décapotées même en hiver, habitude dont la combinaison avec l’assuétude à la cigarette, a-t-on dit, a pu contribuer aux problèmes respiratoires dont il a souffert durant toute sa vie.

Un des aspects les plus embarrassants de la personnalité d’Ortega est son attitude à l’égard des femmes et sa vision du monde féminin. Au moins aussi fasciné par la figure de Don Juan que son ami Marañón, qui lui a consacré un livre, Ortega, qui adorait plaire et séduire en général, aimait tout particulièrement plaire aux femmes et les séduire par son verbe éclatant. Appréciant et recherchant la société des femmes, qu’il affirmait préférer à celle des hommes, il éprouvait un vif plaisir à s’entourer de femmes belles, riches et intelligentes. C’était le cas de deux des trois femmes dont, selon Jordi Gracia, il fût le plus éperdument amoureux au cours de sa vie, la plus fameuse étant l’éditrice et écrivain argentine Victoria Ocampo. En contradiction apparente avec ce goût affiché pour les femmes cultivées, et en dépit du fait que parmi ses plus brillants élèves, collègues et interlocuteurs figuraient des femmes (Maria Zambrano, Rosa Chacel), Ortega défendait toutefois dans ses écrits des opinions sur les femmes, leurs capacités intellectuelles et leur place dans la société qu’on a justement pu qualifier de « préhistoriques », archaïques et particulièrement conservatrices, même pour un homme de sa génération.

À l’instar de Gregorio Marañon, libéral dans beaucoup de domaines mais professant sur ce point des vues terriblement traditionnelles en les appuyant sur la thèse d’un déterminisme hormonal presque absolu de la psychologie masculine et féminine, Ortega, « antiféministe congénital » aux dires de sa fille Soledad, n’envisageait pratiquement pour la femme d’autre fonction dans la société que d’adoucir le caractère belliqueux des hommes et d’offrir à ceux-ci le spectacle de leur beauté et la possibilité de s’élever au-dessus d’eux-mêmes dans l’exaltation de la passion amoureuse.

Solitude radicale

L’excellente opinion qu’Ortega avait et exprimait de lui-même et cette volonté de singularité si prononcée qu’elle le poussait à refuser l’idée d’avoir des disciples, ont à l’évidence profondément affecté ses relations avec son entourage. Jordi Gracia attire l’attention sur ce fait remarquable que dans la totalité de ses lettres avec presque tous ses correspondants Ortega emploie le vouvoiement : « En dehors des membres de sa famille, la seule personne qu’il tutoie est Victoria Ocampo, et ceci sans doute à l’initiative de cette dernière. Cette incapacité à moduler les relations personnelles, à descendre de son piédestal, est significative. » La solitude radicale dont parlait Ortega, conclut Gracia, n’était pas seulement métaphysique, elle avait aussi un caractère personnel.

« Quand je mourrai », écrivait José Ortega y Gasset à l’âge de vingt-et-un ans, « j’espère que ma vie aura laissé un sillon profond et fécond dans l’histoire de l’Espagne ». Lorsqu’un cancer des voies digestives l’emporta en 1955, à l’âge de soixante-douze ans, pouvait-il avoir le sentiment d’avoir réalisé cette ambition de jeunesse ? À la question « Ortega y Gasset est-il le plus grand philosophe contemporain de langue espagnole ? », Gracia répond par cette autre question, rhétorique : « En existe-t-il un autre ? ». L’absence de réelle concurrence a certainement contribué à la stature acquise par la figure d’Ortega en Espagne. Elle n’explique cependant pas à elle seule qu’il soit presque impossible pour un intellectuel de langue espagnole aujourd’hui d’ignorer Ortega : la vigueur de sa pensée et la qualité littéraire de ses écrits y sont tout de même pour beaucoup.

D’un autre côté, d’être espagnol ne l’a pas toujours servi. S’il avait été français ou anglais, faisait observer Mario Vargas Llosa (mais il n’est pas le seul à s’être exprimé de la sorte), il serait aujourd’hui aussi célèbre que Jean-Paul Sartre ou Bertrand Russel. Il y a du vrai dans cette affirmation, dont il ne faudrait cependant pas conclure que l’œuvre d’Ortega est ignorée en dehors de l’Espagne et, plus généralement, du monde hispanophone. En Allemagne, par exemple, elle fait l’objet d’une grande attention, tout comme aux États-Unis – il n’est pas fortuit que deux des meilleurs ouvrages existant sur Ortega, sa biographie par Rockwell Gray et la discussion de ses idées philosophiques et de leur origine par John Graham, soient dus à des auteurs américains. C’est moins le cas, il est vrai, en Grande-Bretagne, et encore moins en France, où l’œuvre d’Ortega à quelques exceptions près (par exemple Alain Guy, Paul Aubert et Eve Giustiniani pour l’époque récente), n’a guère bénéficié de l’intérêt qu’elle mérite.

978841740820.JPGUne pépinière d’idées

Dans son propre pays, la personne et l’œuvre de Ortega y Gasset, après avoir dominé la vie intellectuelle, ont successivement connu les deux types de périodes de purgatoire qu’un penseur ou un écrivain peut traverser : une  première de son vivant, durant les vingt dernières années de sa vie au cours desquelles sa position ambigüe à l’égard du régime franquiste l’a contraint à mener une vie publique largement exempte de reconnaissance et d’honneurs officiels, sans pour autant bénéficier de l’aura attachée à l’opposition franche à la dictature ; la seconde posthume, au cours des premières décennies qui ont suivi sa mort, en conséquence du désintéressement du monde intellectuel espagnol, tout occupé à découvrir, avec le retour de la démocratie, d’autres horizons que celui de la pensée nationale, pour un auteur trop rapidement perçu comme dépassé. Aujourd’hui, grâce notamment au travail d’archives et d’édition réalisé par la Fondation José Ortega y Gasset dirigée par la fille du philosophe (aujourd’hui Fundación José Ortega y Gasset – Gregorio Marañón), une nouvelle génération d’historiens et de critiques est en train de redécouvrir Ortega, en qui il est presque commun à présent de voir, pour employer l’expression de Jordi Gracia, « un penseur pour le XXIe siècle ».

Après avoir souffert l’indignité de l’oubli, Ortega mérite-t-il ce que certains pourraient appeler un excès d’honneur ? José Ortega y Gasset a énormément écrit et s’intéressait à une étonnante variété de sujets : « Anatomie d’une âme dispersée », cette expression utilisée dans le titre d’un de ses articles de jeunesse consacré à Pío Barojà, fait remarquer Gracia, pourrait tout aussi bien lui être appliquée. Son œuvre abondante et peu structurée est de qualité inégale. Si brillants que soient certains des essais qu’il a rédigés durant ses dernières années (par exemple ses réflexions sur Leibniz et ses portraits de Velasquez et Goya), il est généralement reconnu que c’est dans la première partie de sa vie que se concentre le meilleur de son œuvre. Ortega est par ailleurs resté aveugle ou insensible à beaucoup de choses. Convaincu de la supériorité de la pensée allemande, il a presque totalement ignoré la philosophie analytique anglo-saxonne contemporaine. Et s’il admirait Proust, ses vues sur l’art et la littérature modernes étaient souvent sommaires et dédaigneuses.

Dans l’ensemble, cependant, Ortega est un penseur robuste, puissant et original. Dans son désordre apparent, son œuvre, pour reprendre la jolie métaphore de Fernando Savater à son sujet, est une véritable « pépinière d’idées ». Il n’est guère de page de ses écrits qui ne contienne deux ou trois réflexions stimulantes et autant de formulations heureuses et mémorables. En dépit des facilités d’écriture qu’il s’accordait par intermittence avec indulgence, ces expressions hyperboliques et ces phrases trop somptueusement fleuries que l’écrivain catalan Josep Pla appelait des « orchidées verbales » et le critique Rafael Sánchez Ferlosio des « ortegajos », Ortega était un écrivain de grand talent et un remarquable styliste s’exprimant dans une langue à la fois élégante et précise, musclée, rythmée, expressive et imagée.

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Les obsèques de José Ortega y Gasset (1955).

Quoi qu’il en soit des mérites de son œuvre (et ils sont hors de doute), on ne peut en tout cas qu’être frappé par le degré auquel la vie d’Ortega y Gasset vérifie ses idées sur la vie. Est-ce parce qu’il vivait en conformité avec sa conception de l’existence humaine, objet central de ses réflexions et, à son opinion, de la philosophie ? Parce que ses idées et sa philosophie sont largement le produit et le reflet de sa vie et de la manière dont il l’a vécue ? Ou parce que ces idées sont justes et capturent une caractéristique essentielle de toute vie ? Un peu de ces trois choses à la fois, sans doute, raison pour laquelle, de tous les philosophes, Ortega y Gasset est sans doute un de ceux dont on peut le moins ignorer la vie, dont il était par conséquent le plus nécessaire et utile d’écrire, une nouvelle fois, la biographie.

Michel André